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SYNOPSIS : L’agent de protection Vincent Taleb et l’agent du MI6 Zara Taylor unissent leurs forces pour contrecarrer une attaque visant le ministre de la Défense lors d’une réception à l’ambassade britannique à Paris. Mais très vite, Vincent et Zara réalisent que le plan du terroriste Jacob Pearce est bien plus vaste et vise les plus hautes sphères de l’État. Vincent et Zara pourront-ils empêcher Paris de tomber aux mains de cet homme assoiffé de vengeance ?
A compter de cette semaine le lundi sera un jour récompensé (nous détestons les reprises du lundi) car une surprise nous attend sur Canal+ : une série Paris Has Fallen, dérivée de la franchise « La Chute de » (ou « Has Fallen » dans son titre original) popularisée par l’infatigable Gerard Butler. Pour celles et ceux qui connaitraient déjà la franchise vous savez d’ores et déjà qu’en théorie il s’agit d’un parfait défouloir pour se déconnecter de ses préoccupations de la journée et savourer du grand spectacle. La saga « La Chute de » est à ce titre souvent moquée, décrite comme étant constituée de films exagérés, stupides, et invraisemblables…nous pourtant c’est tout à fait notre came. Oui les films font dans la démesure, c’est leur marque de fabrique et c’est bien tout ce qu’on leur demande dès lors que c’est bien fait. Malheureusement, en tant que fans de la première heure, nous pouvons constater que la saga n’a fait que péricliter au fil du temps. Inaugurée via un généreux La Chute de la Maison Blanche (le meilleur film à ce jour) d’une durée officielle de deux heures, les aventures de Mike Banning se sont poursuivies dans La Chute de Londres d’une durée d’une heure et trente-neuf minutes (on sentait déjà, à l’instar du dernier Die Hard, qu’une durée qui décroit n’est pas toujours annonciatrice d’une bonne démarche) qui contre toute attente était un savoureux divertissement même s’il confirmait que les producteurs ne souhaitaient peut-être pas y investir autant de deniers qu’avant, le budget de la franchise diminuant film après film. Si la saga en était restée là (ne nous le cachons pas nous étions les premiers à vouloir une suite avec une nouvelle ville qui se ferait démonter à coup d’armes automatiques et de bombes) elle aurait joui dans notre tête d’une très bonne réputation et ce malgré ses détracteurs. Un troisième volet est donc bel et bien venu par la suite compléter les précédents films pour former la trilogie que nous demandions, avec La Chute du Président, mais pas de la façon dont nous l’attendions. Un cas d’école. La Chute du Président s’instaure ainsi comme une suite catastrophique à bien des égards : on revient à une durée de 2h00 avec un scénario qui ne la légitime pas forcément, on baisse pourtant le budget, exit l’identité d’un nouveau lieu géographique frais et personnifié pour remettre au cœur de l’intrigue le Président (même si ce n’est plus le même personnage, notre cher Morgan Freeman assumant désormais ce titre), on change l’interprète de la femme de Mike, et on donne à l’ensemble une réalisation et des effets spéciaux au rabais. D’ailleurs nous n’avons pas parlé de cet aspect. Le premier opus avait quand même Antoine Fuqua aux commandes : il a profondément confirmé depuis avec sa trilogie Equalizer (que nous adorons) qu’il disposait de compétences aiguisées pour mettre en scène la violence de façon chirurgicale et généreuse. Il n’avait malheureusement pas rempilé…laissant Babak Najafi tourner la première suite, qui s’en sortait malgré les contraintes avec les honneurs. Pour La Chute du Président quelle ne fut pas notre surprise de découvrir, et ce devant l’ampleur des dégâts, que c’était Ric Roman Waugh, le réalisateur du très sympathique Greenland aux commandes. Difficile de comprendre alors comment ce dernier volet pouvait-être aussi laid visuellement en cherchant à cacher la misère dès qu’il le pouvait, sûrement une question de budget (il y a quand même 30 millions de dollars d’écart entre le premier et le dernier opus…). Voilà dans quel contexte débarque aujourd’hui Paris has fallen et tout cela dans un format télévisé. Les questions sont toutefois les suivantes : La série a-t-elle eu le budget suffisant pour honorer la franchise et le sel de son succès ? Les producteurs de cette saga comptent-ils l’essorer, à chaque itération avec un budget plus faible, pour lui enlever tous les attributs qui étaient pourtant les raisons initiales de son succès ?

Nous voici donc à Paris pour un nouveau tour de rodéo. Vous pouvez dire adieu à Mike Banning et à tous les autres car ici, malgré un casting international (la série a des dialogues à la fois en anglais et en français car plusieurs personnages sont purement anglophones), nous sommes à Paris avec des personnages locaux par rapport au déroulé des évènements. Une ambition assumée et logique, le concept des films étant selon nous détachable de son interprète et personnage principal qui aurait pu laisser la main dès la fin de La Chute de Londres. L’histoire personnelle de Mike n’a en effet (à priori) pas vocation à devenir aussi tragique que celle d’un Jack Bauer et donc pas aussi forte. Tiens, qui dit Jack Bauer dit 24. Et c’est précisément à une version (nous ne dirons pas low cost pour ne pas avoir une connotation trop péjorative dans la mesure où Paris has fallen reste bien produite) plus fade et bien moins maitrisée de 24 à tous les niveaux, à laquelle vous pouvez vous attendre en tentant d’imaginer ce à quoi ressemblera la série durant votre visionnage. L’occasion de mettre en exergue plusieurs autres questionnements et déjà de comprendre pourquoi « La Chute de » a du succès. On y trouve plusieurs éléments qui lorgnaient déjà du côté de 24, le parallèle n’étant pas exagéré : un agent qui se retrouve au cœur de catastrophes terroristes et qui avec ses compétences semble être le seul à pouvoir tirer le monde de ce guêpier, une relation de proximité et de respect avec le Président en place, une vie personnelle mise un peu en avant histoire de nous faire mesurer que le protagoniste a vraiment beaucoup à perdre, jusqu’à ce que cette vie personnelle se retrouve en dommage collatéral, et un rythme haletant où l’agent prodigue se retrouve confronté à des taupes et propulsé dans des combats au corps à corps et des fusillades dévastatrices. A l’instar d’un Die Hard 4 qui réunissait aussi ces aspects ou des Mission impossible, la case cinéma permet de donner à ces œuvres une allure plus spectaculaire et c’est d’ailleurs ce qu’aurait pu être la superbe 24 (l’une des meilleures séries de tous les temps) si elle avait fini par arriver (le projet fut jadis évoqué) dans nos salles obscures. Sauf qu’ici, et c’est assez amusant à voir, les producteurs font l’inverse : ils prennent une franchise de cinéma connue pour sa démesure afin de l’enfermer de façon inexplicable à la télévision. Nous avons d’ores et déjà mis le doigt sur le problème majeur et acté quelque part pourquoi la série était d’une certaine façon mort-née.

Soyons transparents, il n’y a nulle démesure ici, nulle fusillade ou explosions spectaculaires, non, juste des appâts pour nous faire croire que cela pourrait arriver, en vain. Le premier épisode nous laissait ainsi confiants : bien produit et bien réalisé il mettait habilement en avant les qualités dont disposait le show avec un minimum de savoir-faire dans les chorégraphies de combat, un méchant que nous avons déjà croisé dans une autre franchise de films américains évoquée plus haut (dont l’un des opus se déroulait aussi d’ailleurs pour partie à Paris, avec des séquences extrêmement funs et prenantes dont Paris has fallen est totalement dépourvue) et un duo de personnages qui s’annonçait prometteur. Normalement la qualité aurait dû aller de façon crescendo au fur et à mesure que l’intrigue se dévoilait, mais ce ne fut absolument pas le cas. Tout le long nous avons patiemment attendu que la série nous en mette plein les yeux, ne serait-ce que dans son final, mais la machine qui ronronnait, ne s’est jamais emballée se cantonnant à proposer systématiquement en beaucoup moins bien des choses déjà vues dans 24 et ce sans délivrer à côté des scènes spectaculaires qui ont pourtant fait la renommée de la saga « La Chute de ». La démarche devient alors de moins en moins compréhensible.

Peut-être alors, au-delà de son aspect de clone de 24, les qualités sont-elles ailleurs ? Peut-être que l’aspect sériel, à défaut de proposer du spectaculaire, servira alors à créer des personnages forts, à tisser des liens entre eux et à étoffer les enjeux qui étaient en second plan dans les films ? Du tout. Le duo de tête est intéressant de ce point de vue et la dynamique de leur fonctionnement même rapidement oralement évoquée par le personnage principal masculin, Vincent Taleb (Tewfik Jallab) : Zara Taylor (Ritu Arya, excellente actrice au passage, nous ne la connaissions pas et force est de constater qu’elle est l’un des meilleurs atouts de la série) sa coéquipière d’infortune, souhaite toujours se mettre en avant, sauter la première dans l’action, comme si elle était tellement addict à son travail qu’elle ne pouvait pas se refréner de se jeter systématiquement au cœur de la mêlée. Il s’agit d’un trait de caractère fort et assumé, relevé par son coéquipier et bien retranscrit car l’impulsivité de Zara permettra souvent de faire avancer la chasse à l’homme. A contrario le personnage de Vincent est dénué de toute contenance, lui n’étant qu’un faire-valoir des autres personnages féminins, qu’il s’agisse de sa coéquipière ou de la Présidente (Emmanuelle Bercot) avec qui il a jadis entretenu une liaison. Fait rare, même le grand méchant est mieux écrit que lui car les scénaristes ont pris le temps de lui dresser un véritable background qui fonctionne et auquel le spectateur peut un minimum s’identifier. Vincent par contre n’a que ses compétences de combat et sa moralité à mettre en avant puisqu’il s’avère dénué d’une quelconque personnalité forte. Le pire c’est qu’il ne s’agit nullement de la faute de son interprète, Tewfik Jallab, crédible, charismatique et déjà vu dans les dernières saisons d’Engrenages, mais bien de l’écriture de son personnage qui n’a pas la place d’exister au sein d’un duo archi déséquilibré. On sera néanmoins contents à la fin de la série de constater que cette aventure aura au moins permis à ce duo de personnages, aussi déséquilibré soit-il, de fonder une relation amicale basée sur le respect à travers les épreuves endurées, c’est peut-être même la seule réussite de la série à ce niveau-là. La série a également eu l’intelligence, et ce dès le début, de couper court à toute possibilité de romance entre les deux protagonistes ce qui était nécessaire pour ne pas scléroser le spectacle (enfin vous l’aurez compris nous ne savons pas si nous pouvons décemment parler de spectacle après visionnage). Au-delà du duo et malgré un casting d’ensemble très bon, c’est surtout la Présidente Juliette Levesque (Emmanuelle Bercot donc) et le méchant Jacob Pearce (Sean Harris) qui sont mis en avant. Une Présidente qui dispose sur le papier d’une interprète géniale qui peine pourtant parfois à lui donner la crédibilité nécessaire, pas forcément aidée par la façon dont est écrit et mis en scène son personnage. Quant à Sean Harris il crève l’écran même si son personnage ressemble beaucoup à son rôle de Solomon Lane dans Mission impossible 5 et 6. Le choix des producteurs repose sur une décision dénuée de prise de risque mais qui a le mérite, surtout lorsqu’on voit la fébrilité scénaristique de la démarche globale, d’assurer un peu de solidité au milieu de tout ça. Une décision d’autant plus bornée que la série repose en grande partie sur cet antagoniste auquel Sean Harris apporte ses mimiques, son charisme et de façon plus large une posture bien spécifique qui l’identifie rapidement comme une véritable menace et pas juste comme le nouveau méchant d’un épisode d’une série procédurale.

Du côté de l’action pure et dure il y a un vrai savoir-faire, mais ce dernier se heurte bientôt à un plafond de verre. En assistant aux combats au corps à corps on se rend alors rapidement compte que même s’ils sont crédibles, ils sont aussi très répétitifs. On ne demandait bien entendu par des interactions aussi poussées que dans un John Wick mais les chorégraphies consistent ici souvent à se frapper classiquement, se retrouver immobilisé, chercher un objet sur la table ou sur le sol pour se défaire de l’emprise de son adversaire, puis cela repart brièvement en castagne jusqu’à ce qu’un coup plus fort ou une esquive mieux anticipée ne mette un terme à un échange qui n’apporte pas pour autant le côté jouissif ou amusant que l’on était en droit d’attendre avec une telle marque dans le titre. Pour les scènes de fusillade, pareil, c’est bien fait mais très fonctionnel et expédié. Peut-être y a-t-il alors des choses amusantes ailleurs ? Pas forcément. Tout est à minima divertissant, rien n’est vraiment amusant ou jouissif, et ce ne sont pas les quelques scènes aériennes, peu crédibles et immersives, lors d’un détournement d’avion, qui viendront inverser la tendance. Paris has fallen démontre dès lors peu à peu qu’elle porte très mal son nom. Certes un seul homme réussit à mettre à ses pieds la ville, allant jusqu’à menacer de déclencher une catastrophe qui pourrait contraindre à devoir évacuer la capitale, mais jamais cette catastrophe à venir ne paraît vraiment tangible, jamais on ne croît que la production de la série sera capable de nous proposer un holocauste ou un attentat d’envergure. Et lorsque nous arrivons en fin de saison, après avoir pensé naïvement que toute l’action était gardée pour le grand final, on se fustige d’avoir été naïfs au point de croire durant quelques rares moments, que la menace pouvait vraiment apporter quelque chose de fort. La série n’a pas le budget pour ça, et peut-être pas non plus l’audace et le bon sens d’écriture requis pour comprendre que c’est ce que le spectateur attend. Ajoutons à cela que toutes les pérégrinations sont aussi répétitives les unes que les autres puisque le show est un pot-pourri de mécanismes du jeu du chat et de la souris, de menaces aussi vites désamorcées qu’elles sont arrivées, comme un condensé de squelette de plusieurs saisons de 24 mis bout à bout mais sans leur contenu, tout cela pour maintenir un rythme efficace mais purement artificiel car appliqué de façon trop scolaire. Pour l’émotion et les frissons on repassera.

Tandis que des séries télévisées d’action auraient aimé avoir les moyens du cinéma pour être libres de transformer enfin en exutoire ce qui s’apparentait parfois à un cache-misère sur le petit écran, voilà après avoir déjà commencé à enfoncer quelques clous au cinéma dans son cercueil via un troisième volet qui restait malgré tout « spectaculaire », que la franchise « La Chute de » décide d’aller s’établir à la télévision pour encore davantage malmener son concept. Si d’un certain point de vue nous trouvons cette série meilleure que le dernier volet en date (qui était, on ne va pas se le cacher, risible) elle gagne uniquement par dépit car à côté elle achève de pointer la radinerie et la méconnaissance des éléments de succès des producteurs vis-à-vis de leur propre franchise. Divertissante la série l’est à défaut de mieux à se mettre sous la dent le lundi soir, oubliable elle l’est encore davantage tant elle propose en moins bien ce qu’on a vu partout ailleurs, sans compenser cela par des scènes d’action bien senties. L’appeler Paris has fallen n’a ainsi aucun intérêt autre que marketing car la filiation est finalement bien maigre, n’arrivant d’ailleurs jamais à faire justifier son titre via ses enjeux qui demeurent intangibles ; la série pourrait alors tout à fait dans l’idée amorcer une nouvelle franchise. Oui, mais non. Car en même temps le cachet de la licence « La Chute de » est la seule chose qui lui donne une identité, elle qui n’est qu’un ersatz de 24. Il est donc ironique de constater que sa seule raison d’exister est d’appartenir à une marque qu’elle achève, via sa désolidarisation des raisons qui ont pourtant fait les grandes heures de la licence dont elle est issue, de dénaturer une bonne fois pour toute. « La Chute de » se démarquait en injectant une démesure et un savoir-faire d’action au sein d’éléments déjà vus ailleurs…tout ce qui a donc été retiré ici pour ne laisser que ce qui ne suffisait pas pour en faire un produit fort. Un quatrième volet des aventures de « La Chute de » a déjà été évoqué…à ce stade nous ne savons pas vraiment si cette saga a encore une raison de vivre. Avec un tel nivellement vers le bas, s’il continue de la sorte, la marque finira bêtement par s’effondrer sur elle-même…ce qui a déjà largement commencé.
Crédits : Canal+
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































