Critiques Cinéma

LE ROBOT SAUVAGE (Critique)

SYNOPSIS : Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.

Il est un peu triste de constater que dans l’animation également, il devient aujourd’hui de plus en plus rare de voir arriver une création originale des studios majeurs sur les écrans de cinéma. Alors que Pixar et Disney repensent leurs stratégies en misant sur les sequels et les remakes, Dreamworks avait jusque-là réussit à éviter les suites de trop et les continuations maladroites de franchises (même si l’on voit venir l’approche commerciale avec les deux derniers volets en date de Kung Fu Panda, qui tiennent plus de la paresse marketing que de l’envie de travailler leur saga). Le meilleur exemple dans l’écurie reste sans aucun doute la trilogie Dragons, ayant eu l’extrême intelligence de terminer sa franchise à la clôture de son troisième opus afin de laisser tranquille les storylines de nos chers Harold, Astrid et Krokmou pour de bon (Ah, on nous dit dans l’oreillette qu’un remake live est en production…). A la mise en scène du premier épisode fondateur de la franchise, on y retrouve Dean DeBlois (seul à la barre pour le 2ème et le 3ème épisode) et un certain Chris Sanders (qui s’extirpera de l’animation pour mettre en scène L’Appel de la Forêt en 2020, après avoir co-réalisé Lilo&Stitch et Les Croods auparavant). Pour mettre en boîte le nouveau long-métrage « original » de Dreamworks, adapté du roman de Peter Brown, c’est Sanders qui reprend du service – cette fois en solo. Et le résultat est un beau miracle qui ressemble à s’y méprendre à un rare alignement des planètes qu’il serait criminel de louper.



Le Robot Sauvage est un conte d’apprentissage suivant un Robot issu d’une toute nouvelle technologie avancée, programmé pour assister les humains dans leurs moindres demandes. « Roz » se retrouve en terre inconnue lorsqu’une tempête la fait se crasher sur une île reculée peuplée d’animaux en tout genre. Roz se met à la recherche d’un humain qui pourra lui donner la tâche qu’elle est programmée pour accomplir, mais ne trouvera rien d’autre qu’une pléiade d’animaux sauvages n’hésitant pas à la désosser pièce par pièce pour défendre leur territoire. Désemparée, Roz tombe un jour sur un renard malicieux (Escobar en VF, pour une raison qui nous échappe un peu) qui lui inspire une tâche parfaitement inattendue pour un robot…



Le film de Chris Sanders repose d’abord sur le contraste de son concept, tout droit tiré des idées en pagaille du roman original de Peter Brown. Le Robot Sauvage joue entre la nouvelle technologie ultra-invasive programmée pour être parfaite et l’aspect insaisissable de la nature. De ce constat qui éclate dès les premières minutes du film, grâce à une longue séquence d’ouverture quasiment muette, dévoilant les dessins absolument sublimes de l’équipe d’animation (raccrochant le film à un désir de rendre son esthétique palpable en le peignant comme un tableau à l’aquarelle), Le Robot Sauvage laisse alors la part belle à ses personnages principaux, révélant petit à petit le cœur du film derrière son concept assumé. D’abord, il y a Roz (la formidable Lupita Nyong’o en VO), ce robot suivant ses lignes de codes avec grande attention avant de comprendre qu’elle va devoir évoluer par elle-même si elle veut survivre dans ce monde hostile qui se pose devant elle. Puis, il y a Escobar (Pedro Pascal), ce renard désespérément solitaire, recherchant sans le savoir le confort et la chaleur d’une famille de fortune, alors que tout le monde le prend pour un menteur invétéré – ce qui n’est pas vraiment faux. Et enfin, fermant ce trio de tête, il y a Joli-Bec (Kit Connor, actuellement de retour sur Netflix dans la saison 3 de la brillante Heartstopper que l’on recommande chaudement à cette période de l’année où la température commence à baisser), ce petit oison au grand cœur que l’on voit grandir dans un monde qui accepte mal sa différence. Le Robot Sauvage explore alors tout un tas de sujets avec une précision chirurgicale, et l’on n’en attendait pas moins de l’une des deux têtes ayant apporté les émotions dévastatrices de Dragons sur grand écran. Avec son nouveau long-métrage, Sanders apporte un nouveau mètre-étalon de l’alerte lacrymale en animation car, c’est bien simple, cela faisait très longtemps qu’un film n’avait pas autant fait pleurer l’entièreté d’une salle de cinéma de consorts.



Autour des intrigues croisées de Roz, Escobar, Joli-Bec et des autres personnages qu’ils croisent au détour de cette île-forêt construisant un microcosme génialement malin dans lequel les enfants vont pouvoir se plonger avec une grande facilité, Le Robot Sauvage évoque tant de sujets – certains extrêmement accessibles et d’autres beaucoup plus durs – qui tendent à renvoyer le spectateur en enfance immédiatement. Sanders y parle de parentalité, du besoin d’indépendance des enfants, de la difficulté des au revoir et de dire « je t’aime », de la mort et du deuil, de l’importance du vivre-ensemble et de la solidarité. Le Robot Sauvage est un modèle scénaristique quasi irréprochable de la mise en image de l’empathie, sous couvert d’une couche de peinture faisant danser des petits animaux mignons sur cette toile de fond racontant l’obsolescence programmée de l’humanité. Aidé par un casting vocal absurdement bourré de stars (en plus de celles citées plus haut, on pourra aussi reconnaître les voix de Mark Hamill, Bill Nighy, Stephanie Hsu, Catherine O’Hara ou encore Ving Rhames), Chris Sanders fabrique un mini-monde en bouteille absolument sublime, une surprise totale dans son paysage cinématographique un brin monochrome, vibrant par ses couleurs magnifiques et la puissance démesurée de sa mise en scène. Sous son émotion tonitruante et ses personnages plein de vie se trouve un divertissement incroyablement malin, à la lisière de la perfection formelle, montant tout en haut des plus belles propositions filmiques de l’année. Et voilà quelque chose qu’on n’avait certainement pas vu venir, et dans lequel on va se replonger bien vite…

Titre Original: THE WILD ROBOT

Réalisé par: Chris Sanders

Casting : Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Kit Connor …

Genre: Aventure, Animation, Comédie, Famille

Sortie le : 9 octobre 2024

Distribué par: Universal Pictures International France

5 STARS CHEF D'OEUVRECHEF-D’ŒUVRE

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