Critiques Cinéma

L’EMPIRE DES SENS (Critique)

SYNOPSIS : Ancienne geisha, Sada sert désormais comme servante dans une auberge de Tokyo. Elle attire bientôt l’attention de Kichi, le mari de la patronne, et devient sa maîtresse. Le couple va éprouver l’un pour l’autre un désir jamais connu jusque-là, qui les conduira à s’extraire de la vie réelle…

Le 20ème long métrage de Nagisa Oshima est basé sur une affaire qui avait choqué le Japon dans les années 1930. L’histoire d’une relation vouée à l’échec entre une ancienne prostituée Sada et un homme marié, sexuellement vorace, Kichizo. Dans un pays qui se prépare à la guerre, Kichizo quitte sa femme pour Sada, et les deux amants se retirent du monde extérieur afin de se consacrer à la réalisation de leurs fantasmes érotiques, tout en tentant d’obtenir un épanouissement orgasmique. Leur histoire connaitra une fin tragique. Dans le sillage du tout aussi célèbre Salò ou les 120 Journées de Sodome (Pasolini) sorti un an avant, Nagisa Oshima réalise un véritable classique de l’obsession érotique. Sorti en 1976 le film avait pour but de choquer et de provoquer, et là-dessus, on peut dire que c’est réussi. L’empire des sens a été largement interdit lors de sa première sortie, notamment à cause de ses scènes graphiques explicites et du sexe non simulé entre les acteurs.


C’est Eiko Matsuda qui incarne Sada, cette ancienne geisha devenue prostitué à la recherche d’un emploi quelle trouvera dans l’auberge de Kichi (Tatsuya Fuji). Nourrissant un amour fanatique pour Sada, il en vient a quitter sa femme. Peu de temps après, ils entament une liaison obsessionnelle dans laquelle ils ont des relations sexuelles compulsives et variées. David Lynch disait : « Le sexe est la porte d’entrée vers quelque chose de si puissant et mystique, mais les films le décrivent généralement de manière complètement plate. » Ici rien de plat, bien au contraire, Oshima transforme des scènes pornographiques en quelque chose de puissamment troublant avec une résonance culturelle. Pour capturer cette obsession intime, il laisse de côté les personnages secondaires pour se concentrer uniquement sur ses acteurs principaux. Ces derniers ne se soucient pas du monde extérieur, la seule chose qui les intéresse, c’est eux-mêmes. Le public perd également la notion du temps et de l’espace en observant cette relation psycho-sexuelle avec l’œil d’un voyeur. Ce voyeurisme est également émotif et thématique poussant la férocité du désir pour ses personnages secondaires, geishas et servantes qui s’immiscent souvent dans les rapports sexuels tout au long du film.


Mais à trop vouloir choquer, le réalisateur et le scénariste en oublient les contours de l’histoire. Le scénario fait preuve de facilités accablantes, le couple ne subit jamais rien des aléas de la vie. Leur amour n’est jamais soumis à rude épreuve, Sada ne tombe ni enceinte, ni malade et ils ne se séparent jamais et n’ont jamais de querelle d’amoureux. Plus important encore, ils ne s’intéressent absolument pas au passé de chacun, cela fait partie de leur indifférence extatique à l’égard de tout autre moment présent.


Oshima poursuit son désir de repousser les limites en nous montrant de près ce qu’est la vie d’une prostituée. Il montre la sexualité de façon explicite et la façon dont il l’expose peux endommager l’esprit humain, il va même plus loin en nous affirmant que cette sexualité réprimée est le résultat d’une politique autoritaire. En apparence, même si L’empire des sens est certainement à ranger dans la catégorie pornographie, Oshima ne présente pas son film comme un fantasme au regard masculin, avec la femme qui cherche à plaire à un homme. Le plaisir dans ce film semble être principalement celui de Sada, qui évolue inévitablement vers la vraie violence jusqu’à une conclusion horriblement logique. Le réalisateur Nagisa Oshima dresse un portrait sans compromis d’une passion sexuelle obsessionnelle. Tout en critiquant une société japonaise répressive, il signe un drame puissamment et délibérément claustrophobe qui manque néanmoins de profondeur. Un film controversé, intrépide et provocateur avec des séquences prolongées et détaillées qui brise toutes les normes traditionnelles.


Titre Original: AI NO KORIDA

Réalisé par: Nagisa Oshima

Casting : Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima .…

Genre: Drame, Erotique

Sortie le : 15 septembre 1976

Sortie en Coffret Ultra Collector chez Carlotta Films le : 18 juin 2024

Distribué par: –

BIEN

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