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SYNOPSIS : Godlock est en mission pour venger son jeune fils, qui a été tragiquement abattu lors d’une guerre de gangs la veille de Noël.
Cela faisait depuis 2017 que John Woo n’était pas retourné derrière la caméra, et une petite vingtaine d’années qu’il ne l’avait pas fait aux Etats-Unis. Avec son nouveau long-métrage, calibré pour les fêtes de fin d’année, le réalisateur sino-américain renoue avec ses obsessions et son goût de l’action débridée, pour balancer Joel Kinnaman dans une spirale vengeresse avec son Silent Night. Sur un scénario signé Robert Archer Lynn, le film raconte l’histoire de Brian Godlock, un père de famille, traversé par un drame terrible lorsqu’un règlement de compte entre deux gangs rivaux projette une balle perdue sur son jeune fils. Dans l’optique de se venger de ceux qui ont détruit sa famille, Brian entreprend de s’entraîner au maniement des armes et de planifier son assaut contre le gang de Playa. « Les Dieux de la vengeance exercent en silence » disait Jean-Paul Richter. C’est cette idée qu’explore John Woo au sein même du concept de Silent Night, une odyssée vengeresse à la John Wick brillant par ses excès taiseux et par sa quasi absence de dialogues (les seuls que l’on entendra clairement sont les flashs radios et les fréquences de police qui décrivent la situation). Lorsque le protagoniste du récit, Joel Kinnaman convaincante tête d’affiche, est introduit dans son ouverture, et qu’il est laissé au plus bas avec son désir ardent de revanche avec ses cordes vocales détruites, Woo lance son film sur les rails d’un high-concept unilatéral, calibré pour la baston, l’hémoglobine, les ralentis un brin grand-guignolesques et un scénario qui tient en quelques lignes à peine. Mais Silent Night déconcerte dès les bases de son exposition, transformant son ambition silencieuse en une pléthore de moments déconcertants où les personnages se toisent sans ouvrir la bouche plutôt que de s’expliquer – car seul le personnage de Brian trouve une justification au sein du concept, du fait qu’il se retrouve blessé au niveau des cordes vocales et incapable de prononcer un seul mot. Les autres personnages, à commencer par sa femme Saya, n’ont dans la diégèse du film aucune raison de ne jamais rien dire, et les fondations de Silent Night s’effondrent aussi vite que la passivité avec laquelle chaque personnage secondaire réagit aux abords de son protagoniste. Cependant, bien que la mise en scène tiède et le montage hasardeux n’aident pas véritablement à la bonne tenue de l’ensemble, le long-métrage tient des séquences d’action plutôt solides, entre courses-poursuites, corps-à-corps et flinguages enflammés qui ponctuent la route de Brian.

On retrouve à travers Silent Night tous les clichés du film de vengeance et de la lutte des « gentils » contre les gangs qui gangrènent les Etats-Unis (membres de gangs tous, sans exception, incarnés par des comédiens latinos aux visages tatoués). Dans cette mesure, le film n’a quasiment rien à offrir en termes d’idée narrative, s’assurant simplement de garder son point de vue à la hauteur de son héros endeuillé et de tenir son concept de A à Z. Mais l’équilibre ne fonctionne que trop rarement, obligeant le film à s’enfoncer dans des archétypes de personnages sans relief, dans des sursauts d’émotions évidemment larmoyants et dans une artificialité globale qui parasite les ambitions honnêtes du film au profit d’un produit étonnamment lisse, éliminant ses aspérités à chaque déroulé de son intrigue.

Tout est en ligne droite, balisé au possible, laissant simplement les quelques éclats jouissifs de ses scènes de baston donner au spectateur quelque chose à se mettre sous la dent (même si la pure réussite du dernier chapitre de John Wick, sorti plus tôt dans l’année, avait déjà achevé de rendre ce Silent Night obsolète).

Bien que solidement mené par Joel Kinnaman, ce nouvel original de John Woo manque le coche par ses retenues et l’affaissement progressif de son concept qui finit par respirer l’artificialité. Et comme l’ensemble de Silent Night, à commencer par son titre, est calibré sur l’idée de la violence taiseuse, le film échoue malheureusement à offrir une épopée à la hauteur de sa promesse, faisant simplement état d’une suite de clichés éculés et d’archétypes poussifs au service d’une pétarade sans vraie raison d’être. Si l’on a notre dose de silence, il manque peut-être à John Woo un brin de Dieux de la vengeance…

Titre Original: SILENT NIGHT
Réalisé par : John Woo
Casting : Joel Kinnaman, Kid Cudi, Catalina Sandino Moreno …
Genre: Action, Thriller
Sortie le : 29 décembre 2023
Distribué par : Prime Video
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































