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SYNOPSIS : Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ere aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.
Sortie le 13 décembre dernier, Winter Break est une pépite que nous avons bien failli louper. Découverte sur le fil du rasoir de cette fin d’année 2023, elle l’aura au moins été dans des dispositions tout à fait adaptées puisque le film se déroule lui aussi en pleine période de noël. Winter Break est réalisé par Alexander Payne, assez absent d’un paysage devenu davantage hollywoodesque qu’hollywoodien, et de base loin d’être prolifique puisqu’il ne réalise qu’assez peu souvent des films même s’il tente de se diversifier comme en témoigne son Downsizing sorti en 2018 mais étrillé par la critique. Qu’à cela ne tienne, cela n’a miraculeusement pas dissuadé Alexander Payne de revenir mais par contre exit la grandiloquence de fabrication d’un blockbuster, ici on revient à quelque chose d’intimiste et sensible qui non seulement se déroule en 1970 mais semble aussi tout droit en sortir. En repensant entre autres à l’excellent The Descendants nous ne pouvons que saluer ce retour aux sources.

Intimiste c’est d’ailleurs le maître mot de Winter Break, lui qui tend à le devenir de plus en plus au fur et à mesure de son déroulement. Le film se vide en effet peu à peu en personnages avant de ne se concentrer que sur un petit noyau de protagonistes. Basé en décembre 1970, le film nous présente M. Hunham, professeur détesté de façon assez unanime par les élèves, les professeurs et certainement aussi par tous les autres êtres humains qu’il peut être amené à côtoyer en dehors du lycée où il exerce, lors de ses rares escapades extérieures, frêles incartades à son isolement d’ours casanier. Sa présence sur le campus ne manque pas de faire des étincelles car au-delà de son déplaisir viscéral à côtoyer des élèves qu’il juge bêtes à manger du foin et presque indignes d’exister, lesdits élèves sont des « gosses de riches » tout à fait hautains et je m’en foutiste. C’est donc entre deux clashs et une cascade de mauvaises notes que se profile enfin une trêve hivernale pour laquelle chacun a déjà la tête ailleurs. Tout le monde a déjà son idée sur la forme qu’elle prendra et une chose est sûre : elle sera loin du campus. Sauf que par un concours de circonstances, M. Hunham se retrouve à passer les vacances de noël avec un groupe d’élèves qu’il doit surveiller. Un groupe hétéroclite assez fourni qui donne une ambiance « goulag feat. colonie de vacances » car avec monsieur Hunham pas question de lambiner ou végéter. 
Outre le fait qu’une partie des bâtiments ne sera pas chauffée et que tout le petit monde doive se délocaliser au même endroit pour dormir, cours de sport dans le froid et heures d’études sont aussi au programme. Profondément déshumanisée de l’esprit de noël, l’école va même jusqu’à se séparer de son seul sapin avant de laisser les élèves en tête à tête avec leur professeur. Bonjour le cafard. Sauf que par un autre concours de circonstances une partie du petit groupe va finalement pouvoir accéder au précieux sésame : l’autorisation de quitter l’école pour les vacances de noël. M. Hunham se retrouve donc en tête à tête avec Angus, unique élève rescapé, dépité d’être le seul à devoir rester dans ce qu’il estime être une prison, et la cuisinière du lycée qui a récemment perdue son jeune fils, lui aussi antérieurement étudiant à l’école. Cette promiscuité forcée et hasardeuse va être l’occasion pour tout le monde d’apprendre à cohabiter malgré leur hétérogénéité. Et quel plaisir (du moins pour nous). Winter Break a ce côté tout à fait hypnotisant, profond et feel good qui en fait un film merveilleusement équilibré et chaleureux, assez différent d’un Club Zero (une autre pépite de l’année) qui était quant à lui bien plus austère et coup de poing dans son parti pris. Il y a ainsi dans Winter Break une atmosphère qui berce jusqu’à créer une sorte de cocon extrêmement addictif qui ne donne pas envie d’en sortir. Le film se déroule sur toute la durée des vacances, soit une période de quinze jours et autant de temps à tenir la main de ces personnages au milieu de nulle part dans la neige et les grands couloirs vides. Ce film nous a renvoyé à beaucoup de nos souvenirs, nous donnant même parfois l’impression de nous réimmerger dans le lycée d’un Canis Canem Edit avec la plénitude presque fantasmagorique du silence des vacances. La réalisation et le scénario y sont pour beaucoup bien évidemment mais le cœur du film demeure avant tout son casting. De ce point de vue c’est aussi archi fluide, que ce soit en comité élargi comme au début du film ou en comité plus restreint. Chaque élève apporte une touche de dynamisme bienvenue au film qui passe par une phase de transition avant de nous proposer le trio final qui incarnera la dernière forme fixe. Paul Giamatti est Paul Hunham, la terreur des professeurs et des élèves. Tronche bien connue du cinéma américain il a ici la tribune nécessaire pour attirer tous les regards sur lui. On sent d’ailleurs que le comédien s’amuse beaucoup dans le rôle qui lui laisse la part belle à quelques saillies bien senties qui nous ont beaucoup fait rire. Dans le rôle d’Angus, l’élève qui se retrouve abandonné au dernier moment par sa famille et doit rester à l’école avec son « bourreau », on retrouve Dominic Sessa dont il s’agit à priori du premier film. Très expressif et aussi à l’aise dans l’insubordination que l’émotion, Dominic dégage quelque chose de fort, avec un regard aussi triste que magnétique qui fait qu’on se souvient de lui longtemps encore après la fin du film. Enfin, dernière recrue du trio d’infortune, Da’Vine Joy Randolph qui incarne Mary la cuisinière endeuillée du campus, le lien, le ciment fébrile du professeur et de l’élève. Elle apporte douceur, sagesse et une forme d’autorité guidée par une intelligence émotionnelle tout à fait différente des deux autres ce qui permet au trio de trouver peu à peu son équilibre. 
Gros coup de cœur profondément passionnant, tout ce que propose Winter Break il le tisse à la perfection. Réconfortant (malgré des sujets pas forcément toujours légers), confortable, nostalgique et planant, le temps s’arrête durant ces vacances de noël accélérées qu’on souhaiterait pourtant pouvoir davantage ralentir à l’aide d’une télécommande à la Click. On a presque envie de ne jamais quitter ce trio, cette école et cette neige au sein desquels nous nous sommes lovés le temps d’un bref instant. Même si « la vie est comme une échelle de poulailler, courte et pleine de merde « , on peut dire qu’elle aura pendant un peu plus de deux heures été douce et hors du temps. Le film de fin d’année dont 2023 avait besoin.

Titre original: THE HOLDOVERS
Réalisé par: Alexander Payne
Casting: Paul Giamatti, Da’vine Joy Randolph, Dominic Sessa…
Genre: Comédie, Drame
Sortie le: 13 décembre 2023
Distribué par : Universal Pictures International France
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma








































































































































