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SYNOSPSIS : Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l’univers…
Après avoir absorbé la Twentieth Century Fox Disney en 2018 Disney a entamé l’exploitation des franchises de la vénérable major d’abord dans l’idée d’en faire un fournisseur de films de genre pour le service Disney + (ce fut le cas pour Prey le Predator de Dan Trachtenberg) puis finalement pour une exploitation cinéma. Ces derniers mois par exemple La Planète des Singes et La Malédiction ont eu respectivement une suite et une prequel. Le joyau de la couronne Fox en termes d’IP reste bien la franchise Alien qui fait l’objet des attentions de la firme à la souris qui développe en parallèle une série confiée à Noah Hawley (Fargo) et confie à Ridley Scott en dépit des résultats commerciaux mitigés de ses prequels Prometheus et Covenant le soin de produire un nouveau film consacré au xénomorphe pour le grand écran. Pour le réaliser il choisit le réalisateur uruguayen Fede Alvarez qui avait fait sensation avec son remake d’Evil Dead. Alien est une des franchises les plus plastiques en ce sens qu’elle offre à ses créateurs une grande liberté thématique : une fois certains paramètres respectés on peut naviguer dans des genres aussi variés que le slasher, le film de guerre en passant par le film de prison ou de pirates. C’est ainsi que Fede Alvarez et son coscénariste Rodo Sayagues font de cet Alien Romulus un film de maison hanté, reprenant en partie le dispositif de son film Don’t Breathe avec ces jeunes, enfants d’ouvriers sacrifiés de la colonie minière Jackson Star qui tentent de s’échapper vers un monde meilleur en pillant les ressources technologiques d’une station spatiale abandonnée en orbite autour de leur planète. Hélas pour eux la station a été par le passé le siège d’expériences menée par la Weyland-Yutani à partir de débris recueillis dans l’épave du Nostromo…
La passion d’Alvarez pour la série est évidente, Alien Romulus, parsemé de références des plus discrètes aux plus manifestes à l’ensemble des films de la saga est indéniablement un film de fan. La maitrise technique d’Alvarez évite d’en faire un « fan film » même si par moments il franchit la ligne blanche qui sépare ce qu’on pourrait appeler la « continuité ingénieuse » de la pure copie. Alien Romulus qui amalgame Alien et Aliens les parsemant de brins d’ADN de tous les autres chapitres de la saga (y compris le décrié Prometheus) peine à trouver sa propre identité. De notre point de vue il il la trouve dans les choix techniques et stylistiques de Fede Alvarez. En optant de se reposer au maximum sur d’authentiques décors, maquettes ou maquillages spéciaux pour bâtir cet univers, il lui donne une facture tactile et gluante sublimée par ses mouvements de caméra et le sens de la lumière et des ténèbres de son directeur de la photographie Galo Olivares qui en font un des plus beaux films de l’année se démarquant des productions de SF récentes noyées dans des fonds verts ou des effets numériques bâclés. Une séquence en apesanteur dans la seconde moitié du film impliquant le sang corrosif des xénomorphe à la fois spectaculaire et visuellement sublime illustre la synergie entre les deux techniciens. L’affection voire la déférence d’Alvarez pour le mythe transforme vite la maison hantée en parc à thèmes Alien, si Alien Romulus épouse l’atmosphère étouffante du premier film le réalisateur paye son tribut à James Cameron offrant à son public un « ride » avec une dernière partie implacablement rythmée et spectaculaire qui multiplie sur le modèle d’Aliens les climax.

Alien Romulus réussit parfaitement à saisir un aspect essentiel de la saga, très présent dans les opus de Scott et de Fincher : le caractère superflu de l’existence humaine, non seulement aux yeux des entreprises mais aussi face à l’étendue infinie du cosmos où nous ne sommes que des poussières insignifiantes, la photographie de Olivares exploitant la dureté sous-jacente de ses images immersives et majestueuses de l’espace. Le film embrasse également une vision nihiliste de la survie de l’humanité montrant l’échec de la plupart des colonies minées par les maladies, la misère et les accidents. En dehors des intentions commerciales pour rajeunir le public de la franchise le choix d’un casting de jeunes comédiens a du sens thématiquement car il permet d’explorer le désespoir d’une génération désabusée née sous la servitude imposée par des entreprises qui ne se soucient pas d’eux, là où le premier film montrait des personnages qui découvraient (comme les spectateurs de cette génération) à quel point ils étaient remplaçables aux yeux de leurs employeurs de longue date. A mettre au crédit du scénario de Alvarez et Sayagues dans la colonne « continuité ingénieuse » l’intégration fluide dans la continuité principale d’éléments introduits dans Prométhéus qui enrichissent les plans néfastes de la Weyland-Yutani au delà du simple désir d’exploiter les xénomorphes comme des armes.

En tête du casting rajeuni de Alien Romulus, Cailee Spaeny la jeune actrice qui connait une grande année avec des rôles dans le Priscilla de Sofia Coppola ou plus récemment l’excellent Civil War d’Alex Garland prend la relève de Sigourney Weaver mais son personnage n’est pas un clone de Ripley . Son personnage, Rain, est à la fois vulnérable sur le plan émotionnel et très débrouillard, l’actrice parvient à transmettre une peur et une résilience authentiques, ce qui fait d’elle une héroïne remarquable dans l’atmosphère intense et claustrophobe du film. Sa relation avec le synthétique Andy incarné par David Johnson ajoute une couche supplémentaire de complexité émotionnelle au film. Johnson est sans aucun doute la performance la plus marquante d’Alien Romulus, il montre une telle amplitude et une telle dextérité dans son jeu toujours convaincant sans effort apparent quelle que soit la facette de son personnage qu’il dévoile. Alvarez fait le choix controversé de donner à un de ses personnages le visage d’un acteur aujourd’hui décédé à travers un mélange assez maladroit d’effets numériques, et, si on peut comprendre sa motivation, ce procédé n’apporte rien de plus que n’aurait pu apporter un comédien bien vivant (Andrew Scott aurait été parfait) surtout que le public du film n’aura sans doute aucune attache émotionnelle avec ce dernier. Alien Romulus est indéniablement un film de « greatest hits » de la franchise mais sa facture tactile et gluante et l’efficacité et la délectation avec laquelle Fede Alvarez les interprète en font un divertissement très efficace même si il franchit parfois la ligne rouge entre continuité ingénieuse et citations lourdingues.

Titre Original: ALIEN : ROMULUS
Réalisé par: Fede Alvarez
Casting: Cailee Spaeny, David Jonsson, Archie Renaux…
Genre: Epouvante Horreur, Science Fiction
Sortie le: 14 août 2024
Distribué par: The Walt Disney Company France
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































