Critiques Cinéma

THE BIKERIDERS (Critique)

SYNOPSIS : Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu… Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.

Pour son nouveau film, son retour derrière la caméra depuis Loving en 2016, le réalisateur Jeff Nichols prend la direction du roman-photo dans l’univers des gangs de bikers dans l’Amérique des années 60. Adaptant officieusement le livre du photographe Danny Lyon (interprété dans le film par Mike Faist), The Bikeriders suit la trajectoire d’une flopée de personnages à travers le Midwest, non loin de la ville de Chicago. Le film, qui aura connu une fin de production chaotique entre le rachat de la 20th Century Fox et la grève des scénaristes, aura mis du temps à trouver le chemin des salles obscures, mais met enfin ses engins en marche pour un rodéo mécanique particulièrement attendu par ses spectateurs. Dans The Bikeriders, Johnny (Tom Hardy) fonde par passion et par ennui un club pour réunir les amateurs de grosses cylindrées du coin, les Vandals MC. Kathy (Jodie Comer), passant un soir par hasard dans leur bar, rencontre Benny (Austin Butler). Le temps et la violence du milieu transformera vite le club de passionnés en un véritable gang, emmenant ses protagonistes dans une spirale destructrice…


Dans l’optique de réaliser une prise de vue précise et référencée de l’univers des bikers américains des sixties, dans ce qu’il implique de passion, de fraternité, de violence et de tragédies, Nichols suit la ligne artistique du roman-photo dont il s’inspire, à la différence près qu’il opte pour la couleur à la place du noir et blanc des photographies de Danny Lyon (qui, lui, a suivi les Outlaws MC, eux bien réels à l’inverse du gang fictionnel du long-métrage). Le film est alors construit comme un drame de gangsters, puisant ses inspirations dans le mode de vie de ses protagonistes comme dans leurs rapports amicaux et familiaux. Car si Austin Butler et Tom Hardy, avec leurs blousons de cuir à la Sons of Anarchy, sont au centre de l’affiche, c’est surtout par le prisme du personnage de Jodie Comer que The Bikeriders se construit. Par ses yeux, Nichols suit la trajectoire de Benny (second du gang, impeccable Austin Butler même s’il paraît encore coincé dans son Elvis – le tournage ayant eu lieu en 2022), dans ses rapports fraternels avec Johnny (Tom Hardy excelle également dans sa partition) et dans les complications que sa vie à moto implique dans son mariage avec sa femme. Le film creuse les rapports à la masculinité, par cette fierté viriliste qui pousse les hommes à s’imposer en leader, à prouver leur supériorité aux autres ou à faire connaître la légitimité d’une nouvelle génération prête à en découdre.


Jeff Nichols opère alors, dans sa mise en scène comme dans son scénario, une proposition sèche de cinéma, un récit saisissant photographiant la mutation d’un groupe de passionnés en un véritable gang avide de pouvoir. Le travail de l’image effectué par Adam Stone suit l’ambition du script de Nichols et la rugosité réaliste du roman-photo qui les a inspirés en encapsulant les personnalités ubuesques et sympathiques, bien que souvent pathétiques, des différents personnages qui défilent à l’écran. Le casting n’est pas en reste, offrant à Michael Shannon, Norman Reedus, Beau Knapp ou encore Boyd Holbrook des personnages complets peints dans un portrait aussi savoureux qu’il est référencé et sombre en apparence.


En somme, The Bikeriders se dresse au niveau des espérances grâce à un équilibre rythmique très bien tenu et la musique de David Wingo (habitué de son réalisateur). Jeff Nichols signe un long-métrage enflammé et intelligent sur le milieu des gangs de bikers, se servant de l’essence du storytelling de Scorsese pour nourrir son moteur et son ambition de rise and fall. Si quelques points d’intrigues semblent parfois un peu cousus de fils blancs et certaines écritures de personnages bien romancées (notamment chez Jodie Comer, dans la relation qu’elle entretient avec le personnage d’Austin Butler), The Bikeriders se fait midwestern crépusculaire, filmant la mort lente de ses personnages dans un cruel cercle vicieux.

Titre original: THE BIKERIDERS

Réalisé par: Jeff Nichols

Casting: Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy…

Genre: Policier, Drame

Sortie le: 19  juin 2024

Distribué par : Universal Pictures International France

EXCELLENT

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