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SYNOPSIS : Alors qu’il roule sur une autoroute déserte en direction de la Californie, Jim Halsey prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu’il a a aire à un tueur psychopathe. Alors qu’il parvient à s’en débarrasser, une course-poursuite commence entre Ryder et sa proie, qui endosse, malgré elle, les meurtres de son poursuivant. Jim est pris en chasse par la police locale et ne trouve personne à qui se confier, excepté Nash, une serveuse qu’il est contraint de prendre en otage…
La ressortie au cinéma du Hitcher de 1986, première réalisation de Robert Harmon sur un premier scénario d’Eric Red, permet d’abord de remettre sur le devant de la scène la modernité de sa proposition scénique. Sous l’égide d’une mécanique narrative implacable qui redouble d’idées pour semer le trouble dans l’aventure inopportune du héros campé par C. Thomas Howell, Harmon commence sur les plates-bandes d’un certain Duel (un homme, conduisant sans fin sur une parcelle de route américaine en plein désert, est pris en chasse par une figure machiavélique) pour s’en délester et mener tambour battant une course-poursuite effrénée où le vrai monstre, l’auto-stoppeur incarné par un Rutger Hauer des grands jours, révèle son sadisme et l’omniprésence de sa menace tout au long d’un petit bijou du genre.

S’il est relativement taxé de « série B », il serait probablement plus juste de dire d’Hitcher qu’il est un thriller éperdu, une épopée redoutable à la nervosité et à la violence radicale, dont la singularité se trouve tout particulièrement dans la structure du scénario d’Eric Red. Au lieu de faire tourner dans le vide une mécanique de chasse à l’homme entre un innocent lambda et le tueur psychopathe qui le poursuit inlassablement, Harmon met en scène un jeu frontalement malsain lorsque l’échelle du film se déploie et que le protagoniste se retrouve également traqué par la police. Mais c’est surtout la présence (ou presque sa non-présence fantomatique) du bad guy slasheresque de Rutger Hauer qui rend Hitcher aussi stupéfiant, jouant sur un fil subtil entre le sadisme aveugle et l’ultra-violence calculatrice. Son John Ryder, qu’on imagine être un faux nom, est un mystère absolu et irrésolu, un sommet de sauvagerie qui se dresse en confrontation puis en parallèle avec le jeune Jim Halsey qui s’évertue à essayer de le fuir. En écrivant le personnage, puis en filmant son interprète, comme un fantôme du désert jetant son dévolu sur sa prochaine proie pour la faire traverser l’Enfer, Harmon et Red travestissent les codes du thriller en spirale pour y ajouter un degré subtil de surnaturel. Car son tueur psychopathe, qui apparaît toujours au moment parfait pour empêcher Jim de fuir ou de joindre la police, semble échapper à l’intégralité des personnages du film comme il échappe aux spectateurs. L’idée du personnage est alors toute trouvée dès son apparition à l’ouverture du long-métrage. Alors que Jim somnole au volant, sur une interminable route désertique, sous une pluie battante, il aperçoit une silhouette difforme et encapuchonnée à travers son pare-brise. Pensant que la compagnie d’un auto-stoppeur pourrait l’aider à rester éveillé, il fait rentrer l’homme qui se révèle très vite être un sanguinaire tueur en série.

Hitcher regorge d’idées très habiles de mise en scène pour éviter à la fois la froideur ou le ridicule d’une série B volontairement too much. La photographie de John Seale (que l’on connaît pour avoir mis en boîte des images chez Peter Weir et George Miller) accompagne totalement l’écriture presque nihiliste et spectrale du film. Car Hitcher, s’il démarre comme un implacable thriller noir en roue libre et aux sommets spectaculaires (quelques cascades mécaniques ou mises à mort restent durablement en mémoire), se révèle être un film de monstre, comme un polar déguisé en slasher sur les routes américaines. C. Thomas Howell et Rutger Hauer sont tous deux géniaux dans leurs oppositions thématiques et dans leurs dissonances de ton, chacun s’imprégnant de l’autre pour nourrir son personnage. On y retrouve également une certaine Jennifer Jason Leigh dans la peau d’une jeune serveuse de diner qui se retrouve malgré elle sur la route du tueur et de sa proie.

Car en gardant précisément l’espace nécessaire entre ses deux personnages principaux pour ne pas que le film se neutralise tout seul dès l’installation de son concept, Hitcher parvient à dresser un macabre jeu du chat et de la souris qui s’amuse à retourner ses bases en cours de route pour rester toujours alerte et pour emmener encore plus le spectateur dans ses retranchements. En résulte une petite merveille, logiquement implacable et redoutablement divertissante, où la force de ses interprètes et la puissance des non-dits de son scénario en font une formidable machine du genre.

Titre original: THE HITCHER
Réalisé par: Robert Harmon
Casting: Rutger Hauer, C. Thomas Howell, Jennifer Jason Leigh…
Genre: Drame
Sortie le: 25 juin 1986
Reprise le : 10 avril 2024
Distribué par : Tamasa Distribution
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 80








































































































































