Critiques Cinéma

MEGALOPOLIS (Critique)

SYNOPSIS : Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.

Événement international d’abord car c’est un film de Francis Ford Coppola. Un nom qui nous fait rêver, un des maîtres de sa génération (La trilogie Le Parrain, Apocalypse Now) qui nous aura tellement fait vibrer, tant il a apporté à son art et donc à nos vies. Et Coppola qui sort un film, ce n’était de surcroit plus arrivé depuis 13 ans. Evénement international encore car le film est présenté à Cannes en cette année 2024 en compétition officielle, rendant d’autant plus fous d’attente les fans du monde entier. L’effervescence sur place confinant à une forme d’hystérie collective. Événement international enfin, car selon le principal intéressé, c’est le film d’une vie, il l’a en tête, dans le corps et dans le cœur depuis 30 ans au moins. Alors pour réaliser ce rêve et pour ne rien regretter, Coppola a tout hypothéqué et mis 120 millions de dollars sur la table. Et la Montagne accoucha… d’un souriceau…

On aurait tellement voulu aimer ce film, et peut-être même que nous aurions trouvé ici et là quelques excuses si tout n’avait pas fonctionné. Mais face à ce désastre, sans aucun faible et lâche plaisir de bruler une icône, il faut objectivement regarder ce film pour ce qu’il est : un ratage complet et un total accident industriel. A peu près rien ne va, si ce n’est bien sûr la forme et la débauche d’esthétique, qui, si elle est grossièrement redondante avec des effets de surimpression parfois un peu lourdauds, on ne peut pas nier le grandiose du projet. Avec malgré tout cette désagréable sensation, parfois même très malaisante à vivre en salles, d’assister à une pub pour un parfum de luxe qui durerait 2h18. Une succession d’explosions de couleurs et de surprises visuelles, mais qui n’ont aucun sens, aucune articulation entre elles. Cette absence totale de cohérence ne permet même pas à la splendeur formelle de sauver l’ensemble.

Pour que Megalopolis puisse tenir sa promesse, et que les images voulues comme venant faire entrer ce projet dans un mythe de la cinéphilie mondiale, il eut fallu un scénario, une histoire, une empathie pour des personnages, une trame narrative, juste la base de n’importe quel court métrage d’un étudiant en fin d’étude à la Femis. Mais là le problème est qu’un des plus grands cinéastes de la planète, qu’il restera évidemment après cette erreur (qui n’en fait pas… bon pas tous les jours à 120 millions de dollars certes), a juste oublié qu’un scénario ne peut pas tenir sur un mini post-it et que l’histoire d’un film, et bien il faut l’écrire. Alors, c’est une accumulation de fulgurances, avec des citations quasi bibliques érigées en dogmes ultimes, et notre gêne devient alors totale. On espère même un peu comme dans Coupez (2022) de Michel Hazanavicius, que la première partie du film est volontairement un peu loupée pour ensuite tout nous expliquer. Mais on comprend rapidement qu’il n’y a rien à expliquer. Francis Ford Coppola s’est fait plaisir mais a cassé son jouet. La grandiloquence souhaitée devient une caricature à chaque séquence, et le pire de la première à la dernière minute.

Sur le casting, il est très certainement difficile pour des acteurs de jouer sans savoir ni comprendre ce qu’on est en train de faire. Le problème est que ça se voit. Ainsi la prestation d’Adam Driver est très inégale, mais au final, contrairement à son habitude, il ne nous amène jamais avec lui, mais très honnêtement, avec un rôle écrit façon rédaction de « comment se sont passées les vacances avec tes parents », on ne peut pas lui en vouloir. Et tous les autres, Dustin Hoffman, Talia Shire, Jon Voight, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito, personne ne peut éviter le naufrage. Les plus grands artistes font parfois des croutes, c’est aussi ce qui fait que l’on reconnait leurs grandes œuvres. Pas besoin d’épiloguer sur ce film qui n’en est surtout pas un… Mais installons-nous dans notre meilleur fauteuil, vous savez le plus moelleux, tant il est usé de cinéma, servons nous un verre de notre liqueur préféré, allumons le poste et délectons nous devant Le parrain et tout ira bien, car après tout, ce n’est que du cinéma.

Titre Original: MEGALOPOLIS

Réalisé par: Francis Ford Coppola

Casting : Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel …

Genre: Drame, Science fiction

Sortie le: Prochainement

Distribué par : Le Pacte

ASSEZ MAUVAIS

1 réponse »

Laisser un commentaire