UNE VIE (Critique Blu-Ray)

Par Pierre Chamb le juin 24, 2024 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où 669 enfants juifs trouveront refuge. Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui…

L’incroyable histoire de Nicholas Winton a été révélée au grand jour grâce à une émission anglaise diffusé sur la BBC en 1988 That’s Life. Vidéo très regardé sur YouTube, celle-ci nous présentait Nicholas Winton, un agent de change londonien venu raconter son histoire et plus précisément son sauvetage de 669 enfants avant l’invasion nazie en Tchécoslovaquie lors de l’année 1939. Dans cette émission, il s’est avéré qu’à l’insu de Winton, le public était rempli de personnes ayant survécu grâce à lui. Un à un, ils se levèrent et remercièrent leur bienfaiteur. Une vie est directement inspirée de cette merveilleuse histoire, et qui de mieux pour incarner « le Schindler britannique » qu’Anthony Hopkins. L’humanité fragile qu’il a dépeinte dans le film primé aux Oscars The Father a une nouvelle fois montré qu’il avait les capacités pour interpréter Winton, innocent et sans prétention mais dur à sa manière.

Le film est scindé en deux parties qui s’entrecoupent et se croisent pendant 1h45. Nous suivons d’abord la retraite d’un Nicholas qui prend plaisir à compter la monnaie des boîtes de collecte de charité alors que la nouvelle du krach boursier de 1987 apparaît. Puis lorsque celui-ci retrouve un album contenant les détails de l’évacuation, nous découvrons l’organisation de cette évasion de réfugiés dans le Prague d’avant-guerre. Comme évoqué précédemment c’est Anthony Hopkins qui incarne Winton âgé, tandis que Johnny Flynn l’incarne dans sa jeunesse, arborant le rôle d’un socialiste, qui va mettre à profit ses compétences organisationnelles considérables pour faciliter les démarches administratives qui peuvent s’avérer extrêmement longues. Flynn arrive à correspondre incroyablement bien à Hopkins, avec près de cinquante ans d’écart mais incarnant exactement la même âme discrète, non conflictuelle et pourtant déterminée.

Le drame de James Hawes, aborde ce fait historique avec prudence, les segments du film sont traités avec efficacité mais cela freine tout effort de réalisme. Tout est tourné sous un beau jour, le réalisateur compte sur les connaissances des spectateurs en matière d’histoires pour combler ses lacunes. C’est un sujet sensible qui aurait pu offrir des scènes incroyables, poignantes et dures à la fois mais le film fait le choix de placer l’émotion dans la parole et dans la pensée au travers de moments intimes plutôt que de montrer de grandes cinématiques. Le film se veut également très optimiste envers Winton, ne montrant à aucun moment le moindre doute de sa part, ni le moindre moment de faiblesse et bien que personne ne puisse nier ses incroyables compétences humanitaires, un simple éclair ou une simple fêlure aurait pu montrer d’avantage son humanité. Nous avons tous nos défauts, et en montrer un ou deux, même une toute petite fissure, est ce qui fait de nous de vraies personnes. En revanche sa maman nous parait plus accessible, Helena Bonham Carter nous offre un rôle plein de tendresse et de force. Lena Olin est touchante en tant qu’épouse solidaire tandis que Romola Garai fait preuve de bon sens dans le rôle de Doreen Warriner. Le casting est une vraie force et nous permet de ne pas oublier que Winton n’était pas seul, les historiens tiennent à souligner que même si Winton était le visage, d’autres ont pris autant (sinon plus) de risques.

Jason Hawes qui a fait presque toute sa carrière dans la télévision et les téléfilms sait où placer la caméra pour obtenir la plus grande réaction possible de ce récit larmoyant. Il en ressort un biopic centré sur les efforts humanitaires d’une équipe dirigée par Winton et qui a gardé cette histoire secrète pendant des décennies. Bien qu’un peu trop inoffensif, c’est un récit plein d’espoir qui nous permet de prendre conscience de cet épisode historique et surtout de ne pas oublier.