Critiques Cinéma

DEAD OR ALIVE 2 : BIRDS (Critique)

SYNOPSIS : Chargé d’exécuter un chef yakuza, Mizuki manque sa cible à cause de Shu, son vieil ami d’enfance. Shu retrouve finalement Mizuki sur leur île natale. Mais le travail reprend ses droits…

L’idée d’une suite à Dead or Alive laisse perplexe dans un premier temps, et ce n’est rien de le dire. A la fin du premier opus, Takashi Miike trouve l’échappatoire ultime au traditionnel duel de flingue qui ferme les films de gangster en conférant à ses deux protagonistes des pouvoirs magiques, dont l’explosion ne provoquera rien de moins que la destruction du Japon. « What an ending « , dira-t-on. Et pourtant, Dead or Alive 2 existe, il reprend les mêmes, change littéralement tout et ne recommence pas tout à fait. Jouant l’anthologie mystérieusement interconnectée à son aîné, ce deuxième épisode nous fait le plaisir de réunir à nouveau Shō Aikawa et Riki Takeuchi en tête d’affiche. Le premier, blond à souhait, y incarne un tueur à gage nommé Mizuki Otamoko, alors que le second devient le gangster taiseux Shuuichi Sawada. Un jour, le premier est chargé d’assassiner un chef yakuza, mais il ne peut que voir le second lui voler sa mission avant qu’il n’ait réussi à tirer. Tous les deux fuyant pour échapper aux gangsters qui les traquent, ils finissent par se retrouver : ils sont amis d’enfance et vont profiter de leur temps loin du bain de sang à Tokyo pour reconnecter et faire émerger des souvenirs et autres émotions.



Ce deuxième Dead or Alive vient alors prendre officieusement la suite de son prédécesseur en procédant à une complète rupture de ton (même s’il on y retrouve toujours l’appétit malsain de son réalisateur à travers ses scènes de massacres et son mauvais goût assumé). A travers de Dead or Alive 2, beaucoup plus posé que son aîné et, à quelques égards même, bien plus touchant, Takashi Miike met en scène une œuvre frontalement personnelle sur le temps qui passe et sur l’innocence de l’enfance par le prisme d’un duo de tueurs à gages qui se réunissent dans une doucereuse nostalgie. Pendant ce temps, comme un filet de sang qui recouvre l’ensemble, les gangs de Tokyo se mettent langoureusement sur la tronche à coup de règlements de compte et de vengeances profondément amorales, nouant cette connexion tant cherchée entre les deux personnages principaux et l’imagerie du yin et du yang. Mizuki Otamoko et Shuuichi Sawada sont les deux opposés d’un même prisme, deux oiseaux de proie aux âmes connectées qui se retrouvent pour presque fusionner dans une quête entre bien et mal. Faire le mal pour le bien, est-ce la solution aux malheurs du monde ?


Se drapant d’une certaine lumière là où le précédent épisode ne voyait que le chaos et la destruction totale et irrémédiable dans sa ligne de mire, Dead or Alive 2 surprend complètement par un contrepied quasiment en état de grâce, jouant sur le fil de l’étrange, de l’absurde et du malaise contrôlé (à l’image de cette folle scène de la pièce de théâtre, jouant des stéréotypes d’un autre temps impliqués dans des sous-entendus à connotation sensibles devant des enfants hilares pendant qu’en parallèle, de l’autre côté d’un montage alterné névrotique, des yakuzas se font mutuellement sauter la cervelle en gros plan dans un tsunami de chair et de sang). A ce titre, ce second opus se révèle bien plus séduisant que son prédécesseur, troquant ses aspects d’hyperviolence au final un peu vains contre une zone de lumière qui fait poindre quelques étendus de beauté dans un jeu de massacre habilement plus maîtrisé. Qui a dit qu’hyperviolence et émotion ne pouvaient pas coexister ?



Dans un jeu de ping-pong âprement ambiguë entre bien et mal, Shō Aikawa et Riki Takeuchi jouent à l’ange et au démon dans un opus réjouissant et explosif qui sort de ses propres rails pour emmener le spectateur dans une direction perpendiculaire à l’intégralité de ses attentes. Et à plein d’égards, cette surprise inhabituelle dans le cinéma de Miike rend l’expérience de ce deuxième épisode encore plus satisfaisante, tant elle semble communiquer en temps réel avec son public pour toujours plus le prendre de court avec génie. Car, après le nihilisme total de la conclusion du premier volet, Miike ferme sa suite avec une jolie note d’espoir, comme si les deux épisodes composaient eux aussi le yin et le yang de leur propre saga.

Titre Original: DEAD OR ALIVE : TOBOSHA

Réalisé par: Takashi Miike

Casting: Riki Takeuchi, Sho Aikawa, Edison Chen…

Genre: Policier

Sortie le: 21 janvier 2004

Reprise le : 10 juillet 2024

Distribué par: Splendor Films

EXCELLENT

Laisser un commentaire