WONKA (Critique)

Par Pierre Chamb le décembre 23, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Découvrez la jeunesse de Willy Wonka, l’extraordinaire inventeur, magicien et chocolatier de l’univers féérique de Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl, dans le film WONKA. Timothée Chalamet incarne ce jeune homme débordant d’idées et déterminé à changer le monde… avec gourmandise ! Cette œuvre haute en couleur, mêlant émotion et humour, prouve que, dans la vie, les rêves peuvent devenir réalité – surtout si on a la chance de rencontrer Willy Wonka.

Quelque peu oublié ces dernières années Willy Wonka est un personnage emblématique qui a vu son histoire commencer en 1964 au travers du roman pour enfants Charlie et la Chocolaterie de Roald Dahl. Comme tout bon roman à succès qui se respecte, ce dernier a eu le droit à des adaptions cinématographiques, une première sortie en 1971 mettait en vedette Gene Wilder dans le rôle de Willy Wonka puis ce fût le tour de Johnny Depp en 2005 d’endosser le rôle du célèbre chocolatier dans la version de Tim Burton. Ces deux réalisations se concentraient essentiellement sur une histoire familiale centrée autour de Charlie, un jeune garçon qui découvrait la célèbre chocolaterie avec comme protagoniste Wonka, mais aucune œuvre ne s’est concentrée sur son histoire personnelle, même si la version de 2005 nous montrait quelque peu son passé au travers de flashbacks. Le film reproduit la pauvreté Dickensienne qui est à la base du roman de Dahl et nous plonge en plein cœur de Londres avec l’arrivée du jeune Willy Wonka (Timothée Chalamet), il possède une volonté sans failles et a pour ambition de laisser sa marque dans le monde du chocolat en ouvrant la plus grande chocolaterie dans laquelle il vendra ses confiseries exquises et fantaisistes au travers de ses innovations. Arrivé sans le moindre sou, il compte sur ses créations et surtout sur le bon cœur des gens de la ville. Wonka est alors dépeint comme quelqu’un de plutôt simplet avec un grand cœur rempli de rêves, mais il est très naïf et ne tarde pas à se faire escroquer. Il est rapidement transféré dans son sous-sol sinistre, aux allures de prison, où il est confiné, aux côtés de quatre autres personnes, pour faire la lessive, sous l’autorité de la cruelle propriétaire d’une laverie Mme Scrubitt (Olivia Colman) et de son acolyte Bleacher (Tom Davis).

Wonka se lie d’amitié avec un groupe hétéroclite de conscrits, dont un comptable nommé Abacus Crunch (Jim Carter), une orpheline, Noodle (Calah Lane), un plombier nommé Piper Benz (Natasha Rothwell), une ancienne opératrice téléphonique nommée Lottie Bell (Rakhee Thakrar) et un comédien, Larry Chucklesworth (Rich Fulcher). L’amitié de Wonka et Noodle constitue le centre émotionnel du film, atteignant son crescendo dans un numéro musical charmant et poignant qui voit les deux dériver au-dessus de la ville. Piégé et désespéré il se faufile pendant la journée pour partager son chocolat avec les locaux afin de réalisé son rêve; Sont mis de côté la plupart des éléments les plus sombres du livre de Dahl ainsi que ceux vu dans la version de Burton qui nous montrait un personnage plutôt froid, triste et persécuté avec des séquelles de son enfance. Ici le réalisateur britannique Paul King cherche à explorer le célèbre chocolatier sous un angle plus favorable et inventif, on découvre un personnage très sympathique, il permet de s’identifier plus facilement à lui. La noirceur laisse place à une explosion de couleurs qui nous éblouit, les décors sont colorés et amusants et défient souvent les lois de la physique. Les numéros musicaux déjà présents auparavant sont une caractéristique du monde de Wonka et une grande partie du développement de Willy, ils sont encore plus poussés ici puisque le film se veut plus musical, on s’en aperçoit dès les premières minutes du film quand on découvre les vocalises de Chalamet au travers d’une chanson célébrant son arrivée dans la capitale anglaise.

Le film se veut ouvertement simpliste. King présente son héros comme un rêveur qui encourage à rêver, il n’y a pas de traumatisme seulement de la fantaisie et de la légèreté. On regrette quand même que le réalisateur en fasse trop, cela entraine des plusieurs incohérenceq et facilitéq qui viennent entacher notre plaisir. Comme par exemple le fait qu’il se fasse arnaquer aussi facilement alors qu’il a déjà parcouru le monde entier, il devrait avoir acquis de l’expérience ou encore la facilité avec laquelle il ouvre une boutique dans des circonstances surprenantes et en un temps record. Quand on pense aux origines de Wonka, on s’attend forcément à voir les Oompa-Loompas nos petits personnages préfères des récits antérieurs de son histoire et le film n’y échappe pas, mais ce n’est qu’une intrigue secondaire, car Wonka se préoccupe principalement d’offrir une vie meilleure à la pauvre Noodle. On apprécie quand même la relation entre Willy et un Oompa Loompa, surnommé Lofty (Hugh Grant), tous les deux drôles et sarcastiques, mais aussi très solidaires.

Wonka possède des personnages fantaisistes et simplistes mais légèrement sombres qui s’opposent à Willy rappellent ceux d’Oliver Twist de Charles Dickens, ici les principaux méchants sont des gens riches et pas sympas composé d‘Arthur Slugworth (Paterson Joseph), Prodnose (Matt Lucas) et Fickelgruber (Mathew Baynton) et forment un cartel du chocolat (vous lisez bien) prêt à faire tout ce qu’il faut pour écarter toute forme de concurrence. Dignes des plus grands Disney, les méchants ne feraient pas peur à des enfants de 4 ans, et c’est bien là le but de King, rendre un film enfantin et féerique pour passer de bonne fête de fin d’année. Timothée Chalamet prouve une fois de plus qu’il peut tout faire, il livre une performance merveilleuse et attachante alors qu’il chante et danse au son des nouvelles chansons de Willy Wonka écrites par Neil Hannon, la musique est agile et permet de raconter des histoires du passé et à souligner ce qui est important dans certaines scènes. La nouvelle version de Paul King du célèbre chocolatier de Roald Dahl nous offre un esprit délicieux similaire aux films de Paddington. Subtil mélange entre le plaisir enfantin et l’aventure, Wonka laissera sa marque comme une comédie musicale charmante et fantaisiste. Toute l’histoire est un mélange d’humour, de cœur, d’émotions et de mélancolie. Très féérique et haute en couleurs c’est une histoire pour toute la famille. Néanmoins tout le film est bienveillant et la simplicité et la naïveté pourraient s’avérer être un défi difficile à relever pour ceux qui recherchent quelque chose de plus profond.