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SYNOPSIS : Lorsqu’il était adolescent, Ted était amoureux de Mary, la plus belle fille du lycée, mais celle-ci a brusquement déménagé sans laisser d’adresse. Treize ans plus tard, Ted n’a rien perdu de sa timidité ni de sa réputation de minable et est toujours autant épris de Mary… Il décide alors de faire appel à Healy, un détective privé improvisé, afin de la retrouver…
Avec Mary à tout prix, les frères Bobby et Peter Farrelly, révélés quatre ans plus tôt avec Dumb and Dumber (1994), rencontrent le succès international. D’un budget initial de 23 millions de dollars, Mary à tout prix en rapporte au final 176 rien qu’aux Etats-Unis. En France, le long-métrage enregistre plus de 3,3 millions d’entrées. Mary à tout prix est devenu pour toute une génération un film absolument culte. Tant il multiplie notamment les loufoqueries, toutes plus trashs les unes que les autres avec de véritables moments d’anthologie glauques, humiliants mais totalement délirants. Comme une extrapolation extrême de toutes nos ingrates blessures adolescentes entre le blocage de braguettes, le gel au sperme, les attaques canines testiculaires dans une baston épique à la Matrix (sorti pourtant un an après en 1999), le faux paralytique, l’auto-stoppeur tueur en série, nous en passons et des meilleurs et des pires !! Le génie des Farrelly est de multiplier les gags lourds et douteux autant qu’hilarants dans ce qui n’est pas autre chose qu’une comédie romantique et qui touche ainsi à une forme d’universalité tant Mary est l’amour de la vie de Ted, et qu’il est prêt à tout affronter pour le moindre soupir de sa belle. Le film va finalement nous conter ce parcours du combattant existentiel pour arriver au bonheur affectif. Les rivaux amoureux qui vont se dresser sur le chemin de Ted, tous plus pitoyables, immondes et libidineux ne seront que des mirages pour permettre à Ted de s’extraire de sa fascination flippante et simplifier son lien pour se dégager de ses obsessions. Mary à tout prix est évidemment cette jouissive et jubilatoire farce qui nous a tant éclaté au sol, mais qui l’air de rien se pose aussi comme une petite anthropologie de la tyrannie amoureuse.

La transgression est ici permanente dans ce qui se joue entre femmes et hommes. Alors forcément, 25 ans après, le regard sur l’œuvre pourrait interroger sur son caractère agressif et abusif sur toute forme d’altérité. Sauf qu’en avance sur leur temps, le duo de réalisateurs joue de la satire en se jouant de cette galerie archétypale de personnages. Tout le monde en prend plein la gueule dans une chronique de la médiocrité ordinaire, entre les idéaux masculins et féminins et la constante vulgarité et hypocrisie masculine. A cet égard, le personnage de Pat Healy est comme l’antéchrist du romantisme et égratigne au passage l’homme des cavernes qui sommeille chez plus de la moitié de l’humanité. La charge est violente car par le biais d’un humour aussi incisif, le message est terriblement authentique sur la prédominance de l’entrejambe sur le cœur et le reste. Tout est prétexte à la moquerie dévorante et dévastatrice, la question raciale, le handicap, l’homophobie, la misogynie ordinaire, la grossophobie et à peu près tous les ancrages de la stéréotypie. Ted et Mary ne sont pas au-dessus de la mêlée tant la démonstration de l’absurdité de leur quête de perfection chez l’autre est autant pathétique que la crapulerie sans pareille des personnages secondaires. Ces Roméo et Juliette du pauvre vont ainsi endurer métaphoriquement toutes les entraves toujours contemporaines de la difficulté de s’aimer.

Mais évidemment, ce qui va rythmer la mise en scène et marquer toute une génération de spectateurs réside dans l’enchainement de scènes absurdes, souvent vulgaires mais délicieusement désopilantes et génialement méchantes contre l’Amérique moyenne. L’enchaînement de tableaux complètement fous permet au spectateur de ne jamais décrocher tant chaque scène est comme un film dans un comique de situation qui se renouvelle à chaque saynète avec cette lourdeur revendiquée en étendard. Le casting est tout simplement dingue. Avec sans doute en tête, Matt Dillon dans le rôle de Pat Healy. L’acteur s’essaye pour la première fois à la comédie avec une ébouriffante virtuosité. Il incarne avec passion la pire des ordures en cassant ainsi son image dans une géniale prise de risques.

Dans la même idée, Cameron Diaz qui avec ce rôle va venir internationaliser son statut de star, casse les codes de la vulnérabilité féminine en alternant certes la candeur mais aussi le ridicule de son désespoir. Elle est iconique autant dans la passion qu’elle suscite par son personnage que dans l’engagement qui est le sien dans chaque scène. Elle magnétise l’image même quand elle demande à Ted « C’est du gel ? » On n’en peut plus de rire et de s’émerveiller autant des trouvailles scénaristiques que de la façon de l’actrice de s’en emparer. Ben Stiller n’a pas finalement le rôle le plus valorisant, tant il s’érige ici en Calimero autant charmant qu’agaçant. Mais comme l’acteur sait tout faire dans le registre de la comédie, lui aussi capte notre œil et permet au duo Ted et Mary d’entrer dans notre anthologie cinéphile. Entre la cour maternelle et l’esprit Monty Python, une fois passée la grossièreté au stade anal, qui n’est en réalité qu’un mode comique assumé, on rit gras certes, mais s’infuse aussi en nous l’envie de croire que dans ce sinistre décor qu’on appelle le monde, demeurent des océans de créativité et même un peu d’optimisme. Mary à tout prix, mordant et potache, on se marre tellement et en vrai on réfléchit un peu, c’est déjà énorme !!

Titre original: THERE’S SOMETHING ABOUT MARY
Réalisé par: Peter et Bobby Farelly
Casting: Ben Stiller, Cameron Diaz, Matt Dillon…
Genre: Comédie
Sortie le: 11 Novembre 1998
Ressortie le : 27 décembre 2023
Distribué par : Les Acacias
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 90








































































































































