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SYNOPSIS : Trentenaire parisien, Yann, bien qu’instructeur dans des simulateurs de vols, a la phobie de l’avion. Incapable de rejoindre celle qu’il aime, installée à l’autre bout du monde, il se morfond dans son appartement, où il héberge Ludo, un ami d’enfance envahissant. Un jour, ils font la connaissance d’Alice, leur nouvelle voisine. Animatrice d’une émission de radio sentimentale, elle mène une vie amoureuse chaotique. Yann est d’emblée sous le charme de celle qui a d’abord cru qu’il était en couple avec Ludo, mais il tente de garder ses distances. Pourtant, les deux voisins se rapprochent peu à peu. Un trio de comédiens pétillants de charme, pour une comédie romantique pleine d’idées et d’énergie.
Pour son premier film, dont le sens de l’authenticité comique sent tout de suite le vécu, posé avec talent, vérité et tendresse sur le papier, Rémi Bezançon a construit l’histoire de Ma vie en l’air autour d’une de ses véritables phobies, la peur de l’avion. Dans Ma vie en l’air, chaque scène est un petit bonheur d’inventivité, de dialogues autant fins qu’acerbes. Toute une série de petites pépites qui caractérise avec délice le cinéma de Rémi Bezançon. Il y a tout ce qu’on voit, et aussi tout l’arrière-plan, et chez ce cinéaste, ce n’est pas une mince affaire. Comme le gérant du bar préféré du duo de potes, dont tout le monde se fout, que personne ne salue et dont les histoires de Zippo n’intéressent personne. C’est un détail de l’histoire, mais ça implante un décor, installe une ambiance, authentifie une histoire, et les histoires de ce réalisateur, très souvent on s’y sent bien, et même un peu chez soi. Il a le charme de l’invitation réussie.

Même après presque 20 ans, Ma vie en l’air garde cette fraicheur, comme un petit plaisir de vie, qui ne prend jamais une ride. « Lorsqu’un homme songe à son passé, il baisse les yeux vers la terre et lorsqu’il songe à son futur, il les lève vers le ciel « . Pas de meilleur préambule que celui d’Aristote pour Ma vie en l’air, tant l’avion est omniprésent dans la vie de Yann Kerbec. Un avion synonyme de trauma, car né dans un avion, celui-ci est gratuit à vie, mais incapable d’y monter et donc d’en profiter car sa mère ne survit pas à l’accouchement. C’est un peu tout ça Ma vie en l’air, où les liens à l’enfance sont constants et si cet aspect du scénario ne révolutionne pas ce que l’on sait depuis longtemps de l’importance des petits traumas qui deviennent des grands drames, il existe ici comme une douceur, une élégance de l’émotion, redoutablement efficace et empathique. Le père de Yann fera de son éducation une fête, compensant la terrible perte originelle. Une poésie où après le panneau de signalisation Cerf, il y a vraiment un Cerf qui passe… ça vous est déjà arrivé vous ? Évidemment une fois adulte, ça ne marchera plus. Ce qui vaudra à Yann ce bijou de pensée et donc d’écriture, qui vaut autant aux enfants que parents que nous sommes : « Quand on est gamin, on dit mon père il sait tout faire. Passé 10 ans, on dit mon père il sait… presque… tout faire. Arrivé à 15 ans, mon père il me casse les couilles. A 20 ans, on dit que c’est un con. A 25 ans on dit finalement mon père il était pas si con que ça. A 30 ans, on dit putain si seulement mon père était là. « Une vraie perle, qui ne s’enfile pas mais qui fait défiler des vies toutes entières, perdues à ne pas s’aimer assez.

Et puis en face, il y a des moments de grâce humoristique, encore d’autres petits traités de vie. Face à une rupture tellement douloureuse, Ludo, le pote d’enfance, qui si on ne s’en débarrasse pas à l’adolescence sera là toute votre vie : « Rappelles toi les cours de bio de Mme PERROTIN. Une femme c’est 80 % d’eau, c’est de la flotte !! « . Quel fantastique stratégie pour tenter de démythifier celle ou celui qui vous fait tant souffrir. Il y aura aussi ces formules qui font mouche : « Je vais me marier ». » Ha bon, contre qui ? « ou « La femme ou l’homme de ta vie, tu sais qui c’est sur ton lit de mort « . Et surtout la jubilatoire scène qui se voit plus qu’elle ne se raconte du plus grand économiseur de mots Eddy la tchatche, qui résume la pensée la plus complexe toujours en un seul mot. Et puis Ludo qui envie les bœufs de Kobé, nourris et massés à la bière toute leur vie. Il espère se réincarner en bœuf de Kobé. Yann lui rétorquant qu’il était dans une vie antérieure un bœuf de Kobé, mais qui s’est réincarné en homme. Il faut dire que Ludo ne vit pas dans l’appart de son pote, mais sur le canapé de celui-ci. Un soir de rupture sentimentale, c’était pour deux ou trois nuits. « Ça va bientôt faire deux ans qu’il est là », songe Yann. C’est aussi ça Ma vie en l’air, le culte de l’amitié, dont l’importance vitale est parfois trop minorée, autant dans la vie que dans le cinéma. « C’était comme un gros chat à nourrir le soir ». Ludo, expert dans la vie de tous les animaux, tant son existence se nourrit de docs animaliers vu à la télé, en enchaînant les pétards, pour mieux retenir encore. Il teste contre rémunération des patchs anti-alcools en trinquant avec Yann : « Ben tu vois, ça marche pas ».

Ma vie en l’air, c’est en permanence avoir envie de garder la tête dans les étoiles, tout en s’assurant d’un bon ancrage au sol, en tentant de faire fi du passé. Et puis c’est aussi faire face à son destin, quand une fois de plus, Yann y sera confronté, devant tenter de vaincre sa phobie de l’avion pour rejoindre celle qu’il aime comme jamais. « Tant que les avions voleront, ils tomberont « . Ou encore « Sur vais-je me crasher.com, j’ai vu que pour un Paris/Los Angeles Il y a une chance sur 16 millions 890 milles 904 de se crasher et 13 millions 983 milles 816 de gagner au loto…. Y’en a bien qui gagnent ». Au casting, Vincent Elbaz, parfois sujet au surjeu, livre ici une prestation que l‘on devine très sincère et joue parfaitement le mec de son époque, à l’époque !! En face Gilles Lellouche n’est pas encore celui que l’on sait et ici, mais qu’est-ce qu’il nous fait rire. Son immaturité chronique est jubilatoire, il semble défendre son personnage avec autant d’affection que de talent. Marion Cotillard complète le trio avec beaucoup de fraicheur et d’espièglerie. Ma vie en l’air fait partie de ces comédies dites petites, pas forcément entrées dans la légende, mais qui pourtant procurent des émotions vives, qu’on se marre ou qu’on soit touchés. Vrai shoot de bonne humeur, il est impossible de ne pas aimer ce film, véritable promesse d’un moment drôle et doux à la fois, on valide, on prend, on décolle et on s’envole avec Ma vie en l’air.

Titre Original: MA VIE EN L’AIR
Réalisé par: Rémi Bezançon
Casting : Vincent Elbaz, Gilles Lellouche, Marion Cotillard
Genre: Comédie
Sortie le : 7 septembre 2005
Distribué par: TFM Distribution
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Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000








































































































































