Critiques Cinéma

VINGT DIEUX (Critique)

SYNOPSIS : Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.

En 2019, la jeune réalisatrice de Vingt dieux, Louise Courvoisier remportait à Cannes le prix de la Cinéfondation pour son court-métrage, Mano a mano. Cette année, Vingt dieux est présenté dans la sélection un certain regard, avec le charme de la ruralité jurassienne qui déboule sur la Croisette. D’autant que toute sa famille s’y est mise pour l’aider à concevoir ce film, avec des « vrais » agriculteurs qui y jouent. Du lait moins cru que Dumont et encore un peu caillé pour du Loach, mais très frais quand même !! La force de Vingt dieux repose particulièrement sur ces personnages très écorchés, très à vif. Avec eux on est dans le vrai, le dur, les épreuves de la vie. Point de caricature de la jeunesse des champs ou d’une forme de condescendance malsaine car c’est un film du cru !!


C’est un véritable western rural tant rien n’est épargné à Totone, qui doit se battre pour tout, tout le temps, et on ne saurait dire s’il en a l’habitude ou juste s’il aime ça, mais il est diablement attachant dans ces multiples luttes. C’est le climat très rafraichissant qui permet à Vingt dieux d’emporter la mise avec l’authenticité de la constante nécessité de devoir combattre pour le monde agricole, matinée de la spontanée sympathie des protagonistes mais aussi de leur rudesse, qui juste se déploie, se montre, se vit, sans jugement ou grande dissertation. Totone c’est un peu Hercule avec ses douze travaux, quand il s’attaque au concours du meilleur comté de la région. Son combat devient cette fabrication du lait, dont le spectateur peut alors mesurer toute la dimension dans un filmage très pédagogique entre la coagulation, le décaillage, le brassage, le moulage, qui sans faire de nous des experts, nous prend à témoin d’un véritable savoir-faire. Si dans Hexagone (1975), Renaud chantait « le pinard et le camembert, c’est leur seule gloire à ces tarés« , on peut aussi et surtout se réjouir qu’une caméra de cinéma vienne filmer la réalité de celles et ceux qui nous nourrissent.


Et c’est du cinéma !! Car c’est aussi le parcours de vie de Totone, qui s’initie non sans mal à l’amour, à la confrontation des normes et à devoir devenir un peu trop vite un adulte. Toute cette dimension psychologique et terriblement sociale donne beaucoup de relief à Vingt dieux et évidemment une dose d’humour non négligeable. On rit beaucoup mais toujours avec et jamais de. Le casting sauvage transpire à l’écran, dans les accents, la gestuelle, la façon d’être. Là aussi, l’intention de Louise Courvoisier ne pouvait être autre que de garder sa ligne directrice du souci de l’authenticité en confiant ses rôles titres à des paysans, des vrais.


Ainsi, Clément Favreau est un Totone ébouriffant d’énergie. Il n’a pas besoin de jouer, alors de fait, on frôle ici la perfection. Il en est de même pour l’ensemble de la troupe. Vingt Dieux est un film particulièrement précieux tant il souffle ce vent frais porteur d’espoir d’un cinéma français, qui n’en déplaise aux médisants, sait se renouveler, alors… Vingt Dieux !! Allez au cinéma !!

Titre Original: VINGT DIEUX

Réalisé par : Louise Courvoisier

Casting: Clément Favreau, Luna Garret, Mathis Bernard   …

Genre: Drame

Sortie le: 11 décembre 2024

Distribué par: Pyramide distribution

TRÈS BIEN

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