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SYNOPSIS : Suivez Charlie Morningstar, une démone princesse des enfers, dans sa quête pour gérer un hôtel dans le but d’offrir la possibilité de rédemption des damnés afin d’éviter leur massacre annuel à cause de leur surpopulation. Dans sa tâche elle est soutenue par sa compagne Vaggie ainsi que son premier pensionnaire Angel Dust. Elle est rejoint par un puissant démon, aux objectifs obscurs, du nom d’Alastor qui a aussi convié deux employés supplémentaire : Niffty une femme de chambre maniaque et Husk le barman taciturne.
Il est possible que l’histoire d’Hazbin Hotel témoigne d’un renouveau dans le contexte de la production de l’animation, de par son émergence comme par le gain de popularité que la série a connue sur Internet. A son origine, il y a l’animatrice Vivienne Medrano (connue sous le pseudonyme VivziPop), et le récit palpitant d’un crowdfunding devenu un épisode pilote diffusé sur sa chaîne YouTube en octobre 2019. Cette première pierre de Hazbin Hotel – un morceau de 30 minutes qui mixe déjà les influences et le sens de chaos de son univers visuel – fut accueilli avec un succès quasi immédiat, attira les curieux et fit naître une intense communauté de fans. Un peu plus de 3 ans plus tard, c’est vers Amazon que ce singulier objet animé se dirige, co-produit par Bento Box Entertainment et A24, pour prendre la suite de ce pilote « amateur » et conter l’histoire de l’Hotel le plus frappadingue de l’Enfer.

Hazbin Hotel suit une intrépide galerie de personnages, centrés autour de l’idéaliste et émotive Charlie Morningstar, princesse de l’Enfer, fille de Lucifer et Lilith. Charlie croit en la rédemption, et décide de créer le Hazbin Hotel, un havre de paix au milieu du chaos où les âmes damnées pourront venir tenter de devenir meilleures. Elle doit alors composer avec sa petite amie colérique Vaggie, son assistant personnel mystérieux Alastor, le barman taciturne Husk et la star de l’industrie du X locale Angel Dust, alors que les Anges du Paradis se préparent – comme chaque année – à faire une descente sanglante en Enfer. Pour cette excursion télévisée qui fait rempiler les ambitions et l’énergie absurde de ses origines, Medrano (qui réalise les épisodes) convoque une flopée de personnages extrêmement hauts en couleur, une ribambelle de démons pécheurs et pécheresses, dans un univers visuel qui invite à son bord un mix d’imageries en tout genre, du film noir aux icônes religieuses, en passant par le cartoon pour adulte et – évidemment – la comédie musicale. Car Hazbin Hotel est un diable monté sur ressort, qui bondit deux fois par épisode pour dégainer son appétit pour la musique, avec des chansons machiavéliquement prenantes (écrites par Sam Haft et Andrew Underberg) qui viennent apporter une identité propre à la série, dans ses reliefs absurdes comme dans ses sursauts d’émotions qui arrivent lorsqu’on s’y attend le moins. Chaque personnage aborde ses chansons avec sa couleur propre, donnant par exemple à Charlie des airs de Princesse Disney qui hurle son optimisme et ses rêves confrontés à la réalité lugubre des choses.

Ces premiers épisodes (nous avons pu en voir 5 sur les 8 qui composent cette première saison) réussissent alors à charmer par leur fougue diabolique, leur violence sans retenue et leurs excès spectaculaires (évitez de poser des enfants devant, la série évoque sans ménagement certains rapports au sexe, à l’addiction, à la mort, à la violence, à certains types d’abus et globalement à tout ce que l’Humanité sait faire de pire). Le contraste de son univers visuel, extrêmement cartoonesque et coloré de toute part, avec ses pointes acides et son humour sans filtre qui se permet de s’immerger dans le trash, amène ici la principale réussite de ce démarrage, grâce à des personnages extrêmement attachants, car aussi antipathiques et détestables que charmants et complexés. Par exemple, si Angel Dust est d’ores et déjà un favori des fans depuis son apparition dans le pilote, c’est certainement dû à son histoire complexe, à son attitude débridée, à sa liberté sexuelle euphorisante et sans fioritures, qui donne à la série l’occasion d’explorer ses contradictions notamment dans l’épisode 4, remettant en contexte son exploitation au sein de l’industrie du X de l’Enfer et la spirale autodestructrice dans laquelle il est enfermé.

Pour donner de la voix à ses curieuses figures en 2D, Medrano – en remplaçant le casting d’origine – est allé chercher du côté de Broadway et de l’animation pour ramener en Enfer Erika Henningsen (Les Misérables, Mean Girls), Stephanie Beatriz (Encanto, In the Heights), Blake Roman (Harmony), Keith David (La Princesse et la Grenouille), ou encore Amir Talai, Kimiko Glenn et Alex Brightman. Si elle porte malgré elle des apparences de plongée gratuite dans les confins de la violence et de la vulgarité, Hazbin Hotel s’avère être une expérience musicale captivante et hilarante, que ce soit dans le traitement drolatique de ses personnages, dans sa stupidité confondante qui renvoie son univers infernal de poche à un sommet d’absurdité délicieuse, dans la richesse visuelle de ce show de Broadway composé avec soin, ou dans les pics d’émotions qui laissent préfigurer la direction d’une œuvre probablement bien plus profonde que ce qu’on peut y voir au démarrage. Vivienne Medrano réussit son baptême du feu avec une aventure démoniaque aussi singulière et bizarroïde qu’enthousiasmante, un peu crado et beaucoup acide, dotée d’un charme évident pour convaincre les néophytes de cette vision twistée unique du combat entre l’Enfer et le Paradis, zigzagant avec malice entre les blasphèmes et la décence – parce que cela ne serait vraiment pas marrant sinon…
Crédits : Prime Video France








































































































































