Critiques Cinéma

LA COULEUR POURPRE (Critique)

SYNOPSIS : Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent, simplement désigné « Monsieur ». C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses « sœurs » sont désormais indestructibles.

Le roman d’Alice Walker, lauréat du prix Pulitzer en 1982, La couleur pourpre fait partie des œuvres inoubliables. Steven Spielberg a été le premier à adapter ce roman avec un film de prestige en 1985, vint ensuite la célèbre comédie musicale de Broadway en 2005 (relancée en 2015). Avec cette nouvelle adaptation sous forme de comédie musicale, la boucle semble désormais bouclée. La couleur pourpre commence quelque part en Géorgie en 1909 avec l’adolescente Celie (Phylicia Pearl Mpasi) assise dans un arbre en train de jouer avec sa sœur Nettie (Halle Bailey). Cette scène idyllique ne durera pas longtemps puisqu’elles seront vite séparées par la brutalité des hommes. Celie maltraitée par son père, Alfonso (Deon Cole), est mariée de force à un voyageur violent, cruel et abusif qui se fait appeler Monsieur (Colman Domingo). Elle se retrouve piégée dans un enfer et se sent seule au monde après que Nettie ait fui les avances des deux hommes et trouvé du travail comme enseignante en Afrique. Finalement, l’histoire avance dans le temps jusqu’en 1917, Celie désormais adulte (Fantasia Barrino, reprenant son rôle de la production de Broadway) vit toujours un cauchemar sous la main dure et brutale de Monsieur. Elle trouve l’inspiration auprès de deux femmes différentes mais fortes et indépendantes, Sofia (Danielle Brooks) l’épouse du fils plus sensible de Monsieur, Harpo (Corey Hawkins) une femme sûre d’elle qui se bat contre ceux qui tenteraient de la rabaisser. Puis il y a Shug Avery (Taraji P. Henson), une chanteuse de blues à l’esprit libre qui est la maîtresse occasionnelle de Monsieur mais surtout qui deviendra la protectrice de Celie.


Cette histoire de persévérance, de solidarité et de force féminine est signée par le musicien et réalisateur Blitz Bazawule qui arbore une approche moderne en insufflant une musicalité et un talent artistique dans chacun de ses plans, tout en rendant hommage aux traditions des comédies musicales de Broadway. La production est magnifiquement portée à l’écran avec des couleurs somptueuses et des angles intéressants, le directeur de la photographie Dan Laustsen ne laisse jamais la caméra se reposer. Il fait un très bon usage des lieux extérieurs et des décors d’époque authentiques conçus pour les numéros de danse sur le style de Broadway, le tout en donnant du rythme aux comédiens talentueux alors qu’ils interprètent les chansons émouvantes de la comédie musicale originale ainsi que de nouvelles musiques écrites pour le film.


Transformer une histoire aussi violente et dévastatrice sur fond de viol et de racisme en un spectacle musical n’est pas une mince affaire, la réussite de cet exploit repose en grande partie sur le casting exceptionnel du film. Fantasia Barrino survole les débats en incarnant Celie, l’héroïne principale torturée tant physiquement que psychologiquement, sa performance et son évolution au fil des minutes est exceptionnelle. Quant à l’arrivée de Danielle Brooks, elle dynamise vraiment le film avec son interprétation puissante d’une Sofia admirablement imprudente, elle apporte de l’humour, du courage et elle cherche à montrer l’émancipation féminine que Celie n’a jamais osé imaginer. Taraji P. Henson est naturelle dans son rôle de Shug Avery, une chanteuse glamour qui se lie d’amitié avec Celie, on sent l’alchimie naissante entre Barrino et elle, ce qui contribue à faire ressortir leur relation fusionnelle. Domingo est terrifiant et Corey Hawkins prouve qu’il n’y a rien qu’il ne puisse pas faire à l’écran ou sur la scène. Que ça soit le trio puissant composé de Barrino, Brooks et Henson ou le reste du casting, chacun à sa manière transforme la souffrance en portraits exaltants de survie et de force.


Au travers d’une lutte qui s’étale sur plus de 40 années autour d’une l’histoire d’amour teintée de violence et de racisme, on suit l’évolution des personnages, notamment Celie qui persévère et surmonte une vie d’abus pour finalement trouver l’amour. Le film est également rempli de scènes d’espoir, de rêves, de pardon et de rédemption, il parvient à trouver un juste milieu entre tragédie et divertissement. Malgré toutes ses représentations de misogynie, de chagrin et bien que l’histoire brutale soit la même que le roman et que ses prédécesseurs, contrairement à Spielberg, Bazawule suit le modèle et la version Broadway rendant une version moins poignante mais donnant lieu à des numéros de chants et de danses qui éclatent tel un feu d’artifices nous livrant une nouvelle version teintée de couleur, plus mélodieuse et plus libre.

Titre original: THE COLOR PURPLE

Réalisé par: Blitz Bazawule

Casting: Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks…

Genre: Drame, Comédie musicale

Sortie le: 24 janvier 2024

Distribué par : Warner Bros. France

EXCELLENT

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