Critiques Cinéma

TERRIFIER 2 (Critique)

SYNOPSIS : Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

La sortie du troisième volet de Terrifier étant toute fraiche, revenons sur le film qui a amorcé un virage à 180 degrés permettant ainsi à la franchise de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Et pourtant ce n’était pas gagné. Après un premier opus qui nous avait laissé dubitatifs, mais bien décidés face aux éloges entendus ici et là à laisser une chance à la franchise Terrifier, nous avons persévéré jusqu’à comprendre ce que la bête avait sous le capot, bien au-delà de l’aspect purement sanglant et racoleur. Terrifier a bien quelque chose à raconter et le précédent film ne le laissait pourtant pas facilement entrevoir. Ce Terrifier 2 débute là où s’est arrêté son prédécesseur : à la morgue avec un Art le Clown (génial David Howard Thornton) qui est lui tout sauf mort. Après avoir fait le ménage d’une façon qui le caractérise, c’est à dire opposée à la sobriété, Art part au lavomatic nettoyer ses frusques tâchées de sang. Un joli prétexte pour massacrer le seul péquin qui y est posé, rendre Art encore plus mystérieux quant à son bon sens pratique et découvrir une jeune fille démoniaque qu’il semble être le seul à voir. En parallèle nous faisons la connaissance de nouveaux petits humains, destinés nous l’imaginons à ce moment-là à être la banale chair à canon du film en cours. Comme en témoigne sa durée (2h18, soit une heure de plus que le premier volet), Terrifier va prendre le temps. De tuer, ça on avait l’habitude, mais surtout de raconter une histoire, et ça on avait moins été accoutumés. C’est par ce premier biais que le film étonne mais aussi par sa technique. Les effets gores sont toujours aussi réussis et poussés à leur paroxysme mais surtout le film est aéré, les décors ne sont plus aussi ternes, redondants et désespérants que dans la petite graine qui a planté la franchise…à tel point qu’avec le recul ce deuxième volet fait perdre encore davantage de personnalité au premier Terrifier qui n’en avait, il faut le dire, pas spécialement en dehors de l’aspect gore et surtout de son malade, dérangé et impitoyable Art.


Mais au fond ce qu’on commence à comprendre avec certitude dans cette suite c’est qu’Art n’est pas un banal clown fou avec des pouvoirs de résurrection, Art est plus que ça, il est même probablement viscéralement le mal incarné. La façon dont vrille sa victime survivante du premier film, au-delà des séquelles physiques qu’il lui a laissées, va d’ailleurs en ce sens : Art n’a rien de naturel, rien n’a vocation à survivre à son contact et si par extraordinaire cela s’avérait être le cas, plus rien ne serait normal par la suite pour cette pauvre chose. Et pourtant, dans toute règle il y a des exceptions et l’introduction de Sienna (Lauren LaVera) et de son petit frère Jonathan (Elliot Fullam) va rebattre les cartes. Parce que Terrifier 2 n’est pas venu les mains vides, il est venu à la fois avec une histoire et un début de mythologie. Nous sommes joie. Dans les rues sordides où rien ni personne ne semble pouvoir stopper cette figure du mal, voilà qu’une héroïne providentielle débarque, presque comme si elle émanait d’une prophétie.

C’est lors de cette grande introduction que le film va s’attarder sur sa personnalité (pas forcément très caractérisée au-delà du fait qu’elle est une cosplayeuse très douée…), sa force mais aussi d’une certaine façon ses pouvoirs, tout en la confrontant aux morts incessantes de ses ami(e)s. Art n’est pas là pour faire dans la dentelle et plus la personne semble innocente, plus elle prendra très certainement tarif. L’une des nombreuses personnes de l’entourage de Sienna à finir en morceaux, fera particulièrement cette douloureuse expérience lors d’un massacre à domicile sans limite qui s’étend sur la durée, Terrifier ayant une véritable appétence quant à l’idée de nous montrer des gens en lambeaux toujours vivants et conscients de leur condition de simulacre de vie. Toujours plus violent, Terrifier 2 est ainsi bien plus malin que ne le laissait supposer le potentiel de la franchise en 2016. On arrive enfin à « apprécier » la présence d’Art au-delà de son apparence stylisée, il arrive même parfois à nous amuser, sans que l’on ne ressente le profond malaise ou le côté parfois un peu gênant que le rythme bâtard et le manque de consistance du premier film pouvaient faire ressentir. Art est ce qu’il est, le film aussi, mais ils sont en train de poser les bases d’un cocktail consistant qui commence à prendre.


Créatif Damien Leone l’est lorsqu’il s’agit d’imaginer des tortures et massacres mais il démontre lors de cet opus que son pouvoir imaginaire ne se limite pas à cela. Depuis la sortie de son premier Terrifier, tout semble avoir muri, jusqu’à certainement prendre conscience que mettre en scène son fameux Art le Clown n’était pas une fin en soi. Art a besoin d’une histoire, d’un contexte, et surtout d’adversaires. Pour amener de la morale au sein d’une œuvre d’apparence malade, dérangée et immorale qui ne raconte de surcroit rien, pour quelque part racheter son âme et légitimer son droit d’exister. Terrifier 2 en ressort plus dense, plus grand, plus fort, jusqu’à sa longue et haletante confrontation finale. Certains le trouveront long et peuplé de longueurs, nous nous trouvons que c’est ce qui le transporte, indépendamment de la qualité et réussite des moments d’histoire, dans une autre sphère, celle des œuvres qui ont quelque chose à raconter et qui essaient de se surpasser. Il nous balade jusque dans la fameuse tanière Terrifier d’Art, achevant d’étendre sa capacité à contextualiser davantage son Clown dégénéré.


Terrifier 2 est une surprise tout à fait extravagante mais bien plus saine malgré sa violence que son premier opus malade qui n’avait aucune feuille de route. On se surprend à être happés par l’histoire, à se laisser embarquer, à s’amuser d’Art et surtout à tenter de comprendre d’où il vient et comment il pourra être anéanti ou renvoyé d’où il a déboulé. Cette franchise a le potentiel qu’on ne lui supposait pas, et comme le disait un autre vieil ennemi (qui lui savait parler) « Quant à toi, jeune Skywalker, nous suivrons ta carrière avec le plus grand intérêt « . Nous suivrons celle de Terrifier de la même façon et ce malgré la scène bancale, sulfureuse et un peu trop gratuite qui fait office de scène post-générique. La qualité du troisième opus sorti en ce mois d’octobre nous aura donné raison.

Titre Original: TERRIFIER 2

Réalisé par: Damien Leone

Casting: Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jenna Kanell…

Genre: Epouvante-Horreur

Sortie le: 11 janvier 2023

Distribué par: ESC Films

BIEN

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