![]()

SYNOPSIS : En mai 1985, dans la Cordillère des Andes, au Pérou, Joe Simpson et Simon Yates, deux talentueux alpinistes britanniques, tentent l’ascension de la face ouest du Siula Grande. Ils atteignent le sommet, mais c’est à la descente que se produit le drame.Dans la tempête, Joe tombe et se casse la jambe. A 6 000 mètres, sur cette montagne isolée du monde, il n’a aucune chance de s’en sortir. Et Simon sait que s’il vient en aide à son ami, lui aussi est perdu. Ce dernier va devoir prendre une terrible décision : couper la corde qui le relie à Joe…
C’est le genre d’histoire qui ne devrait exister que dans les livres ou les films. Or, c’est pourtant une histoire vraie, terriblement vraie, effroyablement vraie. Le genre d’histoire où la vie ne tient qu’à un fil, en l’occurrence celui qui, en mai 1985, relia les deux alpinistes britanniques Joe Simpson et Simon Yates au cours de leur expédition dans la Cordillère des Andes. En effet, cette année-là, après avoir mis trois jours à escalader la face ouest du Siula Grande et à devenir les premiers hommes à en atteindre le sommet, la redescente tourna vite au désastre. Victime en pleine tempête d’une fracture de la jambe qui obligea alors Simon à l’attacher à une corde en le faisant glisser sur la façade, Joe se retrouva tout à coup suspendu au-dessus du vide, impuissant et éprouvé. Il fallut alors pas moins d’une heure et demie d’attente et de dilemme à Simon pour prendre la pire décision qui soit : couper la corde qui le reliait à Joe, histoire de s’en sortir vivant et de regagner le camp de base… Cet acte effroyable interdit toute réaction à sens unique de notre part. Parce que s’y mêlent l’effroi envers celui qui décide de sacrifier son prochain et l’empathie vis-à-vis de cet arbitre hélas imparable que l’on appelle l’instinct de survie (qu’aurions-nous fait à la place de Simon ?). D’autant que ce cauchemar givré à haute altitude se sera achevé de façon encore plus ahurissante : après sa chute de plusieurs dizaines de mètres de haut, Joe aura malgré tout réussi à s’extraire d’une immense crevasse et à regagner le camp de base au bout de quatre jours d’efforts, sans eau ni nourriture, au terme d’un impitoyable voyage aux confins de la folie. Le résultat de son expérience éprouvante ? Un livre à succès que le documentariste écossais Kevin MacDonald aura fini par adapter sur grand écran. Le résultat laisse bouche bée.

Aucun film de montagne ne ressemble à celui-là. Certes, il y a parfois eu plus intense et plus chargé en émotion pour ce qui est de traduire l’effort physique et l’effet d’isolement en altitude par des moyens purement sensoriels (le récent film d’animation Le Sommet des Dieux reste l’Everest du genre), mais ce que Kevin MacDonald ose ici renvoie illico presto Cliffhanger et Vertical Limit au rang de petites descentes en luge pour marmots de huit piges. La Mort suspendue coche toutes les cases de l’épreuve physique et morale : dure, authentique, sans concessions et surtout sans effets spéciaux. Relais immédiat de tout ce qu’une telle situation implique, du sentiment de danger, d’effort et d’oubli jusqu’à la dimension hostile de la nature en passant par l’être humain qui teste ses propres limites. Zéro dramatisation jusqu’au bout, et ce en raison d’un scénario sans bout de gras qui s’en tient aux faits les plus précis pour que le détail le plus impactant puisse transcender ce qui relève de l’anecdote.

Et surtout, un vrai Himalaya de réflexions morales qui prennent chair au travers des actions respectives de Joe et de Simon, touchant ainsi du doigt cet éventail de capacités qui va du plus bas (une lâcheté qui se discute) jusqu’au plus haut (un dépassement de soi qui tutoie la quête mystique). Avec un sens du suspense presque aussi aveuglant que les neiges de l’Himalaya, la caméra de Kevin MacDonald nous fait alors partager tous les états possibles et envisageables : vertige, claustrophobie, abandon, épuisement, désespoir, espoir, folie, sans oublier le vertige suscité par les reliefs enneigés (même les docus annuels de Thierry Donard pour La Nuit de la glisse font pâle figure en comparaison !).

Reste l’élément polémique du procédé de mise en scène choisi par le cinéaste : le fait d’avoir ponctué la reconstitution hyperréaliste des événements par des interviews des vrais protagonistes de l’histoire. Un effet certes justifié en soi, qui coupe court à tout faux suspense afin de laisser le spectateur subir le détail d’une extraordinaire épopée physique, mais qui louche en même temps sur les travers récurrents du « docu-drama » télévisuel pour chaîne câblée, avec une voix off qui tend parfois à surligner ce que l’image réussit déjà à cristalliser toute seule. On laissera à chacun le soin de juger la pertinence de ce parti pris, tout en restant conscient qu’il n’abîme en rien l’intensité foudroyante de ce film… vertigineux. Au sens littéral.

Titre original: TOUCHING THE VOID
Réalisé par: Kevin Macdonald
Casting: Brendan Mackey, Nicholas Aaron, Joe Simpson …
Genre: Documentaire
Sortie le: 11 février 2004
Distribué par : Diaphana Films
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000








































































































































