Critiques Cinéma

LA NOUVELLE FEMME (Critique)

SYNOPSIS : En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux – sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ». Mais Maria cache elle aussi un secret : un enfant né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’Histoire.

Après Maurice Ravel et la confection de son Boléro la semaine dernière, c’est au tour de Maria Montessori et de sa fameuse méthode de venir habiller les écrans de cinéma à compter de ce mercredi. Plutôt que d’attaquer directement sur la vie de Maria le film prend un petit détour en introduisant son histoire via le personnage de Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) une courtisane qui s’en est allée vivre très loin de sa jeune fille, Tina, qu’elle a factuellement renié. Et pour cause Tina est née avec un handicap qui altère substantiellement ses capacités, ce qui rend Lili d’Alengy extrêmement honteuse, elle qui aime arborer de belles robes en se pavanant et fréquenter de nombreux hommes. C’est donc dans le but de s’en débarrasser (plusieurs moments font d’ailleurs un peu mal au cœur), après qu’un événement fortuit ne la contraigne à en reprendre la garde, qu’elle fait la connaissance de Maria Montessori. Sans forcément connaître sa vie, le nom doit paraître familier à grand nombre d’entre vous puisqu’on entend souvent des parents citer cette fameuse méthode mise en application au sein d’écoles Montessori, qu’ils en soient friands ou non. La nouvelle femme arrive-t-elle à insuffler du peps à un genre archi balisé ?

A l’instar de bon nombre de biopics écrits de façon standardisée où presque chaque personnage est interchangeable avec celui d’un autre film alors que manque de bol un biopic est pourtant censé se concentrer sur une personnalité à part entière et les aspérités qui vont avec (on préfère largement un film à la Iron Claw), La nouvelle femme manque de quelque chose, sûrement d’une vraie âme. Le moment passé devant le film ne fut pas déplaisant certes, mais il plafonne rapidement dans ce qu’il a à offrir ou les émotions qu’il tente d’insuffler avant de « s’effondrer » (tout comme Boléro d’ailleurs) dans sa dernière partie, une fois l’apogée du film atteinte et entérinée. Après plusieurs jours de recul on peut le dire, au-delà de sa vertu pédagogique, le film ne marquera pas les esprits. Le plus intéressant dans La nouvelle femme ce sont encore les interprétations. Avec en premier lieu Jasmine Trinca dans le rôle-titre. Convaincante, attachante et charismatique elle porte le film avec les enfants dans une synergie que ces derniers enrichissent et équilibrent à merveille. Leïla Bekhti est un peu en reste dans un rôle davantage fonctionnel qui perd de la consistance et de l’intérêt au fur et à mesure que le film en vient à se concentrer sur Maria. C’est d’autant plus intéressant de voir l’agencement personnel et professionnel de cette dernière, elle qui est très impliquée dans son travail avec pourtant tous les sacrifices qui vont avec : pas payée pour son travail elle doit en plus vivre sans son enfant bien caché à la campagne car né hors mariage. L’empathie grandissante envers Maria allié à un but final à atteindre ne font que maintenir l’intérêt du spectateur, au moins vis-à-vis d’elle. Et le personnage de Lili a surtout pour fonction de la pousser à embrasser sa destinée et assumer son talent sans ne jamais plus se faire flouer.



Le but « final » sus-cité, du moins dans la période principale narrée dans le film, c’est un grand examen où des investisseurs vont venir observer les enfants en situation de lourds handicaps résoudre des exercices en tous genres afin de vérifier si la méthode Montessori fonctionne ou si les enfants sont condamnés à être éternellement diminués et incapables de quoi que ce soit (et donc un poids inutile pour la société). En d’autres termes la réussite de cet examen est primordiale afin de continuer à toucher les subventions nécessaires au bon fonctionnement de l’établissement. C’est d’ailleurs aussi à partir de la fin de cet examen que le film retombe comme un soufflé et repart à fond les ballons dans la direction d’un biopic bardé d’un classicisme ennuyeux et serti d’évènements synthétisés qui nous font lâcher rapidement notre attention. L’exercice montre alors ses limites sachant que même durant son rythme de croisière il n’atteignait jamais pour autant une qualité narrative mirobolante. La nouvelle femme apparaît ainsi plutôt automatisé, avec une structure et des interactions trop balisées en ayant toutefois la chance d’avoir un groupe d’enfants irréprochables pour donner la réplique, divertir le spectateur en cassant un peu l’austérité mécanique de l’ensemble. De là à dire que cela est suffisant…Les petites lignes finales affichées à l’écran achèveront sans grand panache la morne dernière partie du film.


Vous l’aurez compris La nouvelle femme est un long métrage sympathique qui s’aventure une nouvelle fois sur les traces d’un personnage a minima assez bien connu dans l’imaginaire collectif qui aura surtout pour tâche d’enrichir la connaissance collective à son sujet plutôt que de marquer les mémoires. On ne pourra pas dire avoir été très surpris de la structure narrative qui se repose beaucoup sur une trame vue et revue, à la limite du cahier des charges. Reste un casting aux petits oignons, des rôles les plus secondaires aux plus importants ainsi qu’un combat en toile de fond qui, ne l’oublions pas, demeure une belle histoire.

Titre Original:  LA NOUVELLE FEMME

Réalisé par: Léa Todorov

Casting: Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby

Genre: Drame, Historique

Sortie le: 13 Mars 2024

Distribué par:  Ad Vitam

BIEN

Laisser un commentaire