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SYNOPSIS : Eric et sa fiancée Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d’entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour.
On ne l’aurait pas cru, mais l’heure est à la réadaptation pour le The Crow de James O’Barr. Si c’est évidemment le film d’Alex Proyas qui apparaît en premier dans les esprits lorsque le nom de la saga est prononcé – notamment pour la performance tragique du regretté Brandon Lee, décédé accidentellement pendant le tournage – The Crow reste une saga très ample, ayant également donné naissance à plusieurs suites, à une série télé et à un assemblage de romans. A partir de cette simple histoire de vengeance, l’iconographie du corbeau a su titiller l’inventivité des artistes qui se sont relayés à sa rencontre, jusqu’à cette toute nouvelle relecture du récit sous la caméra de Rupert Sanders. The Crow édition 2024 reprend les classiques. Eric Draven rencontre Shelly Webster. Les deux tombent profondément amoureux et vivent une idylle éphémère… Puisqu’un jour, ils sont attaqués et tous les deux assassinés en même temps avec une grande violence. Ranimé par sa colère et par sa peine, Eric est accueilli dans les limbes par un Corbeau qui lui donne la possibilité de se venger de leurs assaillants. Le jeune homme est de retour dans le monde des vivants, avec de tous nouveaux pouvoirs, et se lance dans l’application de son implacable vengeance…

C’est un doux euphémisme que de dire que ce nouveau The Crow est un projet maudit – dans tous les sens du terme. En dehors du lourd héritage qu’il a à porter par essence (le décès de Brandon Lee sur le tournage du film de Proyas est encore dans tous les esprits, si bien qu’il participe à rendre sa performance toujours plus tragique et mémorable), le long-métrage sort d’une longue traversée du désert au fil d’un Development Hell probablement à la hauteur de la tâche qu’on lui demande d’accomplir. C’est au final à Rupert Sanders que la malédiction revient – on lui doit les deux longs-métrages live Blanche-Neige et le Chasseur ainsi que Ghost in the Shell en 2017. S’annonçant selon sa production comme une adaptation plus fidèle des comics que comme un remake du classique d’Alex Proyas, recrutant en tête d’affiche l’excellent et multifacettes Bill Skarsgård (aka Pennywise lui-même, avant d’incarner le Comte Orlok dans le futur Nosferatu de Robert Eggers) dans la peau du Corbeau vengeur. Au final, The Crow mouture 2024 s’avère aussi plat, inintéressant et inoffensif qu’il était possible de le faire.

Cette nouvelle version joue la carte de la réactualisation. Dans un registre visuel qui sent fort les VOD des années 2000 (avec ce qu’ils portent de kitsch et de manque de saveur), The Crow applique les contours de la culture edgy – notamment dans le style de son héros taiseux et déprimé. L’Eric de Skarsgård se voit confier l’esthétique d’un Machine Gun Kelly surtatoué aux yeux maquillés de noir, alors que la Shelly de FKA Twigs joue la paria à l’écart de la société – bourrinant les clichés peu subtils de sa culture du » marginal vraiment pas comme les autres « . Si l’on croit bien peu à cette histoire d’amour racontée sur la première moitié du film (peu sincère et pourtant bien trop longue), le film change sa dynamique passé son point de non-retour avec la mort de ses protagonistes et la résurrection d’Eric métamorphosé (ou pas vraiment, en réalité) en Corbeau surpuissant. The Crow 2024 se la joue récit de super-héros, faisant revenir son héros d’entre les morts pour le traiter, non pas comme une figure biblique, mythologique ou gothique, mais comme une bête de foire qui se découvre des pouvoirs par hasard en combattant les hommes de main qui veulent lui faire la peau. Le scénario de Zach Baylin et William Schneider n’a alors pas grand-chose à laisser à la mise en scène relativement fade de Sanders, lesquels composent un film sans aspérités et sans passion qui laisse défiler ses personnages comme une toile de fond ne méritant pas tellement le passage par le grand écran.
Exit le hit heavy-metal et la légende gothique morbide, ce nouveau The Crow n’a rien de visionnaire à offrir, seulement un pseudo-divertissement affreusement ordinaire qui laisse un long sentiment rébarbatif de production rushée derrière son beat’em all super héroïque. Ni le Corbeau de Bill Skarsgård ni le défilé de ses bad guys démoniaques ne savent relever le niveau et offrir plus qu’un retour profondément oubliable, posé sur une esthétique étonnamment plate (là où le comic originel peut être qualifié de tout sauf plat) et des choix narratifs et visuels surprenants. Au pays des vengeurs edgy increvables, ce nouveau The Crow ne restera pas vraiment en mémoire, se posant lui-même en périphérie de sa propre histoire et de ses propres tentatives cinématographiques sans prendre un seul risque, et donc restant à l’instar de son Corbeau coincé entre deux mondes, ne sachant pas lequel choisir. En résulte une œuvre malade et criblée de défauts, habillée de gore pour combler ses lacunes visuelles intenses, caricaturalement grunge, malheureusement vide et assurément maudite de part en part.

Titre Original: THE CROW
Réalisé par: Rupert Sanders
Casting: Bill Skarsgård, FKA Twigs, Danny Huston …
Genre: Action, Fantastique, Policier, Thriller
Sortie le: 21 août 2024
Distribué par: Metropolitan FilmExport
PAS GENIAL
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































