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SYNOPSIS : Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.
Pour son premier long-métrage, Shane Atkinson signe LaRoy, une comédie noire qui vient taper à la porte des frères Coen pour raconter l’histoire d’un nobody du nom de Ray. Alors qu’il découvre que sa femme le trompe grâce au travail de détective de son ami Skip, Ray décide d’acheter une arme et de se suicider. Mais avant qu’il ne puisse appuyer sur la détente, un homme rentre dans sa voiture et, pensant qu’il est le tueur à gage qu’il a engagé, lui donne les renseignements de sa cible. Voyant dans la cocasse situation un signe étrange du destin, il prend en filature la personne qu’il est censé tuer alors qu’il n’a rien d’un tueur. Pendant ce temps, le véritable tueur à gage, vexé d’avoir été floué lorsqu’on lui a volé sa prime, prend Ray en chasse… Dans son univers texan frontalement appuyé, jouant avec les décors minimalistes des petits patelins américains perdus au fin fond de la campagne et où les personnalités des habitants en deviennent toujours plus exacerbées – si ce n’est caricaturales – Atkinson met effectivement le pied sur le territoire de Joel et Ethan Coen, bien qu’il assume sa propre identité dans son approche comique et dans la direction de ses comédiens.

Le sens ciselé de ses dialogues (lesquels accrochent également le film aux codes de Tarantino) permet à LaRoy, sorte d’héritage à la fois pop et classique de Fargo, de proposer un moment jouissif de cinéma bien cousu et frontalement hilarant. Sa galerie de personnages se révèle extrêmement fonctionnelle, à commencer par le duo Ray et Skip (le deuxième est une composition génialement plaisante de Steve Zahn, un hurluberlu qui se prend pour un shérif après avoir mis un chapeau de cow-boy et pris deux photos en bas d’un motel). L’écriture de Shane Atkinson joue alors avec un sens acide de l’ironie et de la malchance, son personnage principal se retrouvant embarqué dans une suite catastrophique de coups du hasard et de quiproquos, soulignés par sa réticence à s’imposer et par sa naïveté pessimiste qui en fait un hilarant protagoniste tragique. Sa trajectoire narrative, en lien avec la relation qu’il noue progressivement avec Skip, mène la structure totale du film, à la fois buddy-movie absurde, comédie noire, thriller jouissif, polar nerveux et drame trépidant qui trouve soigneusement l’équilibre de ton idéal pour que ses moments sérieux ne soient pas désamorcés dès leur installation par son humour acerbe.

Emballé par une esthétique très réussie, jouant avec ses contrastes, ses néons clignotants et ses lumières verdâtres, LaRoy est une excellente surprise qui suit ses inspirations classiques pour tracer sa propre route texane à travers ses genres et ses ruptures de ton qui n’hésitent pas à faire poindre de l’émotion lorsqu’il le faut. S’il on regrette parfois de ne pas encore totalement voir l’univers cinématographique propre à Atkinson (un peu parasité par les films sur lesquels il se base évidemment), ces limites incarnant le seul défaut central du film, LaRoy est un plaisir ludique de cinéma, dans une structure et un humour bas de front, surélevé par une intelligence scénaristique qui nous emporte très vite dans son jeu morbide.

La troisième pièce du puzzle, l’excellent Dylan Baker dans la peau de ce terrible tueur à gage que rien n’arrête, fournit à l’ensemble un antagoniste génialement prenant, également source d’une superbe scène d’intro qui retourne constamment nos aprioris de spectateur dans un très pertinent jeu de dialogues. En étant à la fois malin, jouissif, pulp, sombre et follement fun, LaRoy réussit haut la main son pari, sans jamais réinventer la roue mais avec suffisamment de panache et d’énergie pour propager un plaisir contagieux et une très jolie première proposition américaine de cinéma.

Titre original: LAROY, TEXAS
Réalisé par: Shane Atkinson
Casting: John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker…
Genre: Comédie, Policier, Thriller
Sortie le: 17 avril 2024
Distribué par : ARP Sélection
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































