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SYNOPSIS : Procureur adjoint d’une petite ville du Massachusetts, Andy Barber est confronté à un terrible dilemme lorsque son propre fils de 14 ans est accusé du meurtre d’un camarade de classe. Alors qu’il tente d’innocenter son garçon, le procureur découvre certains secrets, qui sèment le doute. Acculé, quel choix fera-t-il face à cet insoluble dilemme entre son devoir de défendre la justice et son amour inconditionnel pour son enfant ?
la série créée par Mark Bomback et intégralement réalisée par le Norvégien Morten Tyldum (Imitation Game en 2014) prend finalement tout à la fois le meilleur d’une efficacité en mode pur produit US mais aussi l’atmosphère nordique des intrigues à tiroir qui nous scotche au canapé. C’est en fait l’adaptation du roman éponyme de William Landay, publié en 2012. Le format est rapide, les 8 épisodes de 45 minutes ont d’abord été diffusée sur Apple TV du 24 Avril au 29 mai 2020 sous le titre Defending Jacob avant d’arriver sur TF1 en prime en ce mois de mars 2024.
« On se dirige droit vers un iceberg, le petit pic de glace au loin se rapproche de plus en plus… Mais on était au-dessus de la partie immergée depuis le début », nous prévient Jacob dès le démarrage de la bande annonce de L’affaire Jacob Barber. Le mal est parfois tellement enkystée, comme une latence on ne peut plus inquiétante, mais que l’on dissimule derrière un vernis qui tout au long de la série ne va faire que se craqueler. C’est aussi le message de cette mini-série particulièrement angoissante et réussie qui vient un peu nous parler de l’ancrage des refoulements qui finit presque toujours par revenir à la surface, et qui en fonction de la massivité du trauma en question explose à la face d’une famille, d’un pays, du monde, de nous tous.

C’est le cas de L’affaire Jacob Barber, où la mort d’un môme, ce qui existe donc de pire, va venir réveiller les plus vils souvenirs de la famille Barber, mais aussi déchaîner l’aveugle bêtise de la vindicte populaire, toujours si prompte et à l’affut des horreurs chez le voisin, comme un gain de temps pour dissimuler les siennes.
Mais l’énorme plus-value de cette série réside dans ce dilemme permanent poussé à son extrême, qui se résume à cette formule : « Tu peux être un type bien… Ou tu peux être un bon père « . Est alors convoqué en nous le questionnement de notre irrationalité quand le destin de nos enfants est en jeu, et jusqu’où peut-on aller pour « quoi qu’il en coûte » les défendre plus que jamais. C’est la terrible question posée à Andy Barber, le procureur d’une petite ville du Massachusetts. Il est l’incarnation archétypale de la morale du peuple, de l’égalité censée assurer la justice entre les hommes mais il est aussi et surtout juste un papa. L’idéal face au réel, le symbole devant la réalité. C’est en cet objet que toutes les ramifications de l’intrigue vont délicieusement nous étreindre pour ne plus nous lâcher.

Le trio familial et ce qui peut se jouer entre père, mère et fils quand le pire se produit, devient une charmante petite anthropologie des meurtrissures de la transmission : « On ne veut plus seulement suivre une histoire. On veut décortiquer des personnages. Ça permet d’aller beaucoup plus loin dans la noirceur. Parce qu’on ne fait pas que choquer. On offre une expérience subjective. » nous dit le réalisateur de la série, on adhère total.
Ce qui est assez remarquable également dans L’affaire Jacob Barber est un certain contournement des clichés du genre. Fatalement, on va y retrouver certains incontournables poncifs du huis clos familial, mais aussi d’une affaire qui défraye la chronique ou encore d’une intrigue policière forcément déjà vue. Pour autant, la série arrive à nous surprendre régulièrement, à nous faire douter jusqu’à à la dernière seconde et avec un dénouement qui jusqu’au bout va nous tenir en haleine. L’affaire Jacob Barber a aussi le grand mérite de ne pas nous abreuver d’une surabondance de cliffhangers, qui, s’ils sont efficaces, viennent parfois comme à contre-emploi nous lasser. Point le cas ici dans une mise en scène stylisée, brumeuse et gentiment angoissante. Nous devenons vite addicts de cette forme de malédiction qui s’abat constamment sur la famille Barber. Un avion s’écrase, c’est quand même un peu sur leurs pompes !!

La série est invariablement portée au casting par le cercle familial. Si la présence de Captain América, en l’occurrence Chris Evans, apporte comme une curiosité immédiate, l’acteur livre ici une prestation très aboutie de l’être tourmenté et qui incarne à lui seul le dilemme entre l’homme et le père. Jaeden Martell dans le rôle de Jacob est lui aussi parfait en pâle ado finalement autant flippant qu’agaçant. Il joue sur les ambiguïtés avec tout ce qu’il faut de créativité pour semer le trouble. Mais incontestablement, c’est bien la performance de Michelle Dockery qui est écrasante. Elle est assez inoubliable dans cette façon de porter toutes les angoisses d’une mère. Elle passe par toutes les émotions comme qui rigole avec toujours la même authenticité. Et puis, toujours un plaisir de retrouver J.K Simmons, une gueule, une solidité et un magnétisme qui ne se démentent jamais. Au final, sans révolutionner les codes du genre, la douce addiction de l’Affaire Jacob Barber opère quasi mécaniquement et on passe un moment comme on les aime, on flippe un peu on kiffe beaucoup et à la fin on a envie de se dire… Faites des gosses tiens !!
Crédits : AppleTV+ / TF1








































































































































