Critiques Cinéma

LA MALÉDICTION : L’ORIGINE (Critique)

SYNOPSIS : En 1971, Margaret, une jeune Américaine, est envoyée à Rome pour entrer au service de l’Église. Elle se retrouve bientôt confrontée à des forces obscures qui l’amènent à remettre en question sa propre foi et à lever le voile sur une terrifiante conspiration qui entend donner naissance à l’incarnation du Mal…

Cette idée d’un prequel au premier opus de La Malédiction (The Omen en version originale) semble d’abord particulièrement farfelue. Sorti en 1976 sous la mise en scène de Richard Donner, puis ayant vu 2 suites officielles, un quatrième opus en Direct to Video, et enfin un remake moins inspiré en 2006, le volet original ne semble pas franchement au top de sa forme et de sa vitalité dans l’esprit du public horrifique actuel. Cependant, en confiant les origines de la saga et de son protagoniste Damien Thorn à la jeune réalisatrice Arkasha Stevenson (on lui doit deux courts-métrages et une paire d’épisodes de Legion et Brand New Cherry Flavor), la saga trouve ici une brillante résurrection qui réussit pratiquement tout ce qu’elle entreprend.
 


Le film commence en 1971, à Rome. La novice Margaret Daino vient de quitter les Etats-Unis et s’installe à l’Orphelinat Vizzardeli afin de prononcer ses vœux. Lors de sa première visite des lieux, elle rencontre la jeune et solitaire Carlita, une orpheline en marge des autres qui semble adopter un comportement dangereux envers les filles et les bonnes sœurs de l’établissement. Malgré ces à priori, Margaret tente de se lier avec elle pour l’aider à contrer ces pensées qui lui rendent la vie difficile. Puis, rapidement, la jeune femme est interceptée par un certain Père Brennan, lequel lui expose les secrets d’une conspiration : une partie de l’église catholique prévoit de faire venir au monde l’Antéchrist…



Sur la structure du scénario co-écrit par Stevenson avec Tim Smith et Keith Thomas, cette Origine de La Malédiction propose d’explorer les zones d’ombres de sa saga d’origine, à savoir l’avant-Damien. Le film part alors avec un certain poids sur les épaules : on sait comment il doit se finir. C’est avec cette idée bien en tête que ce prequel se construit, dressant avant tout l’aventure horrifique et frontalement psychologique que va traverser Margaret (Nell Tiger Free signe une spectaculaire interprétation, trouvant son sommet dans l’acte final). En se vissant dans la tête de son héroïne, au passé troublé par certains traumatismes et par un rapport conflictuel à son corps, le film se met dès ses premières scènes dans un périple religieux centré sur un récit féminin. L’écriture du film joue alors avec l’intelligence d’un script blindé de retournements de situations et de fausses pistes, lesquelles font totalement sens par l’assemblage extrêmement méthodique de la mise en scène d’Arkasha Stevenson. La réalisatrice signe ici un premier film monstrueusement réussi, conjuguant une exécution parfaite de son registre horrifique, une maîtrise totale de ses virages gores, une iconisation tout en nuances de sa galerie de personnages ainsi qu’un abandon total aux psychés de ses personnages principaux. La Malédiction : L’Origine est un petit miracle horrifique comme on en voit peu, traitant avant tout de la dépossession du corps et d’abus physiques et sexuels. En traitant aussi frontalement de cette perspective féminine pour étudier la colonne dorsale de la saga qu’elle adapte, Stevenson parvient à en faire une vraie bombe dans un mélange malin de nonnesploitation et de slasher satanique, laissant planer l’omniprésence de son boogeyman invisible au travers des traumas de son héroïne.


Derrière la performance brillante de Nell Tiger Free, le casting du film s’avère également très réussi, notamment grâce à la jeune Nicole Sorace, Ralph Ineson (qui reprend le rôle interprété par Patrick Troughton dans le film de 76), Sônia Braga ou encore Bill Nighy qui bâtissent ensemble les structures du film jusqu’à son démoniaque climax, lequel laisse alors de nombreux stigmates… S’il est formellement très réussi dans les ambitions scéniques de sa réalisatrice comme dans les propositions de son scénario, La Malédiction : L’Origine n’est surtout pas avare en flippe, loin s’en faut. Sous ses aspects psychologiques, le long-métrage s’avère être un généreux morceau d’horreur, jamais dans la surenchère ni dans la facilité, trouvant toujours moyen de distiller l’angoisse et l’épouvante dans ses décors ou dans la superbe photographie d’Aaron Morton. En résulte alors une vraie surprise, redonnant une vitalité inattendue à sa saga en y injectant une modernité particulièrement bienvenue et une intelligence formelle qui s’avère rare dans le cinéma horrifique. On en retiendra alors beaucoup de bien, surtout en ce qui concerne le futur de la carrière d’Arkasha Stevenson que l’on prévoit déjà radieux.

Titre original: THE FIRST OMEN

Réalisé par: Arkasha Stevenson |

Casting: Nell Tiger Free, Bill Nighy, Sônia Braga…

Genre: Épouvante-Horreur

Sortie le: 10 Avril 2024

Distribué par : The Walt Disney Company France

EXCELLENT

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