Critiques Cinéma

DEADPOOL & WOLWERINE (Critique)


SYNOPSIS : Après avoir échoué à rejoindre l’équipe des Avengers, Wade Wilson passe d’un petit boulot à un autre sans vraiment trouver sa voie. Jusqu’au jour où un haut gradé du Tribunal des Variations Anachroniques lui propose une mission digne de lui… à condition de voir son monde et tous ceux qu’il aime être anéantis. Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers…

Autant commencer là-dessus, Deadpool & Wolverine, c’est bête. Bête et méchant, bête et crasseux, bête et inoffensif… Bref, 50 nuances de bête. Cela fait déjà plusieurs années que ce troisième opus destiné au  » Merc with a mouth  » a pointé le bout de son nez, avec dans sa besace sa dose insolente de promesses capillotractées et de gratuité relative dans leurs exécutions. Car oui, ce Deadpool & Wolverine a une mission multiple. D’abord il ferme la trilogie initiée par le premier volet en 2016, puis il acte la fin de l’âge de la Fox (souvenez vous du rachat par Disney et tout le tintouin juridique qui donne du grain à moudre à la grande gueule de Ryan Reynolds), et enfin il inaugure l’arrivée de Deadpool et de ses amis mutants dans le grand et sacré Marvel Cinematic Universe. L’impossible devient alors possible, y compris aller faire revenir d’entre les morts le Logan de Hugh Jackman, resté au panthéon des conclusions de personnages les plus cools de l’histoire superhéroïque moderne en 2017. Raccrocher les griffes, mais pas pour très longtemps, puisque Hugh is back pour faire un bout de chemin avec Ryan, dans une aventure qui – par la force des choses – sera le seul long-métrage estampillé Marvel Studios à l’affiche en 2024. Attention cependant : c’est bête, mais garanti sans spoilers. Deadpool & Wolverine raccroche avec la fin du deuxième opus consacré au Mercenaire rouge. Wade Wilson a fait les 400 coups avec la machine à voyager dans le temps de Cable, et a réussi à se poser avec ses amis dans son univers. Alors qu’il travaille, toupet sur le crâne, dans une modeste concession automobile et que sa paisible vie sans le costume de Deadpool semble lui convenir amplement, la TVA (le Tribunal des Variations Anachroniques, l’organisation où se déroule l’intrigue de la série Loki, il faut suivre) fait irruption et emmène Wade dans leur QG. Là-bas l’attend Mister Paradox, responsable de la bonne tenue de l’Eternel Flux Temporel et de l’élagage des branches temporelles dissidentes. Deadpool, sous la révélation intime qu’il est le petit Jésus Marvel, se voit alors confier une mission – et l’on ne va pas aller plus loin sur le sujet pour éviter de dépasser ce que racontent les bandes-annonces. Sur le chemin, Wade décide d’embarquer un compagnon de route et se met à la recherche d’un certain Wolverine. Ce dernier, arraché à un monde qui s’est retourné contre lui, va accompagner malgré lui Deadpool et les insanités qui sortent en flux tendu de sa bouche à travers une aventure qui les mettra face à une certaine Cassandra Nova (crâne rasé, pouvoirs télékinésiques et télépathiques, la filiation est évidente…).



Pour ce troisième opus, Ryan Reynolds embarque son collaborateur habituel depuis quelques années maintenant en la personne du réalisateur Shawn Levy (ils ont fabriqué The Adam Project et Free Guy ensemble), les deux rempilent les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick et accueillent l’auteur de comics Zeb Wells à la longue liste d’auteurs de cet opus décidemment bien bourré à ras-bord. Un autre changement est également à prévoir, puisque c’est le compositeur Rob Simonsen qui prend la suite de Junkie XL puis Tyler Bates, respectivement à l’œuvre sur la musique des premier et deuxième volets. L’ensemble est également délicieusement accompagné d’une playlist  » Love is in the air  » qui empile sans transition Madonna, Green Day, The Goo Goo Dolls, Stray Kids et *NSYNC (quand on vous disait que c’était bête…). La petite et fringante équipe se lance alors à la conquête du Multivers et de ses infinies possibilités – sur un terrain miné où Marvel s’est occasionnellement cassé les dents ces dernières années en voulant capitaliser sur la soif de grandiloquence de son audience mondiale. Avec le Multivers, c’est bien simple, TOUT est possible, même faire revenir un personnage d’entre les morts ou le recaster entre deux films… Avec cette arme dangereuse en main, Deadpool prend la direction de la Terre-616 (celle dans laquelle se déroule le MCU) et se la joue romcom et buddy movie. Les stars de cet épisode sont évidemment dans le titre du film : Ryan  » Deadpool  » Reynolds et Hugh  » Wolverine  » Jackman sont de retour, pour jouer plein de mauvais tours, mais qu’est-ce que c’est cool… Le film, derrière ses empilages de blagues vaseuses et de références génitales de toutes sortes, de l’autre côté de ses caméos gratos et/ou sortis des abysses des productions Marvel d’antan, fonctionne sur une promesse simple : c’est l’heure de rendre hommage à l’âge de la Fox. Façon testament, regardant avec ironie, avec compassion et avec nostalgie les 25 dernières années du genre pour tout envoyer valser dans un melting-pot de références pop, Deadpool & Wolverine sait faire la part belle à ses images fulgurantes, à ses parenthèses d’émotion étonnamment bien gérées et à l’énergie massive de son casting qui se la donne (pour parler crûment) dans ce joyeux bordel sans complaisance et qui ne recule jamais devant le cringe – un bon paquet de blagues tombent à l’eau, mais tout va tellement vite qu’on n’a même pas le temps de penser à soupirer. Si l’on tente de mettre de côté le plaisir incommensurable de revoir Jackman enfiler pour la première fois le costume jaune de Logan et le fait de le revoir piloter ce personnage qu’il a porté sur ses épaules pendant un quart de siècle maintenant, son Wolverine fait un bien fou et permet à son interprète de livrer une performance plus heurtée, plus morcelée et plus touchante dans la construction de sa backstory tragique (ce qui donne de très jolies scènes, notamment dans les dialogues avec *spoiler*). Reynolds continue d’exceller dans le registre, sans qu’on puisse véritablement dire qu’il y insuffle une quelconque nouveauté, mais avec suffisamment d’aisance et de charisme pour encore une fois porter ce qui aurait pu facilement être un soufflé gonflé au vide. Les deux comédiens filent une alchimie de tous les diables, rendant les regrets de la « résurrection « de Logan (lui qui avait eu la conclusion parfaite sous la caméra de James Mangold en 2017) accessoires. On suivra ces deux gars jusqu’à la fin du Monde, pour les voir non-stop se rentrer dedans, se planter avec tout type d’armes blanches ou s’improviser équipe de fortune pendant 2h.



Le reste du casting est aussi en feu, notamment avec la big bad Cassandra Nova qui donne à Emma Corrin un cadre complet et chaotique jouant avec des pouvoirs très visuels qui fonctionnent à chaque fois que le personnage est à l’écran. On y retrouve également, pour quelques scènes, Morena Baccarin, Leslie Uggams et Rob Delaney, alors que Matthew Macfayden intègre un simili-Tom Wambsgans de Succession dans le MCU (et ça régale) avec son Paradox. Nous nous arrêterons là pour ne pas révéler malencontreusement une information non voulue et pour vous permettre de vivre la découverte la plus pure dans la salle de cinéma, mais effectivement, il n’est pas un secret que Deadpool & Wolverine se permet des petites folies de sale gosse qui s’accapare les jouets mis à sa disposition pour créer de belles surprises. On pense notamment à ces personnages qui viennent créer l’équipe autour de Deadpool et de Wolverine, permettant à chacun et chacune d’entre eux de briller (enfin et/ou à nouveau) le temps de quelques scènes extrêmement cools.

Le tout sent alors les contours de l’arc de comic-book, ne lésinant ni sur l’iconisation de ses héros (même si cela passe par des ralentis intempestifs utilisés à outrance sur chaque personnage) ni dans un too much génialement jouissif dans ses massives scènes de combat et dans les killshots continuellement très inventifs (les fights entre DP et Logan sont très maîtrisés, tout comme les séquences dans le QG de Cassandra Nova et celle du « bus » dans le dernier acte du film, dernière pierre dans la NoWayHomisation bourrue et gonflée à l’ambition de ce troisième opus). Bref, Deadpool & Wolverine pétarade et envoie valser le MCU dans son petit monde, utilisant les codes du Multivers installés dans Loki pour faire collisionner ses deux héros mutants. Et c’est le générique de fin qui assoit et affiche clairement l’ambition de cet épisode : l’ère de la Fox est terminée, pour de bon cette fois. Shawn Levy signe un film honnête et assumé, un hommage franc et inspiré qui aurait pourtant gagné à ne pas révéler autant au cours de sa promotion et à faire globalement un peu plus de cinéma. Donc oui, Deadpool & Wolverine c’est très bête. Mais Cassandra Nova le dit mieux que nous,  » Boys are so silly « … Boys will be boys, et on reprendra bien un autre shot de cette bêtise-là à l’occasion.

Titre Original: DEADPOOL & WOLWERINE

Réalisé par: Shawn Levy

Casting : Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin…

Genre: Action, Comédie, Science fiction

Sortie  le : 24 juillet 2024

Distribué par : The Walt Disney Company France

TRÈS BIEN

Laisser un commentaire