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SYNOPSIS : Alex Cross est un père de famille aimant mais désespéré depuis le meurtre de sa femme. Il devient obsédé par retrouver les tueurs.
On a d’abord rencontré Alex Cross sur papier, à travers la saga de James Patterson initiée en 1993 avec Le Masque de l’Araignée. Puis, Morgan Freeman et Tyler Perry se sont relayés au grand écran pour donner vie au détective, dans Le Collectionneur et Le Masque de l’Araignée pour le premier, et dans Alex Cross pour le second en 2012. Entre temps, pas moins de 29 romans ont vu le jour sous la plume de Patterson, enchaînant les intrigues survoltées et les tueurs en série sadiques dans sa mythologie policière qui n’attendait alors qu’une transposition sur petit écran. C’est par le biais de Prime Vidéo, sous l’impulsion du scénariste et showrunner Ben Watkins, qu’Alex Cross se pare de sa première série télévisée, sobrement titrée Cross, transposant le détective à notre époque pour en livrer une toute nouvelle interprétation saisissante. Cross raccroche avec les origines papier de son héros : Alex, flic spécialisé en psychologie criminelle, vit paisiblement avec sa femme Maria et leurs deux enfants Damon et Jannelle, lorsqu’un jour Maria est assassinée dans de mystérieuses circonstances… L’enquête la plus personnelle de sa carrière, Alex n’a jamais réussi à la résoudre, et ça le hante profondément – impactant à la fois sa vie de famille, sa relation avec son meilleur ami et collègue John Sampson et ses devoirs professionnels. Car Cross possède un talent exceptionnel pour rentrer dans la tête de ses suspects, utilisant ses capacités en étude psychologique pour attraper les criminels les plus incontrôlables. Un jour, Emir Goodspeed, un militant noir très apprécié par sa communauté, est retrouvé mort dans d’étranges circonstances. La police conclut vite à un suicide, mais Cross remarque que de nombreux éléments clochent. Il se met alors, envers et contre tous, à suivre la piste d’un tueur en série agissant en pleine lumière mais que pourtant personne ne semble regarder…

Par son modèle de série polar embarquant un flic aux capacités cognitives hors paires dans une valse spectaculaire à base de retournements de cerveau et de coups de théâtres calculateurs avec les criminels qu’il poursuit dans relâche, Cross prend le parti de raconter ce jeu du chat et de la souris sur toute la durée de ses 8 premiers épisodes. A l’inverse de ses semblables qui opteraient pour une structure « 1 épisode, 1 enquête« , Ben Watkins propose de tenir un rythme très soutenu étalé le long de son dense 8×52 minutes, générant autant de géniaux plots twists habilement amenés que de longueurs obligatoires gages d’une exécution parfois maladroite dans son squelette narratif. Mais Cross, malgré quelques défauts habituels que l’on pardonnera aisément pour une introduction, se révèle être une belle révélation, savoureusement goupillée et toujours plaisante, jouant avec son contexte moderne et ses sujets sociaux d’actualité pour raconter le flic de Patterson. Cross opère alors dans un monde post-George Floyd, questionnant la place de la communauté noire dans la société américaine et le rapport à la violence raciste du système policier. Alex est un flic noir, amenant une suite imposante de réflexions indispensables pour son sujet, réussissant souvent son parcours d’équilibriste en ne manquant pourtant pas de rester parfois en surface de quelques questions ardentes qu’il est difficile d’éviter.

Mais, par l’équilibre de ton intelligent de sa mise en scène, par la soundtrack bouillante concoctée par la série et par l’excellent casting réuni pour l’occasion, Cross persiste et signe à être une proposition délicieuse et intrigante comme on ne l’espérait presque pas. En tête d’affiche, le charisme dur comme fer d’Aldis Hodge donne à la série toute sa fougue et son excellent côté pince-sans-rire, son Alex Cross jouant l’archétype du flic bâti comme une armoire et hanté par la mort de sa femme pour mieux le retourner en révélant ses failles, ses excès de colère, sa tendance à l’insubordination, la douleur de son deuil et le refoulement constant de ses émotions. Ses meilleures scènes se trouvent aux moments où Cross laisse tomber le masque, offrant des séquences dialoguées brillantes avec ses enfants ou avec sa nouvelle compagne Elle (excellente Samantha Walkes). On notera aussi les savoureuses présences d’Isaiah Mustafa, Alona Tal, Eloise Mumford et Johnny Ray Gill, aux quatre coins de l’échiquier lors de cette saison, sans oublier le spectaculaire Ryan Eggold dans la peau du golden boy Ed Ramsey qui survole ses scènes grâce au contrôle total qu’il porte sur ses lignes de dialogue et sur les fractures profondes de son personnage profondément immoral.

Une bien belle surprise que cette revisite de Cross façon polar télé, offrant une enquête haletante et riche en grands plots twists, volontairement armée pour faire plaisir aux fans de récits de tueur en série et de grand spectacle policier. Si cette facette spectaculaire amène souvent des soucis narratifs ou des raccourcis scénaristiques un peu pesants, l’on se prend tout de même aisément au jeu psychologique de Cross et de son tueur, dessinant une mythologie intelligente enrobée d’une belle dose de drame social et de thriller politique. Un bon cocktail pour les amateurs de polars enflammés, et tant mieux, parce qu’une saison 2 est normalement déjà commandée…
Crédits : Prime Video
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































