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THE BOYS (Critique Saison 4 Episodes 1×01 – 1×03) Un démarrage de saison riche en intrigues…

SYNOPSIS : Le monde est au bord du gouffre. Victoria Neuman est plus proche que jamais du Bureau Oval et sous la coupe musclée du Protecteur, qui consolide son pouvoir. Butcher, qui n’a plus que quelques mois à vivre, a perdu le fils de Becca et son poste de chef des Boys. Le reste de l’équipe en a assez de ses mensonges. Les enjeux étant plus élevés que jamais, ils doivent trouver un moyen de travailler ensemble et sauver le monde avant qu’il ne soit trop tard.

C’est désormais officiel depuis une paire de jours à peine : la saison 5 de The Boys sera celle qui clôturera la série phare de Prime Vidéo. Les regards se tournent alors vers la nouvelle salve d’épisodes qui est mise en ligne en ce mois de juin, pour ce qui s’annonce être l’antépénultième aventure des Boys contre les Supers de Vought. Ce démarrage de saison est riche en intrigues. Après avoir assassiné de sang-froid, sous les regards extatiques de ses admirateurs, un soutien de Starlight, le Homelander se retrouve galvanisé par la montée d’un vent de suprémacisme blanc face aux manifestations des soutiens de sa rivale qui a laissé son alias super-héroïque pour retrouver son prénom Annie. Cette dernière s’est alliée aux Boys dans leurs plans pour contrer l’ascension politique de Victoria Neuman, approchant de plus en plus du Bureau Ovale dans une campagne présidentielle sans précédent soutenue par Vought. Les Boys, désormais financés par la CIA, sont menés par Mother’s Milk, Butcher subissant les conséquences de ses injections de Composé V dans la saison précédente. Bref, une confrontation sanglante et éminemment politique se laisse entre-apercevoir et ne présage rien de très bon pour une Amérique littéralement scindée en différents blocs qui cherchent à se détruire mutuellement par tous les moyens.

Eric Kripke ne lâche pas les rennes de la poule aux œufs d’or de Prime Vidéo avec ce début de saison 4, lançant avec une énergie dramatique étonnante les hostilités qui devraient mener la série vers sa clôture proche. Après une année de césure durant laquelle on a pu explorer les couloirs de l’université Godolkin, formant les Supers américains, dans l’excellent spin-off Gen V, c’est au tour des joyeux lurons de The Boys de faire leur rentrée. Par un premier épisode étonnamment moins trash et percutant que ce qu’on aurait pu attendre (même si la série ne renie jamais son goût pour les effusions de sang dérangeantes et les idées tordues sous la ceinture toujours plus démesurées), cette quatrième salve s’annonce plus lourde de conséquences et de propos que ses aînées. Le parallèle satirique avec l’Amérique moderne que Kripke et ses scénaristes conçoivent rend l’expérience encore plus saisissante et assurément plus mordante, notamment par le biais de son envie constante de creuser à fond l’intimité de ses personnages – y compris ses plus méprisables. En tête de proue, le fameux Homelander d’Anthony Starr continue d’être un régal de sociopathie et de charisme, son blond peroxydé commençant à s’effriter dans ces trois premiers épisodes alors qu’il tente de prendre son fils Ryan sous son aile et d’en faire le futur parfait de son Amérique idéale. On a hâte de voir la direction que va prendre l’arc de son personnage, étant pour ces nouveaux épisodes confronté à une relation intéressée avec une toute nouvelle Super, Sister Sage – la personne la plus intelligente du Monde, ayant pour nouveau job de jouer les masterminds derrière les plans de pouvoir d’Homelander.

De l’autre côté de l’échiquier, l’équilibre des Boys est remis en cause par le Butcher de Karl Urban (toujours irréprochable au possible), errant comme un junkie en manque, défiguré et ravagé par ses injections de Composé V ainsi que par le départ de Ryan pour la tour de Vought. L’arrivée du personnage incarné par Jeffrey Dean Morgan (qui retrouve Kripke après Supernatural) rebat les cartes en laissant apercevoir les conflits internes que va traverser Butcher dans cette saison. La narration de cette saison 4 continue d’exceller, se permettant de développer beaucoup de personnages en même temps sans jamais perdre le spectateur (on n’a pas parlé de Hughie et de sa relation avec son père, de Frenchie qui tombe amoureux, de Kimiko qui cherche à confronter son passé, des hésitations morales de A-Train, de The Deep et sa relation interdite à travers une paroi d’aquarium, du retour hilarant de Black Noir après avoir été troué dans la saison précédente, de l’arrivée de la Super complotiste Firecracker en tête d’affiche, et de tous ses personnages – et caméos improbables  – qui parviennent à se trouver une place de luxe au milieu du carnage).

Ce démarrage de saison se présente alors sous les meilleurs auspices, même si l’on saisit bien que le coup de grâce de cette quatrième salve reste encore à venir. Néanmoins, à une heure où la situation politique est au plus enflammée aux Etats-Unis (comme, à tout hasard, en France également…), et où les sujets de xénophobie, de totalitarisme, de suprémacisme, de théories du complot, de contrôle de masse des médias ou de propagande par la culture sont au centre du débat, cette saison de The Boys – et par extension la suivante – porte désormais sur le dos un poids politique non négligeable. En saisissant cette portée qui dépasse l’écran tout en proposant un grand spectacle à la fois sardonique et exigeant, la série de Kripke prouve à nouveau sa force de frappe, son ambition formelle, son regard acéré et ses parodies bas de plafond, qu’elle se tient sur la durée et qu’elle risque d’assurer pleine poire son antépénultième épopée. Mais comme Kripke l’a appris à la dure dans ses expériences passées, mieux vaut finir sur une bonne note qu’en essoufflant son concept jusqu’à la moelle. Faire de la saison 5 la dernière semble être la décision idéale, à tous les égards. Histoire de finir sur un bon gros feu d’artifice.

Crédits : Prime Video

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