Critiques Cinéma

GLADIATOR II (Critique)

SYNOPSIS : Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.

Il aura voyagé partout à travers l’Empire Romain, ce projet de suite au Gladiator de Ridley Scott. Après le succès du premier en 2000, divers scénarii se sont présentés aux studios et au réalisateur, mais aucun n’est parvenu à trouver la route qui mène aux grands écrans (et pourtant, Dieu sait que certains scripts ont bien essayé…). C’est pourtant la direction inattendue qu’a décidé de prendre Scott, désormais âgé de 86 ans, pour son nouveau film, un an après son Napoléon. Retour dans l’arène pour Maximus (enfin, façon de parler…), une nouvelle troupe de comédiens venant prendre la suite des partitions mythiques de Russell Crowe et Joaquin Phoenix, pas loin de 25 ans plus tard. Gladiator II prend place 18 ans après la fin de l’original et les morts de Maximus et de l’Empereur Commode. Rome est en train de tomber, son trône donné aux plus offrants et appartenant désormais aux jeunes et tyranniques frères jumeaux Geta et Caracella. Quelque part en Numidie, un certain Hanno est défait lors d’une conquête du Général Acacius, avant d’être capturé et acheté en qualité de gladiateur par Macrinus. Lors de ses combats dans l’arène, Hanno révèle à la fois une qualité physique et stratégique hors du commun, une envie démesurée de se venger d’Acacius ainsi qu’un mystérieux lien caché avec l’Impératrice Lucilla

C’est dans le talent de Paul Mescal que Ridley Scott trouve le point de départ de ce second volet de Gladiator, une pièce que l’on conviendra volontiers « pas vraiment nécessaire », trouvant chez le jeune acteur (prodigieux dans Normal People et Aftersun) un successeur au Maximus de Russell Crowe, resté au panthéon des héros tragiques de ce début de millénaire après son trépas en fin de film. Si le comédien s’est fait remarquer par son sens affuté du réel et sa palette d’émotions particulièrement puissantes au sein du jeune cinéma d’auteur contemporain, Scott lui donne la lourde tâche d’enfiler l’armure et de porter le glaive pour devenir le musculeux protagoniste d’un récit démesurément épique ponctué de grosses bagarres et de coups fatals à en assommer un rhinocéros. Mescal prouve ici son talent hors normes, tenant l’héritage de Maximus sans jamais avoir vocation de le remplacer ou d’être à son niveau de symbolisme. Mais Mescal peut largement compter sur les comédiens avec qui il partage l’affiche, notamment un extraordinaire Denzel Washington, vrai MVP du film, volant comme à son habitude chacune de ses scènes pour nourrir son fantastiquement calculateur Macrinus. On retrouve également l’excellente Connie Nielsen, d’ailleurs la seule du casting d’origine à réenfiler son costume pour ce deuxième opus. Pedro Pascal complète le quatuor de tête dans la peau d’Acacius, chef de guerre particulièrement nuancé dans une intrigue qui joue avec les attentes de son public. On notera également les partitions de Joseph Quinn et Fred Hechinger, campant les deux empereurs imprévisibles et tyranniques qui occupent le trône laissé vacant par Joaquin Phoenix. Les deux comédiens offrent des antagonistes génialement délurés, qui auraient gagnés à être plus exploités, mais habitant suffisamment l’écran par leur air suffisant et leur hédonisme méprisant pour ancrer la décadence d’une Rome qui prend l’eau de toute part.

Dans sa promesse sensible de proposer une suite à son monument Gladiator, Ridley Scott décide d’offrir une nouvelle pièce à sa filmographie, rejouant certains éléments distinctifs du premier volet pour les remasteriser dans une nouvelle quête épique forte en symbole et en envie de regarder vers l’avenir. Maximus est mort, on n’y fera rien, Gladiator II vient raconter comment l’espoir doit subsister et comment les sacrifices ne doivent pas être oubliés. En évoquant le film original pour contextualiser son récit et remettre en perspective son protagoniste, Scott et son scénariste David Scarpa réussissent habilement à marcher sur un fil, ne faisant jamais sentir ni le ploiement vers le fan service gratuit ni la trahison pure et simple de son aîné. Ce second Gladiator est une proposition, certes pas nécessaire, mais profondément passionnée par son sujet, par l’aura de ses personnages, par la force de ses grosses scènes d’action et par une énergie dramatique de chaque instant.

Si quelques effets spéciaux portent le marqueur de certains échecs dans sa production (notamment une paire d’animaux en CGI), Gladiator II s’avère in fine être un intense plaisir cinéphile et populaire, une odyssée simple et démente, proposant un divertissement spectaculaire inattendu blindé de costumes sublimes et de décors très riches. Derrière la performance game-changer de Mescal, la masterclass de Washington et le sens de l’épique qui joue à dépasser l’échelle de l’original en augmentant l’aspect politique du récit, Ridley Scott retrouve ses grandes heures, en sachant pertinemment qu’il ne pourra pas outrepasser l’original ni le rendre désuet, mais en cherchant de manière limpide à retrouver dans la terre battue du Colisée un terrain connu qu’il a vraisemblablement eu à cœur d’explorer à nouveau. L’émotion pique alors à la fermeture du film, rejouant inévitablement le thème musical de Hans Zimmer, pour accompagner à son tour la génération future qui a tout intérêt à garder espoir en un avenir plus paisible. Gladiator II comme passage de relai obligatoire, Ridley Scott signe peut-être là un excellent moyen de clôturer un pan tout entier de sa carrière.

Titre Original: GLADIATOR II

Réalisé par: Ridley Scott

Casting : Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen…

Genre: Action, Drame, Peplum

Sortie le: 13 novembre 2024

Distribué par: Paramount Pictures France

EXCELLENT

 

 

 

 

 

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