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SYNOPSIS : Elly Conway est l’auteure solitaire d’une série de romans d’espionnage à succès, dont l’idée du bonheur se résume à une soirée tranquille à la maison avec son ordinateur et son chat, Alfie. Mais lorsque les intrigues de ses livres, centrés sur l’agent secret Argylle et son combat pour démanteler un réseau d’espions mondial, commencent à ressembler étrangement aux opérations secrètes d’une véritable organisation d’espions, sa tranquillité ne devient plus qu’un souvenir. Aux côtés d’Aidan, un espion pourtant allergique aux chats, Elly n’hésite pas à embarquer Alfie dans son sac à dos pour mieux se lancer dans une course contre la montre aux quatre coins de la planète afin de distancer de dangereux tueurs et empêcher ses fictions de dépasser la réalité.
Les nouvelles originales aventures de l’agent Argylle signent le retour de Matthew Vaughn à ses exubérances obsessionnelles, pour la première fois « hors » de sa licence Kingsman depuis 2015. Le metteur en scène plante le décor à travers une lecture méta des récits d’espionnage, le héros éponyme étant une fabrication fictive née dans l’imaginaire de la véritable protagoniste du film, l’écrivaine Ellie Conway (Bryce Dallas Howard). Alors que le 4ème tome de sa saga d’espionnage phare cartonne, Conway connaît des difficultés avec la conclusion du 5ème livre dédié à l’agent secret… L’autrice est alors embarquée, avec son chat Alfie, dans un véritable conflit d’espionnage dans le monde réel, tout droit sorti d’un de ses romans. Un certain Aidan (Sam Rockwell) lui dévoile alors la bien curieuse vérité : elle est devenue la cible d’une organisation secrète corrompue, qui cherche à mettre la main sur elle car elle aurait le pouvoir de prédire la suite des évènements…

En jouant sur le terrain de l’exploration à cheval entre la réalité et la fiction (d’un côté, Ellie et Aidan fuient les hommes de main de l’implacable bad guy de Bryan Cranston, et de l’autre les aventures de l’Agent Argylle, Henry Cavill surmonté d’une coupe qui défie les lois de la gravité, se déroulent à travers le monde), Matthew Vaughn tourne son nouveau film comme un récit multi-référencé, toujours aussi pop et pétillant, qui sait également très bien dessiner ses absurdes situations et personnages pour embrayer sur le fun intrinsèque de son cinéma. Mais Argylle, s’il est une réussite marketing (le film est adapté d’un livre écrit par une certaine Ellie Conway, un alias mystérieux chez qui certains voient de nombreuses théories du complot qui dépassent l’entendement), n’est malheureusement pas à la hauteur de sa promesse, et ne sait s’amuser pleinement que dans sa dernière demi-heure qui dégage enfin la marque de fabrique de Vaughn. Le scénario de Jason Fuchs est alors particulièrement bancal, intéressant en première partie avant de retomber comme un soufflé au moment où la grosse révélation se fait au milieu du film. Une fois l’identité de l’Agent Argylle dévoilée, le film se met en pilote automatique, et ne donne plus rien ni à ses personnages ni à ses spectateurs. Tous les twists sont visibles de loin, et coïncident étrangement avec l’aspect programmatique de la mise en scène de Vaughn qui a furieusement du mal à s’envoler avant la fameuse séquence finale, laquelle renoue avec l’appétit du metteur en scène pour les séquences musicales, les idées visuelles improbables, les ralentis fulgurants et les couleurs pétaradantes. Mis à part quelques ponctuels morceaux de bravoure, Argylle s’avère être une semi-déception, notamment due à la retenue de Vaughn qui n’arrive pas à se libérer des contraintes imposées par le PG-13 appliqué au long-métrage. L’aspect jubilatoire de son Kick-Ass ou de ses Kingsman, relevé par leur violence absurde et par un certain sens de la transgression, se voit ici étouffé par le choix de ne montrer aucune goutte de sang, donnant au film un air beaucoup trop poli pour les quelques bribes de folie qu’il se permet parfois d’exprimer.

Le résultat est donc en demi-teinte, Argylle réussissant à être très drôle et au final plutôt plaisant, mais très perfectible sur sa trame narrative assez chaotique et sur l’écriture lacunaire de ses personnages. Parmi le grand et 4 étoiles casting du film, certains et certaines sont laissés en arrière-plan, à commencer par un Samuel L. Jackson qui n’a pas grand-chose à faire de son Alfred Solomon. En tête d’affiche, Bryce Dallas Howard et Sam Rockwell fonctionnent assez bien en duo, nourrissant une dynamique qui aurait gagné à être encore plus exploitée, mais qui donne au film l’essentiel de ses ressorts comiques. Du côté fiction, Henry Cavill, Dua Lipa, John Cena et Ariana DeBose s’en sortent avec les honneurs, dans la peau de personnages symboliques, un peu figés sur le papier mais plutôt plaisants à suivre.

Dans son aventure fictionnée qui bat des records de kitsch, en parallèle de son récit d’espionnage classique, Matthew Vaughn manque le coche cette fois-ci, en livrant un film pas réellement sûr de ce qu’il est et de ce qu’il veut être. Trop proche de Kingsman pour son propre bien, mais pas assez décidé in fine, Argylle laisse des souvenirs en demi-teinte, guidé par un sens du spectacle toujours aussi percutant mais lésé par sa retenue qui semble émasculer l’ambition de son réalisateur par son manque de fougue. Le tout se ferme même sur une scène finale sans queue ni tête, et une scène post-générique qui pose trop d’interrogations pour pouvoir être prise avec le sourire.

Titre Original: ARGYLLE
Réalisé par: Matthew Vaughn
Casting : Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, Henry Cavill …
Genre: Action, Espionnage, Thriller
Sortie le: 31 Janvier 2024
Distribué par: Universal Pictures International France
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































