![]()

SYNOPSIS : Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s’occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l’a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées… ce qu’elle n’apprécie pas du tout !
Fin 2020, alors que toute l’industrie du cinéma (et le monde) est à l’arrêt, il y a encore quelques irréductibles qui ont la chance de poursuivre leurs activités. C’est le cas du réalisateur américain Ti West, qui a réalisé son film X pendant cette période, isolé en Nouvelle-Zélande. Profitant de ces circonstances et du fait d’avoir son actrice principale (Mia Goth) sous le coude, il soumet l’idée au studio A24 d’en faire une trilogie, chose qu’ils ont validée sans hésiter. Aussitôt le tournage de X fini, il a donc pu enchainer sur son préquel Pearl, tout en conservant une partie des décors et surtout les mêmes lieux, ce qui rend les choses plus concrètes. Le film prend place un peu plus de 50 ans avant les événements qui ont eu lieu sur le tournage du film Les filles du fermier. Et pour rester dans le thème de la maladie, l’histoire se déroule dans un monde où la grippe espagnole a atteint les États-Unis, obligeant les gens à porter des masques et à s’isoler. Nous sommes donc de retour dans cette petite ferme, avec ce coup-ci une luminosité rayonnante, où l’on découvre de l’herbe verte éclatante, une ferme rouge sang et une salopette bleu ciel. De belles couleurs vives qui contrastent avec l’intérieur beaucoup moins lumineux de la maison, où le père de Pearl (Matthew Sutherland) a subi un AVC et doit être constamment soigné, tandis que sa mère Ruth est stricte et autoritaire. Pearl qui attend avec impatience le retour de son mari Howard parti se battre en Europe, est profondément malheureuse et veut quitter cette vie oppressante. Elle rêve de devenir danseuse au cinéma et veut être vue comme une artiste.

Si Pearl est un film de « monstres », le personnage joué par Mia Goth a aussi son propre démon, en la personne de sa mère, interprétée avec un dégoût obsédant par une incroyable Tandi Wright. Dans une scène stupéfiante qui vire à la confrontation entre mère et fille, Ruth casse tout sur une table de dîner : elle détruit surtout les espoirs de Pearl de partir un jour. Cette dernière est quelqu’un d’assez naïve, elle possède un comportement dérangeant, mais à cause de sa mère, elle a surtout une personnalité prête à exploser, et ce qui devait arriver arriva. Usée psychologiquement, elle en a marre qu’on lui dicte ce qu’elle doit faire, et surtout elle ne supporte pas qu’on la trahisse. Ses quelques meurtres ne sont pas calculés et surviennent comme des scènes de colère et de rejet de ses propres frustrations. Lors de ses « coup de colère », Ti West fait en sorte que ces moments comptent, il réussit à créer de la terreur à partir du mouvement de sa caméra, qui tourne lentement en attendant que Pearl apparaisse dans le cadre. La magnifique bande originale de Tyler Bates et Tim Williams rend tout cela très immersif.

Un peu à l’instar de X, le réalisateur fait apparaitre ces moments d’angoisses et d’horreurs dans la seconde partie du film, misant dans la première sur un côté calme où l’on suit la mise en place de l’histoire et de ses protagonistes. La réussite du film est (en partie) dû à la prouesse grandiose de Mia Goth, qui nourrit un personnage fascinant et macabre. Elle signe une performance d’un niveau supérieur, intelligent et brutalement bien joué. Notamment lors d’une scène où sa belle-sœur (Emma Jenkins-Purro) pense qu’il serait intéressant pour la pauvre Pearl de dire ce qu’elle a envie de dire à son mari absent, elle livre alors un monologue d’une rare intensité. Autre moment encore plus brillant, c’est bien entendu le plan final qui nous montre Pearl adoptant un large sourire forcé, ses dents signalent le bonheur, tandis que ses larmes qui coulent disent quelque chose de bien plus effrayant, tout en étant figés dans ce désespoir.

Ti West nous oblige à la regarder pendant le générique de fin. Tout cela est incroyablement et merveilleusement dérangeant. Le première opus X, se voulait plus « slasher » et rendait hommage au films du genre des années 1980. Changement de registre ici avec un film d’horreur basé sur la psychologie de son personnage principal, Mia Goth se fait plaisir dans son rôle de Pearl et par conséquent nous en met plein la vue. C’est encore une franche réussite pour son réalisateur, en attendant de voir le troisième et dernier volet, MaXXXIne.

Titre Original: PEARL
Réalisé par: Ti West
Casting: Mia Goth, David Corenswet, Tandi Wright…
Genre: Epouvante-Horreur
Sortie le: 15 août 2023 en VOD
Distribué par: –
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































