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SYNOPSIS : Une jeune femme, Alex, se fait violer par un inconnu dans un tunnel. Son compagnon Marcus et son ex-petit ami Pierre décident de faire justice eux-mêmes.
Sorti il y a plus de 20 ans, Irréversible fait partie de ces films qui ont provoqué un véritable choc lors du festival de Cannes. Après avoir réalisé Seul contre tous en 1998, le réalisateur Gaspar Noé n’en restait pas moins inconnu en dehors des cinéphiles chevronnés, mais son nom allait rapidement faire le tour de la Croisette avec la présentation de son nouveau film : Irréversible. Lors de cette projection à Cannes, plusieurs personnes sont prises de malaise et environ 200 spectateurs quittent la salle avant la fin du film. Et pour cause, le film est extrêmement controversé et choque véritablement avec (notamment) ses deux scènes violentes tant sur le plan physique que psychologique. Irréversible, s’est fait connaitre principalement grâce à son imagerie viscérale, sa désorientation et ses caractéristiques technique. Doté d’une histoire assez simple, le film est (seulement) composé de 13 séquences ainsi que de longs plans-séquences. Son montage original est connu pour présenter une chronologie inversée rendant le tout difficile à comprendre au premier abord, nous offrant une histoire désorientée qui nous emmène de l’obscurité de l’existence humaine à une lumière éblouissante.

Irréversible suit l’histoire de Marcus (Vincent Cassel) et Pierre (Albert Dupontel), deux hommes qui descendent dans la nuit miteuse de Paris pour se venger de l’homme qui a impitoyablement battu et violé la petite amie de Marcus, Alex (Monica Bellucci). Aussi émouvant que dérangeant, le film documente une soirée où les liens sont mis à l’épreuve, le destin intervient et où des vies sont rendues irréparables en un instant. La séquence d’ouverture s’ouvre dans la violence d’un club parisien où la caméra tourne vertigineusement et semble vouloir donner au spectateur une crise d’épilepsie. Il est difficile de comprendre l’orientation de la caméra et les teintes rouges nous font penser à un rêve fiévreux pendant que Marcus recherche frénétiquement l’agresseur d’Alex. Cette nervosité s’arrête pour laisser place à l’un des passages à tabac les plus durs jamais montrés dans un film. Cette scène, qui parait très longue, est la scène la plus inconfortable du film avec, bien évidemment la scène de l’agression d’Alex. Car personne n’apprécie une scène de viol dans un film, et Irréversible nous confronte de plein fouet à cela avec l’un des viols les plus horriblement détaillés. C’est un plan statique interminable, qu’il est très dur de regarder jusqu’au bout, si dur que même la principale concernée, Monica Bellucci a toujours refusé de revoir cette scène dévastatrice.

Elle, qui livre une excellente prestation au travers de son personnage et qui arrive à nous montrer une Alex si enjouée et heureuse, mais malgré tous ses efforts, on ne peut oublier ces images tragiques. Tout comme le reste du casting qui excelle, et qui arrive à nous passionner (par la suite) dans ce triangle amoureux, les terribles images vues avant, ne peuvent s’effacer. Et c’est pour contrer cela que, quelques années plus tard, Gaspar Noé nous offre une version prénommée Straight Cut, où les scènes ont été placées dans l’ordre chronologique, cette nouvelle coupe offre l’occasion de voir le récit sous différents angles. Cette version est plus conventionnelle et donne l’impression que Gaspar Noé essaye de rendre son film plus accessible. En faisant cela, il montre surtout à quel point l’ordre d’un film est important et que la manière de raconter une histoire affecte le ressenti des spectateurs de façon différente avec pourtant exactement les mêmes éléments. On découvre donc un tout nouveau début déchirant où l’innocence est imprégnée au travers de notre rencontre avec Alex, une femme pleine de vie et de curiosité qui se prélasse dans un parc.

Alors que le montage original nous a désorientés dès le départ mais laisse la violence derrière nous à mesure que nous progressons dans l’histoire, ici c’est le contraire. Jusqu’au début de l’incident, cette version nous permet de savourer la vie avant la violence. Cependant, comme Alex disparaît plus rapidement du film, elle devient paralysée dans nos esprits au travers du prisme de son viol. Comment pouvons-nous imaginer qu’Alex trouvera le bonheur ou qu’elle pourra redevenir cette personne que nous avons appris à aimer au cours des cinquante premières minutes ? Encore une fois, Noé nous plonge dans la terreur existentielle et nous montre clairement que la violence collective résout rarement les crimes. Du drame vient l’horreur, et pour son troisième film, le réalisateur cherche clairement à créer un malaise avec son histoire dévastatrice, et ce, quelle que soit la forme du montage. Il délivre un message à la fois écœurant mais aussi magistral, avec une prodigieuse technique de réalisation. Sauvagement efficace, Irréversible est d’une brutalité immuable et inébranlable que l’on n’ait pas près d’oublier.

Titre Original: IRRÉVERSIBLE
Réalisé par: Gaspar Noé
Casting: Monica Bellucci, Vincent Cassel, Albert Dupontel…
Genre: Drame, Thriller
Sortie le: 22 mai 2002
Distribué par: –
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000








































































































































