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Résumé ! Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.
« Empreint d’une fantaisie à la Boris Vian, ce roman confirme l’immense talent de Gilles Marchand » nous dit la librairie Fontaine Villiers de Paris à propos du Soldat désaccordé qui a entre autres obtenu en 2023 le prix des libraires. Ce qui est particulièrement frappant dans l’écriture de Gilles Marchand est la rythmicité qu’il donne aux mots. Rien de surprenant que l’auteur soit aussi musicien. On lit mais aussi on entend son livre. Et si pour la première fois dans son œuvre, les Beatles ne sont pas cités, l’écrivain malicieux nous offrira le personnage de Georges Hérisson !! Dans Le soldat désaccordé, les tranchées sont écrites telles qu’elles ont pu être vécues, sans concession, en tournant les pages, on se prend les déjections de boue, de sang et de larmes. Tout est ainsi dans l’écriture de Gilles Marchand, un sens du récit guidé par une plume d’une intense authenticité. Qu’il s’agisse de la guerre ou de l’amour, c’est du cru, du vif et de l’émotion qui saigne.
Dans sa façon d’aimer, Joplain le poète face à l’apocalypse, autant que Lucie, personnage hautement romanesque connaissent sur un mode encyclopédique toutes les dates et le récital de chaque minute de leur histoire. Où chaque moment fait date, où chaque date fait sens et où chaque sens est une tragédie. Le vrai amour passionnel s’accompagne de la minutie des amants attentionnés. A chacun son 26 Janvier 2023, à chacun sa célébration nationale inoubliable de l’amour fou, à peine naissant et fatalement condamné : « On a tous une histoire d’amour intense, forte, dévorante. Une qui a tout emporté sur son passage et qui ne s’est pas finie, ou qui n’a jamais eu lieu parce qu’elle n’était pas réciproque. Et quand même tout se passe bien, on a encore peur : que l’intensité s’en aille, que la passion se soumette comme un animal sauvage à qui on aurait appris à lever la patte « . Cet amour irrationnel, inconditionnel, celui qui pousse l’écrivain anonyme à dire « Tu es partout, tu es tout le temps, tu es l’air, tu es le vent ». Et qui dans Le soldat désaccordé va pousser Lucie à jouer la fille de la lune, à ramper dans l’horreur de la guerre, à en oublier le sang, les membres décharnés, les obus hurlants, la mort partout partout, à ramper entre les bouts de soldats plus ou moins vivants pour soit reconnaître Joplain et mourir avec lui, ou demander à un autre qui a encore ses yeux entrouverts vous le reconnaissez sur cette photo ?
La folie de l’amour dans cette quête insatiable et universel de l’autre, de celui pour qui elle dépose le destin à ses pieds. Aimer c’est être en vie disait Pascal, dans Le soldat désaccordé, c’est plus que la vie, c’est aller au-delà. A travers cette histoire que vous n’oublierez plus en ayant fermé ce livre pépite, c’est toutes les histoires, humaines, familiales, amoureuses, que la guerre déchire et tue. Celle-là même comme le glisse subtilement l’auteur, décidée par des trouillards qui ne la vivront pas. En ces temps de brulures planétaires décidées par une poignée, qui se sentent légitimes à envoyer la masse à l’abattoir, dans ce moment où les tranchées revivent à quelques kilomètres de Paris, Le soldat désaccordé fait alors œuvre d’universalité. L’art nous permet de rester humain dit l’auteur.
Quand le père de Lucie revient sur les routes empruntées avec sa fille, il dit : « Je suis rentré en reprenant le même chemin avec l’espoir que je retrouverai un peu d’elle. J’ai dormi aux mêmes endroits mais les étoiles étaient moins belles « . C’est au fond ce que semble nous dire Gilles Marchand, qu’il s’agisse de l’irrationalité d’un amour passionnel, de l’inconditionnalité de celui que l’on porte à son enfant : aimez, aimez fort, sans réserve, avec outrance et poésie. Et même le pire de l’atrocité planétaire dont certaines brutes sont capables, n’entraverons pas l’intensité d’un sentiment qui nous élève.
On voulait des lions, on a eu des rats.
On voulait le sable, on a eu la boue.
On voulait le paradis, on a eu l’enfer
On voulait l’amour, on a eu la mort.
Alors, il reste à découvrir l’épilogue de ce qui devient au fil des pages comme un thriller, mais tout à la fois tendre et brut. Ce livre est une lutte, c’est un traité d’amour, d’espoir et de paix, dans des époques où la crasse de la bêtise conduit toujours au pire. Prenez le temps d’ouvrir ce petit trésor qu’est Le soldat désaccordé afin de s’offrir une suspension, un temps qui s’arrête et si profondément délicieux que jamais on ne voudrait qu’il s’arrête.
Catégories :Livres








































































































































