Critiques Cinéma

LES CARTES DU MAL (Critique)


SYNOPSIS : Quand une bande d’amis transgresse sans scrupules les règles du tirage du Tarot –  » Suis une seule règle, évite le danger. Ne tire jamais des cartes que tu as trouvées.  » – ils libèrent à leur insu un esprit maléfique piégé dans les cartes maudites. Un par un, ils découvrent le sort qui les attend, et se retrouvent dans une course contre la mort pour échapper aux prédictions de leur tiraJge.

Le film d’horreur moderne tend, par effet de mode, à trouver le high-concept le plus catchy possible pour baser son excursion. Les Cartes du Mal, premier long-métrage pour le duo Anna Halberg/Spenser Cohen, adapté de la nouvelle du même nom de Nicholas Adams, aura alors vite fait de rejoindre la liste interminable des productions horrifiques dont l’énoncé du pitch est terriblement plus divertissant et enrichissant que l’entièreté du produit final. Le film suit une bande d’amis – qui, quand on y réfléchit bien, ne seraient absolument pas amis dans la vraie vie tant on ne croit pas au groupe une seule seconde – qui fête l’anniversaire de l’une d’entre eux dans un vieux chalet en plein milieu de la forêt. Après une séance rigolade et taquinerie alcoolisée autour d’un feu de camp, le groupe décide de rentrer, quand ils trouvent une boîte surmontée d’un pentagramme dans la cave fermée à clef de la maison. Décidant évidemment de l’ouvrir, ils y découvrent un terrifiant jeu de tarot, et s’empressent de lire leurs avenirs respectifs. De retour à la vie normale quelques jours plus tard, les jeunes sont tour à tour menacés par une malédiction qui les fait mourir comme les cartes leurs ont annoncés…



Les Cartes du Mal (sobrement Tarot en VO) marche alors sur les plates-bandes du slasher classique, avec sa bande de jeunes aux personnalités quasiment nulles (le couple qui vient de rompre, le sidekick rigolo, la final girl passionnée d’astrologie…) qui se retrouve confrontée à une malédiction. Le film concocte alors une potion qui réunit l’intégralité des clichés les plus rébarbatifs du genre pour baliser son histoire, à un tel point qu’on se demande constamment s’il est premier degré ou s’il décale son ironie pour en faire un objet volontairement nanardesque (comme ont pu le faire Drew Goddard dans le génial La Cabane dans les Bois, ou plus directement comme le studio Supermassive Games avec leurs jeux Until Dawn ou The Quarry). Imaginez maintenant n’importe quel poncif attaché au slasher movie et au film de fantôme : Les Cartes du Mal le sort sur un plateau, tout en redoublant d’inventivité pour couper court à toute volonté gore à cause d’un absurde tampon PG-13 qui passe les mises à mort en hors-champ (comme si le public ciblé par ce genre de production n’était pas là exactement pour ça). En plus d’être redoutablement peu inspirées, les scènes de mort successives sont extrêmement édulcorées et surtout constamment désamorcées par une mise en scène plate au possible, une écriture qui mène les personnages à se retrouver seuls chacun leur tour en coupant la musique juste avant de faire surgir ses jumpscares désolants de gratuité, et surtout brutalement prévisibles à cause de son concept. Les Cartes du Mal gâche l’intégralité de ses effets à cause du statu quo installé dans sa looooongue scène d’introduction où la protagoniste lit l’avenir de ses amis dans les cartes et prédit leurs morts avec précision.

En plus de demander au spectateur de retenir le contenu des prophéties et à qui elles sont adressées, le film applique alors vulgairement et paresseusement un cycle centré sur chaque personnage se centrant sur une mort certaine que l’on voit alors toujours venir à des milliers de kilomètres. Quelques points positifs cependant, car nous ne sommes pas des monstres : le concept horrifique du film permet une multiplication des formes que prend le boogeyman, car chaque personnage est attaqué par la carte de tarot qui lui est associé, donnant au bad guy de nombreuses apparences qui sont visuellement assez intéressantes bien que constamment filmées dans le noir complet… De même, le casting est purement fonctionnel et n’a absolument rien à se mettre sous la dent, mais permet aux jeunes Harriet Slater, Adain Bradley, Avantika, Larsen Thompson, Alana Boden, Jacob Batalon et Humberly González de s’offrir une petite escapade nanardesque probablement très amusante à tourner.


Mais Les Cartes du Mal s’avère être une belle plantade, nourrie par quelques idées ci et là toutes désamorcées par une structure narrative bancale, une exécution médiocre et des personnages affreusement plats. On se désintéresse très vite de ce jeu de tarot maudit, surtout lorsque le défilé de clichés vieux comme le monde viennent paver l’écriture du scénario et l’interprétation de ses comédiens (mais arrêtez de vous séparer pour aucune raison, bon sang !). Rien de bien plaisant à se mettre sous la dent, dans un objet trop lisse pour être une série B amusante, trop mal écrite pour être un nanar attachant et trop désincarnée pour être un bon film tout court. Mais qui sait, peut-être a-t-on totalement tort, et en réalité Les Cartes du Mal est un objet post-moderne génialement sarcastique que nous avons été trop aveugle pour saisir… ? On a essayé, mais rien n’y fait : on n’a pas cru en l’âme des cartes, cette fois…

Titre Original: TAROT

Réalisé par: Anna Halberg, Spenser Cohen

Casting : Harriet Slater, Adain Bradley, Avantika Vandanapu …

Genre: Epouvante-Horreur

Sortie le: 1er mai 2024

Distribué par : Sony Pictures Releasing France

ASSEZ MAUVAIS

Laisser un commentaire