![]()

SYNOPSIS : Le terrifiant Freddy Krueger revient hanter les nuits des adolescents, jusqu’à ce que le docteur Nancy Thompson, qui fut jadis sa victime, engage le combat.
A l’origine de ce troisième volet de la saga au croque-mitaine griffu, il y a un sacré alignement des planètes. Fort d’un succès solide au box-office mais d’une réception critique très tiède, l’épisode précédent – composé en un an à peine sans Wes Craven à la barre – la New Line organise ses plans pour fonder la continuité de sa saga. Nous sommes en 1987, et le slasher est en perte de vitesse. Vendredi 13 en est à son sixième volet, Halloween s’apprête à sortir son quatrième, l’arrivée massive de la VHS dans les foyers assure les succès des films d’horreur à petit budget – convaincant définitivement les studios qu’il n’est plus nécessaire d’injecter de l’argent dans les films pour garantir leurs succès, précipitant le genre dans une suite sans fin de productions médiocres tournées à la chaîne. Mais Freddy Krueger n’a pas dit son dernier mot, car à l’aube de sa troisième excursion dans les rêves de ses victimes, c’est son Papa qui revient faire un tour à Elm Street. Wes Craven, alors qu’il s’apprête à tourner L’Amie Mortelle (raison pour laquelle il ne réalisera pas cet opus), signe une première version d’un script avec l’objectif clair de conclure la saga – objectif qui, pour des raisons mercantiles évidentes, ne sera bien sûr pas du tout accompli. Son premier scénario devrait d’ailleurs parler aux connaisseurs de la franchise, puisque Craven prévoyait de faire venir Freddy dans le monde réel, alors qu’il hante sauvagement des acteurs sur le tournage d’une suite aux Griffes de la Nuit. Cette idée méta lui sera refusée, mais elle ressurgira évidemment lorsqu’il s’attèlera en 1994 au volet » final » Freddy Sort de la Nuit. Le script commencera donc à prendre sa forme finale lorsque Bruce Wagner apportera sa plume, puis lorsque la New Line se mettra en quête de son réalisateur… Alors qu’ils convoitent d’abord Joseph Ruben (réalisateur de Dreamscape), ce dernier est contraint de refuser, occupé sur le tournage de son prochain film Le Beau-Père. Mais Ruben leur conseille un certain Chuck Russell, son co-scénariste, actuellement bloqué dans la production de sa première mise en scène. Russell débarque alors, accompagné de son propre co-scénariste avec qui il peine à réaliser The Blob (et qui n’est autre que Frank Darabont), et réécrivent les pages de Craven et Wagner. Avec Russell à la barre, Freddy 3 est cette fois-ci prêt à rouler.

Ce nouvel épisode fait une impasse sur le volet précédent, et voit le retour de la protagoniste du film original sous les traits d’Heather Langerkamp. Freddy fait son comeback sur Elm Street, hantant les rêves d’adolescents du quartier pour les pousser à se donner la mort. Alors que la jeune Kristen Parker survit de justesse à une tentative de suicide, elle est internée avec d’autres survivants de son âge dans une aile de l’hôpital psychiatrique de Westin Hills. Si les médecins ne la croient pas quant au mystérieux tueur au visage carbonisé qui tente de la tuer pendant son sommeil, le groupe de jeunes est alors soutenu par Nancy Thompson (le personnage de Langerkamp) qui, elle, croit en l’existence et en la menace de Freddy. Alors que le croquemitaine passe à l’attaque, les jeunes se regroupent et forment les Dream Warriors afin d’utiliser l’arme de Krueger contre lui en reprenant le contrôle de leurs rêves…

Autant assumer dès le début notre affection pour ce troisième opus : Les Griffes du Cauchemar est, à notre humble opinion, le tout meilleur de la saga, une marque durable à l’intérieur de son sous-genre, une apogée génialement divertissante et brillamment intelligente de l’âge d’or du slasher movie. Rien que ça, une pluie d’idées extraordinaires qui s’abattent sans honte ni retenue dans ce qui se modèle vite comme une matrice du film d’aventure, voire même du film de super-héros, moderne. Cette réinvention de sa propre franchise, Craven et ses illustres co-scénaristes l’inaugurent par le changement d’échelle. Si le premier épisode de la saga déclinait les codes du genre avec grand talent (la final girl qui rivalise avec son démon, le boogeyman avec armes blanches qui surgit par jumpscares, la galerie de jeunes qui se font dézinguer à la chaîne, les meurtres à l’imagination débridée et tutti quanti), et que le second s’en écartait dans une proposition de body horror beaucoup plus cheap et moins maîtrisée, Les Griffes du Cauchemar est un pur film d’aventure. Une bande de jeunes, tous poursuivis par leurs démons, vont s’allier dans les couloirs immaculés d’un hôpital psychiatrique, luttant à la fois contre le mépris désintéressé des adultes qui réfutent leur parole et contre la malédiction qui frappe la nouvelle génération. Ce troisième Freddy est l’entrée la plus stimulante de sa franchise, dans le pur jus des 80s et de leur générosité narrative et visuelle totale. Cela passe par une écriture au cordeau, jouant sans les freins avec un humour finement dosé entre ridicule total et ironie brillante, un sens limpide de l’écriture de ses personnages (si dans le slasher movie type les protagonistes sont souvent de la chair à canon, cet épisode rebat les cartes en réussissant – à quelques exceptions près – à leur donner corps et âme, même pour quelques instants seulement) et une violence graphique plus digne de l’héritage de son original que du gloubi-boulga un brin désarticulé dégainé par le deuxième.

Dream Warriors (le titre original du film et de la chanson de Dokken qui habille le générique de fin), grâce à son sens débridé du grand spectacle horrifique, à son ambition épique de film d’aventure moderne, à son imagination morbide et sanguinolente, à son refus de la facilité budgétaire et de la paresse créative, se pose in fine comme un pur bijou du genre, une sorte de marqueur absolu de son sous-genre qui se regarde toujours aussi bien aujourd’hui (à l’exception de quelques effets spéciaux à qui le temps passé n’a pas fait grand bien). D’un « Welcome to Prime Time, bitch ! » à une autre mise à mort façon marionnette de chair, Les Griffes du Cauchemar et son casting aux perles naissantes (c’est à peine le deuxième rôle de la carrière de Patricia Arquette, et l’on retrouve également un tout jeune Lawrence Fishburne aux détours de ces couloirs blancs) brille par la réinvention totale qu’il fait de sa franchise, délaissant les contours de la réalité adolescente pour s’aventurer dans les méandres du monde des rêves. Un groupe de jeunes qui s’unissent pour aller faire la fête à Freddy sur son propre territoire en reprenant le contrôle de leurs cauchemars : qu’est-ce que la saga d’Elm Street pourrait-elle faire de plus cool ? Sous la BO épique et inquiétante d’Angelo Badalamenti (sa première dans la franchise), habité par les décors à tomber par terre de James R. Barrows (qui, au gré de l’intrigue et des attaques de Freddy, se désintègrent, tombent en lambeau, se transforment, deviennent des pièges mortels…), il se trouve probablement à l’intérieur de ce troisième opus le secret ultime de la suite parfaite. Craven, Russel, Wagner et Darabont n’ont pas froid aux yeux et proposent de creuser la saga à son origine (littéralement) pour monter un divertissement diablement efficace balisé par un propos radical sur les traumas générationnels transmis des parents à leurs enfants. Dans un chaos généralisé absolument génial qui décompose le monde des rêves et ses démons pour mettre en lumière le peu d’espoir qui subsiste, le tout en dégainant un second degré à couper au couteau dans un équilibre d’une solidité impressionnante, Les Griffes du Cauchemar représente tout ce que le divertissement Video Club porte de meilleur, sublimant l’âge d’or du Slasher movie par son imagination tout terrain, sa bataille finale un brin ridicule, ses personnages à la limite du too much et ses répliques pétaradantes qui fusent aussi vite que Freddy fait tomber ses griffes. Et si sa fin, tragique et inattendue, devait dès lors clôturer la franchise, l’argent en décidera autrement et poussera Freddy à revenir hanter des cauchemars pour encore quelques années. Avec le même succès… ? Le doute est permis, mais n’écorchera en rien le plaisir que l’on a à voir, revoir et rerevoir en boucle ce grand, bizarre et brillant morceau de cinéma qui semble aussi tenace face au temps que son boogeyman star.

Titre Original: A NIGHTMARE ON ELM STREET 3 : DREAM WARRIORS
Réalisé par: Chuck Russell
Casting : Robert Englund, Heather Langenkamp, Patricia Arquette …
Genre: Epouvante-horreur, Thriller
Sortie le : 17 juin 1987
Distribué par: Metropolitan FilmExport
TOP NIVEAU
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 80








































































































































