Critiques Cinéma

MY BLUEBERRY NIGHTS (Critique)

SYNOPSIS : Après une rupture douloureuse, Elizabeth se lance dans un périple à travers l’Amérique, laissant derrière elle une vie de souvenirs, un rêve et un nouvel ami – un émouvant patron de bar – tout en cherchant de quoi panser son coeur brisé. Occupant des emplois de serveuse, Elizabeth se lie d’amitié avec des clients dont les désirs sont plus grands que les siens : un policier tourmenté et sa femme qui l’a quitté, une joueuse dans la déveine qui a une affaire à régler. A travers ces destins individuels, Elizabeth assiste au spectacle du véritable abîme de la solitude et du vide, et commence à comprendre que son propre voyage est le commencement d’une plus profonde exploration d’elle-même.

La nouvelle réalisation du cinéaste romantique Wong Kar-wai, My Blueberry Nights nous propose une série de moments (certains cruciaux, d’autres éphémères) dans la vie de divers personnages, liés par les expériences d’Elizabeth, une serveuse de café new-yorkaise qui tente de surmonter une rupture. Et c’est après quelques plans d’une tarte aux myrtilles, que nous rencontrons Elizabeth (Norah Jones), alors qu’elle entre en trombe dans un restaurant new-yorkais délabré appartenant à Jeremy (Jude Law). Bientôt, ils se retrouvent régulièrement à l’heure de la fermeture pour se plaindre de leurs amours perdus et engloutir les restes des desserts. Mais chaque section du film est comme un morceau autonome mettant en lumière un personnage différent. C’est alors qu’Elisabeth déménage à Memphis et devient barmaid, le film se recentre sur l’un de ses clients réguliers, un flic alcoolique, Arnie (David Strathairn), poussé à la rage par sa femme infidèle, Sue Lynn (Rachel Weisz). Le film change encore une fois d’orientation lorsqu’Elisabeth décroche un emploi de serveuse dans un casino du Nevada et se fait entraîner dans une arnaque probable par une joueuse malchanceuse du nom de Leslie (Natalie Portman). Au fil du film, Elisabeth et Jeremy continuent leur vie, d’autres personnages apparaissent et disparaissent, s’arrêtant juste assez longtemps pour éclairer un aspect de l’existence. Quand les personnages parlent, ils se remémore le passé tout en philosophant sur un avenir plus qu’incertain. Le premier de ces personnages c’est bien évidemment celui interprété par Norah Jones, la chanteuse qui, on le sait, est une exploratrice douée sur le terrain émotionnel, la mélancolie et le chagrin au travers de ses chansons, mais malheureusement ici elle manque de profondeur pour suggérer une vie intérieure complexe. Jude Law comme souvent, incarne le rôle du playboy à la dérive, qui est toujours à l’écoute, un rôle exquis pour lui. Le reste du casting fait un travail extraordinaire, David Strathairn dans la peau d’un policier alcoolique et autodestructeur est incroyable, de même, Rachel Weisz, dans le rôle de l’épouse éloignée et volage qui livre une prestation époustouflante avec comme point d’orgues deux monologues ivres et impressionnants.
 
 

Les films de Wong Kar-wai sont enivrants et ils utilisent toujours des ralentis, des accélérés, des arrêts sur image pour mettre en avant, non pas des moments narratifs cruciaux, mais pour mettre en valeur des sentiments, certains douloureux ou profonds, d’autres fugaces et sensuels. Comme dans In the mood for Love, les images sont souvent séparées du spectateur par des écrans environnementaux comme des rideaux, des encadrements de portes ou encore des vitres. Le film se veut comme une véritable exploration des espaces intérieurs, géographiques et émotionnels, qui rend le tout extrêmement vivant. Le film lui-même est vu comme un être lumineux qui voit le monde et qui a survécu à un chagrin d’amour tout en décidant de savourer chaque seconde restante.

Après avoir tourné son drame romantique et symphonique 2046, le réalisateur retrouve ses compagnons de voyage, le compositeur Ry Cooder qui nous rappelle le son mélancolique de, Paris, Texas (Wim Wenders). On retrouve également son directeur de la photographie, Darius Khondji, toujours accompagné par une bande son pop, au rythme éclectiques et tristes de Try a Little Tenderness (Otis Redding) et une reprise de Harvest Moon par Cassandra Wilson.

Pour son premier film en langue anglaise, Wong Kar-wai signe une œuvre qui repose sur le voyage et la découverte de soi. Un long métrage qui alterne entre réalisme psychologique, angoisse stylisée telle une publicité pour un parfum. Surplombé par des magnifiques paysages et avec des dialogues dignes des plus grands, on obtient un film détendu et surtout libre.

Titre Original: MY BLUEBERRY NIGHTS

Réalisé par: Wong Kar-Wai

Casting: Norah Jones, Jude Law, Rachel Weisz

Genre: Drame, Romance

Sortie le: 28 novembre 2007

Distribué par: StudioCanal

EXCELLENT

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