Critiques Cinéma

LES PISTOLETS EN PLASTIQUE (Critique)

SYNOPSIS : Léa et Christine sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu’elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d’être arrêté dans le Nord de l’Europe…

C’est le troisième long-métrage dans lequel Jean-Christophe Meurisse met en scène ses Chiens de Navarre, après les subversifs et chaotiques Apnée et Oranges Sanguines : Les Pistolets en Plastique (titre tout aussi étrange et drôlement à contre-courant que les précédents) joue cette fois à rebondir sur la réalité. Cette réalité en question ne sera rien de moins que l’affaire Dupont de Ligonnès – à peine suggéré par l’histoire du film et par la génialissime affiche qui pose directement les points sur les i. Le film raconte, par une enfilade de saynètes burlesques, la recherche intensive de l’ennemi public numéro 1 en France. Paul Bernardin a disparu mystérieusement, volatilisé après avoir assassiné de sang-froid toute sa famille. De nombreux personnages se retrouvent alors à courir après ce tueur à la notoriété publique grandissante : un duo d’enquêtrices en herbe pénètre le lieu du massacre, un profiler de grand talent suit une piste et un danseur de country est arrêté au Danemark…



A l’image de leurs précédentes excursions cinématographiques, la troupe théâtrale des Chiens de Navarre réitère avec cette nouvelle absurdité décapante et insaisissable, aussi détestable qu’elle est hilarante, composée sous les plumes de Meurisse et d’Amélie Philippe. En dégainant, saynète après saynète, gag après gag, choc après choc, une suite ininterrompue de dialogues profondément croustillants interprétés par une galerie sensationnelle de comédiens et comédiennes brillants, Jean-Christophe Meurisse fait avec son nouveau long-métrage une exploration macabre et sans concession de l’appétit sensationnaliste et sanguinolent de l’opinion publique et des corps médiatiques. Le film passe au crible les fans obsessionnels de « true crime » par le biais de ces bien curieux personnages mal dégrossis qui s’invitent dans une valse condamnée à finir dans le sang.

En composant également avec des invitations régulières de guests pour venir épicer l’ensemble (on retrouve pêle-mêle Jonathan Cohen en pleine autopsie, Nora Hamzawi en passagère enceinte bien bavarde, ou encore Aymeric Lompret et Vincent Dedienne dans la meilleure scène du film, une négociation en anglais médiocre, qui se paye leur part de répliques mémorables), Les Pistolets en Plastique retrouve peu ou prou le même sens de l’humour à charge et de la satire salement noire que le précédent Oranges Sanguines, mais s’avère au final moins fonctionnel, moins habilement rythmé, et en fait beaucoup plus vain dans ce qu’il tente d’extraire de son sujet. Le pic trashos du film, arrivant en fin de parcours et mettant en scène les deux enquêtrices et une cuillère (pour ne pas spoiler), tombe alors comme un vrai cheveu sur la soupe, beaucoup trop gratuite et visuelle pour parvenir à dire quelque chose. On pourra aussi aisément discuter du mauvais goût profondément assumé de la mise en images du massacre de Bernardin, qui – certes – met en abîme l’appétit voyeuriste de son spectateur, mais ne manque certainement pas d’y tomber également les deux pieds dedans…



Tout de même servi par un casting génialissime de naturel et de réparties virevoltantes (Delphine Baril, Charlotte Laemel, Gaëtan Peau, Anthony Paliotti et Laurent Stocker en tête de proue), Les Pistolets en Plastique – s’il n’en démord pas dans son cynisme total, presque anarchiste, qui joue avec les nerfs du spectateur pour jouer la provoc’ – s’avère louper le coche dans la construction de son ensemble. Son final, pas vraiment final, donne l’impression que le film manque d’un travail global d’écriture dans ses embouchures, ce qui paraît vraiment dommage tant la majorité des scènes, lorsqu’on les isole, sont des petits chefs-d’œuvre de noirceur et de minutie de dialogues (le monologue de la concierge voisine de Bernardin est à inscrire au patrimoine des dérapages contrôlés les plus hilarants vus récemment). On sort du film finalement moins convaincus que par la proposition plus solide de leur précédent Oranges Sanguines, ayant cette fois moins réussi à cadrer l’intégralité de leur sujet dans cette heure quarante sanguinolente et sarcastique qui, au final, ne dit vraiment pas grand-chose.

Titre Original: LES PISTOLETS EN PLASTIQUE

Réalisé par: Jean-Christophe Meurisse

Casting: Laurent Stocker, Delphine Baril, Charlotte Laemmel

Genre: Comédie

Sortie le: 26 juin 2024

Distribué par: Bac films

BIEN

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