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SYNOPSIS : Jason Dessen est un physicien, professeur et père de famille. Une nuit, alors qu’il rentre à pied dans les rues de Chicago, il est enlevé et projeté dans une version alternative de sa vie. L’émerveillement se transforme rapidement en cauchemar lorsqu’il tente de revenir à la réalité, alors plongé dans le paysage hallucinant des vies qu’il aurait pu vivre. Dans ce labyrinthe de réalités, il se lance dans un voyage déchirant pour retrouver sa vraie famille et la sauver de l’ennemi le plus terrifiant et le plus difficile à battre : lui-même.
Il y a définitivement une grande histoire d’amour entre la plateforme AppleTV+ et la science-fiction. Nouvel arrivage du genre : l’auteur Blake Crouch adapte son propre roman sorti en 2016, Dark Matter, dans un labyrinthe métaphysique mené par Joel Edgerton, Jennifer Connelly et Alice Braga. Sous la forme d’une saison en 9 épisodes de 50 minutes/1h chacun, la série suit la vie du physicien Jason Dessen, professeur en université, menant une vie simple mais stable avec sa femme Daniela et leur fils Charlie. Un soir, alors qu’il rentre d’un pot organisé par son ami de longue date Ryan, Jason est drogué et kidnappé par une silhouette ornée d’un masque blanc. Lorsqu’il se réveille, sa vie est radicalement différente. Il est un célèbre physicien qui a poursuivi ses travaux au lieu de devenir professeur, et n’a jamais épousé sa femme. Alors qu’il pense devenir fou, Jason trouve malgré lui des réponses à ses questions lorsqu’il découvre avec sa collègue Amanda le moyen de voyager entre les réalités, leur permettant d’explorer toutes les vies qu’ils auraient pu vivre.

Par sa structure étrangement disloquée, qui pose ses décors et ses différentes strates de la réalité pendant ses 3 premiers épisodes pour véritablement commencer à utiliser son plein concept à partir de son épisode 4, Dark Matter propose une plongée transversale des travaux théoriques de la physique quantique enveloppée dans un récit de SF pourtant relativement accessible en apparence. En adaptant son propre livre, Crouch développe les trajectoires de ses personnages à travers la notion de « vies non vécues » et de « chemins pas choisis » pour calculer ses vrais enjeux dans sa deuxième partie de saison. La plus grande réussite de la série se trouve alors dans son casting, Joel Edgerton se posant très rapidement comme une tête d’affiche idéale pour le genre, dans un rôle polarisé, propulsé par sa théorie du chat de Schrödinger dans un kaléidoscope émotionnel particulièrement haletant.

Très vite, la série fait comprendre que sa performance sera multiple (à de nombreux égards), lui permettant de livrer une palette d’acting parfaitement balancée au milieu de l’écriture un brin chaotique de l’ensemble. Il en est de même pour Jennifer Connelly, Alice Braga, Jimmy Simpson, Dayo Okeniyi et Oakes Fegley, tous très justes dans leurs arcs narratifs respectifs, tournant en orbite autour du protagoniste d’Edgerton. Dark Matter est pourtant très riche en défauts, inhérents à son concept trop simpliste pour en tirer une série parfaitement équilibrée du début à la fin. Malgré ce manque de stabilité et son écriture parfois nébuleuse de ses personnages, heurtant quelques instants du visionnage de l’ensemble, cette saison de Dark Matter se révèle comme une étude passionnante du multivers par le prisme des regrets et des remords, dessinant une confrontation intelligemment intimiste entre un physicien et certains de ses alter-egos extra-dimensionnels, jusqu’à ce twist de registre à l’aube de l’antépénultième épisode venant remettre les compteurs à zéro.

En dessinant un concept de SF unique, centré autour des angoisses intimes et des rapports conflictuels avec la violence du choix dans les cellules professionnelles et familiales, Blake Crouch fait de son adaptation de Dark Matter une œuvre tantôt impressionnante tantôt confuse, foisonnante de propositions esthétiques et narratives au service d’une structure un brin désarticulée. Sous l’égide de cette histoire d’amour maudite, reniée, passionnée et évidente entre Jason et Daniela, donnant à ses interprètes l’occasion de nourrir des performances habilement habitées, cette toute nouvelle proposition de science-fiction vient appuyer sur les acquis du spectateur habitué au registre pour l’emmener dans une aventure transversale à la fois saisissante et désarçonnante, à mi-chemin entre les dimensions, en vadrouille à travers l’espace et le temps.
Crédits : Apple TV+








































































































































