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SYNOPSIS : Les inséparables frères Von Erich ont marqué l’histoire du catch professionnel du début des années 80. Entrainés de main de fer par un père tyrannique, ils vont devoir se battre sur le ring et dans leur vie. Entre triomphes et tragédies, cette nouvelle pépite produite par A24 est inspirée de leur propre histoire.
L’année 2024 commence décidément sous les meilleurs auspices (du moins au cinéma, précisons-le). Après les excellents Godzilla Minus One et Pauvres Créatures, voilà que nous arrive le tant attendu Iron Claw. Difficile il est vrai de ne pas être excités en voyant des longs-métrages estampillés A24 débarquer en salles, la société arrivant très souvent à transformer ses idées en or, malgré la récente semi-déception Dream Scenario. Iron Claw c’est le titre du film mais aussi le nom d’une prise de soumission au catch, popularisée par la famille Von Erich. C’est comme vous vous en doutez sur cette famille que va se concentrer l’histoire (vraie) du film. Et quelle histoire ! Pour tout vous dire nous ne connaissions guère les tenants et aboutissants liés à ladite famille et encore moins les aspects sordides et tragiques qui se sont abattus sur chacun de ses membres. La surprise fut donc de mise et nous vous déconseillons de faire des recherches sur le sujet avant de voir le film afin de savourer vierges de toute information le long périple de cette famille hors du commun. Aussi nous allons éviter de révéler des informations qui reviendraient sur les faits marquants.

La famille Von Erich c’est une grande fratrie de plusieurs garçons qui a marqué l’histoire du catch. Guidée d’une main de fer par leur père Jack, les frères se sont retrouvés non seulement à devoir endurer une discipline de fer mais aussi à servir de réceptacles aux rêves et fantasmes de leur père, ce dernier vivant plus ou moins par procuration à travers eux. Le film nous montre ainsi l’ascension et la chute de cette belle et grande famille qui voit s’abattre sur elle tellement de drames que les principaux concernés eux-mêmes en viennent à croire à une malédiction. Et après avoir vu le film, difficile de les détromper. Les 2h13 du film ont filé si vite que nous avons déjà envie de le revoir malgré un fond tout à fait déchirant. Doté d’une écriture juste et maligne, le film ne souffre d’aucun temps mort et met chaque minute à profit pour développer les différents frères, leur complicité mais aussi la pression sous laquelle ils croulent face à un père froid à outrance, insensible à tout, prêt à monter ses fils les uns contre les autres et à les menacer ou les faire culpabiliser en cas de rébellion. C’est d’ailleurs l’aspect le plus déchirant du film et c’est pour cela que l’on ressent instantanément de l’empathie pour les membres de la famille : ils avaient tout pour être heureux, ils étaient solidaires et solaires jusqu’à rentrer dans des ténèbres sans fin, ou presque.

Iron Claw est une épopée assez riche en termes de thématiques. C’est un film sur la résilience, la solitude, la souffrance mais aussi avant tout un film sur la famille. Le catch est presque accessoire à tout cela dans la mesure où, même s’il a beau être omniprésent (avec d’ailleurs de beaux combats), il est surtout le catalyseur de tous les thèmes, des différents événements, tout autant qu’il est le catalyseur des rêves déchus du père de la fratrie qui s’en servira malgré lui pour détruire tout sa famille, écrasant par la même occasion sa femme qu’il modèle à son image, elle qui achèvera à sa façon de torpiller la cellule familiale. On assiste ainsi plusieurs fois à des scènes où le personnage de Kevin demande de l’aide à ses parents vis-à-vis de la santé mentale de ses frères et pour laquelle il se voit apposer une fin de non-recevoir doublée d’un je m’en foutiste parental assez ahurissant. La faiblesse ne doit pas exister, les larmes ne doivent pas couler, car un homme ça ne pleure pas. C’est en très petite synthèse l’éducation dans laquelle se retrouve écrasée la famille et qui mènera par la même occasion à l’un des plus beaux passages du film tout à la fin. Des moments émouvants il y en a dans Iron Claw. Pas toujours le genre de passages à vous arracher les larmes, plutôt ceux à vous mettre des coups de poing dans le ventre ou un coup de couteau dans le cœur. Sans connaître l’histoire on se sent encore plus impliqués, presque comme si nous faisions partie de la famille : mais quand les drames vont-ils donc s’arrêter ?

Au-delà de l’histoire, de la reconstitution historique, des bons choix musicaux, il faut rendre à César ce qui est à César : le casting est tout bonnement impeccable. Quelle alchimie ! La complicité entre chaque frère se ressent dans la moindre image. Zac Efron est extrêmement juste en plus d’être très imposant physiquement, l’entraînement a sûrement été intense ; il incarne tout en retenue Kevin un homme assez réservé qui devra encaisser plus que quiconque tous les coups du sort. Harris Dickinson, Jeremy Allen White et Stanley Simons qui jouent les frères de Kevin ne déméritent pas, bien au contraire. Chaque frère a une personnalité bien distincte qui finira martelée par le management déshumanisé de leur père. Ce dernier, Jack/Fritz Von Erich, est joué par un Holt McCallany tout à fait convaincant dans le rôle de ce père dénué d’humanité, ou du moins qui ne la fait transparaître (aussi factice soit-elle) que lorsque ses fils lui mangent dans la main. Avoir la reconnaissance et la fierté de leur père, voilà ce qui animait une partie de la vie des Von Erich et sûrement aussi ce qui les a mené à leur perte, en plus d’avoir joué de beaucoup de malchance.

Iron Claw est l’une des surprises de début d’année et finira sûrement dans le top de fin d’année 2024 des meilleurs films (quoique s’il y a autant de bons films qui sortent chaque mois le classement ne sera peut-être pas assez grand pour y faire figurer tout le monde). Ciselé avec une narration dense et haletante, encore plus pour celles et ceux qui comme nous n’auraient pas eu vent en amont des faits qui ont marqué la vie de la famille Von Erich, le film est un véritable marathon de drames, de résilience et de survie face à la mort à travers les années et raconte un thème universel déchirant : comment continue-t-on à vivre lorsque l’on perd ses frères ? Bluffant. Nous profitons de ce papier pour y coucher une pensée pour Bray Wyatt (alias The Fiend), Josh (si un jour tu passes par là) et nous ne t’oublierons pas toi et ta Firefly Fun House.

Titre original: THE IRON CLAW
Réalisé par: Sean Durkin
Casting: Zac Efron, Harris Dickinson, Jeremy Allen White…
Genre: Biopic, Drame
Sortie le: 24 Janvier 2024
Distribué par : Metropolitan FilmExport
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































