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SYNOPSIS : Fin des années 1960, en Angleterre. Fils de syndicalistes, au service de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, le député quadragénaire John Stonehouse cumule les atouts aux yeux du Premier ministre travailliste Harold Wilson, qui souhaite rajeunir ses troupes. Voilà John promu ministre de l’Aviation. Mais piégé par une interprète lors d’un voyage en Tchécoslovaquie, il devient espion pour l’ennemi communiste… sans éprouver la moindre culpabilité. Au contraire : les billets pleuvent et John mène la grande vie.
Ce jeudi, rendez-vous (ou pas) sur Arte pour découvrir la mini-série britannique Stonehouse présentée comme « l’histoire vraie de John Stonehouse » un ancien ministre britannique aujourd’hui décédé. Un monsieur avec un pedigree pour le moins intéressant puisqu’en plus de sa position politique il aurait été espion pour la Tchécoslovaquie avant de faire croire à sa mort, de disparaître, puis de se faire démasquer et d’être contraint à revenir dans le monde « réel ». Oui, on peut dire que le bougre n’a pas chômé. Une vie passionnante donne-t-elle toutefois nécessairement une fiction qui l’est aussi ? Pas si sûr.
Stonehouse est le genre de série avec qui nous n’avons pas envie d’être désagréable car tout est proprement produit. Le casting est excellent, la narration dynamique, l’ensemble coloré et plutôt excentrique (à sa façon), on ne s’ennuie guère devant le programme sans pour autant en être passionnés…c’est tout le problème du show : anecdotique et rapidement oubliable. Mais pourquoi donc ?
Nous ignorons comment était le véritable John Stonehouse. Les épisodes précisent bien que l’histoire est inspirée de faits réels tout en ayant inventé des personnages et des situations (on connaît la chanson), difficile dès lors de dire à quel point l’ensemble est romancé. Nul doute que le véritable Stonehouse était, comme son homologue de fiction, un être aussi erratique que créatif lorsqu’on fait le bilan de sa vie en zigzag. Pour autant difficile également de cerner celui de la série télévisée. Assez loufoque, toujours un pied dans l’anticipation rationnelle et le calcul de manigances en tous genres, toujours l’autre on ne sait où (c’est cette partie qui empêche de cerner le personnage), on ne comprend donc jamais réellement de quel bois est fait John. Est-il naïf ? A-t-il un trouble mental ? Est-il perché ? A-t-il tout anticipé ? A-t-il juste été dépassé par les évènements ? La série ne nous apprendra pas grand-chose là-dessus.
Le programme est une transposition, nous l’imaginons, bien plus guillerette que ce qui s’est déroulé dans la vie réelle (c’est bien sûr un parti pris) et qui donne l’impression d’assister à une frénésie de situations rocambolesques qui mènent à une fin (et une fin de vie pour John Stonehouse) un peu vite expédiée. Toujours soutenu, le rythme accouche finalement d’une narration qui nous contraint à côtoyer une sorte de spectre durant trois épisodes, un personnage fantasque que l’on n’aura non seulement jamais cerné mais qui aura aussi été délaissé sur sa fin comme s’il fallait encore davantage éviter de le raccrocher à une quelconque réalité palpable. En témoigne d’ailleurs le texte explicatif de fin qui explique ce que Stonehouse a fait après sa sortie de prison alors que ce qui se passe durant cette période dans la série est totalement inexistant. Dommage.
Le capital sympathie de Stonehouse demeure malgré ces défauts. Matthew Macfadyen qui incarne le rôle-titre est très amusant dans les baskets de ce ministre, piètre espion et aussi piètre mari qu’amant tant il ne fait que semer indirectement la zizanie, encore une fois sans qu’on ne comprenne vraiment ce qui relève de sa volonté ou d’autre chose. Ses multiples divagations vont ainsi causer du tort à beaucoup de monde, en premier lieu à sa famille. Keeley Hawes (prolifique actrice dont nous avons finalement vu peu d’œuvres, la dernière qui nous revient en tête étant la sympathique série Bodyguard) joue sa femme dépassée qui ne comprend rien à ses agissements sans queue ni tête. Une paire qui fonctionne à l’écran.
Vous l’aurez compris Stonehouse est une série qui ne va jamais plus loin que le fugace divertissement. Agréable, on peut facilement décrocher autant que prendre un plaisir relatif à la regarder, tout en l’ayant dans tous les cas oubliée dès le lendemain. Au vu de l’offre actuelle il n’est pas certain que lui consacrer du temps soit la priorité, même si elle ne se compose que de trois épisodes. Vous pourrez de toute façon comme à l’accoutumée la rattraper sur Arte.tv jusqu’au 21 mai 2024. A vous de voir.
Crédits : Arte








































































































































