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SYNOPSIS : Une paisible colonie sur une lune lointaine est soudain menacée par les armées d’un tyran et place tous ses espoirs de survie entre les mains d’une mystérieuse inconnue.
Presque une semaine c’est le temps qu’il nous aura fallu, non pas pour digérer Rebel Moon mais bel et bien pour réussir à le visionner dans son intégralité. Nous nous y sommes repris à trois fois avant d’enfin trouver la force et la motivation de clôturer les deux heures qui composent ce qui devait être (ou aurait pu être, c’est selon) l’un des « événements » de la fin d’année 2023. Auréolé du succès critique de sa fameuse Snyder Cut et pleuré par un noyau de fans éploré qui telle la grande pythie prédit d’ores et déjà un échec (même si « souhaiter » un échec serait après analyse plutôt le mot adéquat) au futur univers chapeauté par James Gunn, Zack Snyder n’a rien trouvé de mieux pour attiser l’envie du public que d’aller s’épancher dans la presse pour expliquer que Rebel Moon devait à une époque devenir un film Star Wars avant de muter en une nouvelle licence à part entière. Le problème est que dès les premières minutes du film il fut assez aisé de se rendre compte qu’il y avait un gouffre entre le teasing opéré autour de Rebel Moon et le résultat final, à la ramasse absolue à tous les niveaux. Pire Zack Snyder nous a encore sorti sa fameuse carte maîtresse « mais il existera une version longue qui sera meilleure et subversive » et là on n’a juste même plus envie de trouver des circonstances atténuantes au bonhomme face à des déclarations aussi putassières. Déjà parce que le film est si raté et l’univers si ubuesque et inintéressant qu’il est difficile d’imaginer comment une version longue pourra donner un semblant d’intérêt à tout ça mais aussi et surtout parce qu’on en a marre d’entendre parler de version longue pour des films à peine sortis (même rengaine récemment pour Napoléon). Au bout d’un moment soit Zack Snyder est un opportuniste, soit c’est la plus grande vicos d’Hollywood. Il conviendrait de songer à changer de disque car ce qui était à un moment un espoir pour Justice League (dans un tout autre contexte sur lequel nous ne reviendrons pas car beaucoup trop d’encre a déjà coulé sur le sujet) est ici à l’inverse une source de profonde décrédibilisation. Retour sur le crash de fin d’année 2023.

Il y a une poignée de jours, alors que Rebel Moon allait sortir, des premières critiques commençaient à émerger et elles étaient déjà très mauvaises. Rien de très étonnant dans la mesure où Zack Snyder ne fédère que rarement en masse et a souvent eu du mal à concilier succès critique et succès financier. Lorsque des tops douteux de films estampillés Zack Snyder ont commencé à pointer leur nez ici et là, certains même nourris de données de sites tels que Rotten Tomatoes, plaçant Rebel Moon très bas mais nous rappelant aussi par la même occasion que plusieurs films de Zack Snyder ne méritaient pas toute la haine et les mauvaises notes entérinées jusque-là, nous nous sommes dit que Rebel Moon était possiblement victime d’un acharnement disproportionné et que nous allions sûrement y trouver plus d’intérêt que ne le laissaient présager les critiques. Malheureusement au bout de la première demi-heure nous avons rendu une première fois les armes. La suite du visionnage se fera malheureusement tout autant dans la douleur. Rebel Moon s’affiche ainsi avant tout comme la caricature ultime de ce que Zack Snyder peut faire de pire : des dialogues risibles qui devraient être interdits par la loi, des personnages qui ne dépassent jamais l’archétype basique qu’ils représentent, des ralentis inutiles qui desservent l’action, une narration aux fraises, des enjeux mal amenés, un univers vide, moche et purement schématique dans sa construction donnant à l’ensemble le charisme d’une série B, mais avec de l’argent. De l’argent tellement jeté par les fenêtres que cela en donne presque la nausée. Même en y réfléchissant, et nous en sommes les premiers surpris, nous n’arrivons pas à trouver un seul élément marquant positif. 
Pour faire simple, mais en même temps le film ne s’embarrasse pas du contraire, l’histoire met en scène une bande de fermiers qui voient un beau jour débarquer un psychopathe à la solde d’un pouvoir tyrannique qui souhaite s’emparer de leurs récoltes. Arborant une attitude passive/agressive, le représentant en question leur demande poliment, tout en les rassurant sur la marge de manœuvre qu’ils auront pour fournir lesdites denrées, de s’exécuter prochainement. Malheureusement tout ce petit cinéma ne va pas durer bien longtemps et finit sur un ultimatum : finalement les fermiers devront donner tout le contenu de leurs récoltes, sinon ils seront éradiqués. Cette première situation est symptomatique d’un aspect du film un peu lunaire : les bad guys sont des crevures pures et dures mais des ordures dont la logique ne paraît d’emblée pas viable sur le long terme. Ainsi on se rend vite compte que tout le monde se fait démonter par principe, peu importe que les personnes acceptent de coopérer ou non ou que les méchants donnent ou non leur parole sur l’absence de représailles en échange de confessions ; on se demande bien alors quel est l’intérêt pour le peuple dans la mesure où sans une once d’espoir ou de confort aussi relatif soit-il il apparaissait inévitable qu’une révolte émergerait. Ce manque de jugeote des personnages catalogués « méchants » (il ne faudra pas chercher de la nuance dans ce film), au-delà de rendre Rebel Moon encore plus manichéen qu’il ne l’est, rend absolument impossible un quelconque attachement à l’autre camp que celui des fermiers. Oui mais voilà, c’est un attachement forcé, car même eux ne nous le cachons pas : leur quête on s’en bat la mousse avec un fer à friser…

Bien évidemment sans aide les pauvres fermiers ne pourraient rien faire pour sauver leur village de la destruction. S’engage alors une session de recrutement en mode Les Sept Mercenaires et les Sept Samouraïs qui fait pleinement transparaître la faiblesse de l’écriture : Zack Snyder ne sait pas écrire un film de cette envergure sans y donner un aspect quêtes secondaires de jeux vidéo. C’était déjà la faiblesse d’un film comme Sucker Punch mais on pouvait tout de même lui trouver un certain nombre de circonstances atténuantes au-delà du parti pris. Là, cela frôle l’amateurisme. Chaque session tombe comme un cheveu sur la soupe mais arrive comme par hasard à point nommé car il y a toujours un événement clé qui se produit ou qui peut être déclenché lorsque les fermiers débarquent. D’ailleurs tout ce qui ne va pas au sein du film peut être cristallisé dans certains passages de ces sessions recrutement comme le combat contre l’araignée ou mieux (en termes d’exemple car c’est infect à regarder) : le domptage de l’hippogriffe. Quel enfer. Il suffit de regarder ce passage pour obtenir le best of des éléments crispants du film : des dialogues niais, des ralentis écœurants, une situation farfelue, des dialogues niais (ah non mince ça on l’a déjà dit), tout ça pour introduire un personnage quelconque qui sera noyé dans une session de recrutement ringarde aussi intéressante qu’une battle de capoeira au milieu de la Méditerranée… A un tel niveau on ne peut plus rien faire à part creuser.

Bien sûr vous l’aurez surement deviné, au-delà d’être atrophié le film n’arrive même pas à proposer un univers ou une mythologie digne d’intérêt. Il ne s’agit pas d’un univers qui vit mais bien d’éléments rapportés ici et là dans un même scénario sans qu’à aucun moment une quelconque homogénéité ou logique d’univers ne s’en dégage. C’est à se demander comment des producteurs ont pu donner le feu vert à une telle production. On n’arrive même pas à imaginer quels produits dérivés pourraient émerger de l’entreprise ni qui aurait envie de posséder des figurines à l’effigie de personnages aussi transparents. Rien qu’en ne trouvant pas de réponse à cela, la messe est dite. Côté casting on a un melting-pot d’un peu tout le monde, de Sofia Boutella qui en impose physiquement et qui a l’occasion de faire les gros yeux à chaque plan en jouant un personnage vraisemblablement plus doué pour exploser des gueules que pour labourer des champs, Charlie Hunnam qui a vu de la lumière, Jena Malone qui mérite largement mieux qu’un projet aussi foireux ou encore Ray Fisher pour qui Zack Snyder fait office de Pôle emploi. On retiendra la performance d’Ed Skrein en méchant infatigable encore plus increvable qu’une punaise de lit qui s’est sûrement bien amusé à jouer son personnage hautement stupide mais totalement fou et donc sûrement diablement récréatif. 
Obsolète à tous les niveaux Rebel Moon est un film d’une ringardise bien plus stratosphérique que le space opera qui le compose où l’on en vient à se demander si Zack Snyder a encore des choses à proposer, lui qui ne semble absolument pas évoluer, voire régresser. Attaché à ses ralentis imbuvables qui sclérosent autant sa narration que son action (il ne nous semble pas qu’un bâton de dynamite comme John Wick 4 s’embarrasse de tels artifices), incapable d’écrire des personnages et des dialogues qui ne sont pas cons comme des balais et encore moins d’insuffler un quelconque souffle épique à une quête dont tout le monde se fout dès le premier quart d’heure, Zack Snyder accouche d’une première partie sans âme et sans intérêt qui se prend en plus tellement au sérieux qu’elle finit par faire peine à voir. Gênant, tout simplement. Au bout de deux heures le bilan est sans appel : on se demande où sont passées ces heures qui n’ont absolument rien racontées hormis le recrutement d’une bande de péquenauds par d’autres péquenauds. Est-ce qu’on attend la seconde partie en lui laissant le bénéfice du doute ? Absolument pas.

Titre Original: REBEL MOON – PART 1 – A CHILD OF FIRE
Réalisé par: Zack Snyder
Casting : Sofia Boutella, Charlie Hunnam, Ed Skrein…
Genre: Aventure, Science Fiction, Fantastique, Action
Sortie le : 22 Décembre 2023
Distribué par: Netflix France
TRÈS MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































