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SYNOPSIS : En 1972, le vol 571 de l’armée de l’air uruguayenne, qui transportait une équipe de rugby au Chili, s’est écrasé dans les Andes. Parmi les 45 passagers, seuls 29 ont survécu à l’accident. Coincés dans l’un des environnements les plus hostiles et inaccessibles de la planète, ils doivent prendre des mesures extrêmes pour assurer leur survie.
Le cercle des neiges a obtenu le prix du public lors de la 71ème édition du festival de San Sebastien, ce qui est tout sauf anodin au regard de l’émotion que le film peut susciter chez le spectateur. Le réalisateur, Juan Antonio Bayona veut « donner de la réalité à travers la fiction« . Pari hautement réussi à la vue du réalisme glaçant dans un mauvais jeu de mot, qui émane du long-métrage. D’autant que Les survivants, sorti tout juste 20 ans avant, avait déjà rendu compte du drame, mais en insistant peut-être d’avantage sur l’anthropophagie. Ici, la vue d’ensemble est plus dense, mais surtout les moyens techniques déployés ont deux décennies de plus en termes de modernité. Pour son film, Bayona s’est largement inspiré du roman éponyme de Pablo Vierci, paru en 2009. Notons également que Le cercle des neiges a été choisi par l’académie du cinéma espagnol comme le film qui représentera l’Espagne lors de la 96e édition des Oscars en Mars 2024. Une chose est sûre : Le cercle des neiges, c’est clairement du grand spectacle, ça ne fait pas dans le détail, et ce pour notre plus grand plaisir. En effet, rarement de mémoire cinématographique de crash aérien, le drame n’aura été filmé avec un tel réalisme. Avion qui plonge, sièges en accordéons, corps qui s’envolent, os brisés, tout est montré et surtout fortement entendu. Le vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya dans sa chute, nous fera entendre un sifflement dantesque, presque jusqu’au malaise sonore, c’est le son de l’enfer. Le craquement des membres, les hurlements des femmes et des hommes… Le son est un véritable acteur du film et amplifie son caractère hautement immersif car Le cercle des neiges est une véritable expérience immersive. Nous sommes un peu dans l’avion avec eux, ce qui au-delà d’un typique film de survival, lui confère une dose horrifique certaine. C’est précisément en cet endroit que le point de vue de Bayona est juste et passionnant, car ce genre d’histoire doit être racontée totalement, y compris dans ses aspects les plus traumatiques. Ce n’est pas un film d’horreur, mais de peur.

Et de traumas, il va en être constamment question ensuite. La neige, la glace, le sang, la faim, la peur, on est de toutes les horreurs avec les survivants. Mais justement, paradoxalement, Le cercle des neiges est un grand film de vie. Car la démonstration durant 2h22 particulièrement haletantes et sans réel temps morts, va bien être une question de détermination ultime, d’une croyance presque folle au miracle de la possibilité de continuer à vivre, malgré les totales hostilités environnantes et structurelles à leurs situations. Pour autant, le talent du cinéaste sera de ne pas trop en faire sur les poncifs réflexifs philosophiques de comptoir. « C’est avant tout un film d’action » selon le réalisateur. Le hasard qu’est la vie ne fait pas l’objet d’interminables niaiseries verbales mais simplement se montre. Dans le bout de carlingue qui sert d’abri de fortunes aux 29 qui s’amenuisent méthodiquement, c’est comme si s’effaçait la distinction entre les vivants et les morts. D’ailleurs les survivants sont eux-mêmes morts là-bas.

Pas besoin d’emphase pour disséquer l’évidente anthropologie dans une situation aussi extrême. Quand l’un d’entre-deux se refuse initialement à manger de la chair humaine, rapidement la seule denrée comestible sur place disponible en drive-in, et qu’il finit par accepter, la dissertation de philosophie est inutile, elle passe par les actes. Mange tes morts pour vivre. C’est aussi l’évident questionnement qui forcément devient un slogan redondant dans l’âme du spectateur, qu’aurai-je fait à leur place ?… La puissance de l’adversité qui bien sûr nous ramène à l’essentiel. Doit-on frôler le pire pour donner le meilleur ? etc… On connaît certes la chanson, mais son rappel régulier est toujours assez salutaire. D’un point de vue technique et formel, Le cercle des neiges est évidemment très impressionnant, il y a le son on l’a dit, mais aussi les plans qui alternent entre les visages et le terrible décor naturel de l’interminable Cordillère des Andes. Son esthétisme brut et blanc tel le paradis dans le paradoxe de sa grandeur inouïe et vertigineuse qui semble condamner à l’enfer les survivants. Le grand angle filme autant les montages que les visages. Ils ne font plus qu’un et intègrent en somme le paysage.

Parlons-en des personnages !! Ils ne font qu’un tant la souffrance est le marqueur commun de leurs respectives interprétations. Cette souffrance dans tous ses stigmates, le réalisateur la voulait presque sous forme de documentaire, et à nouveau ici aussi, le pari est remporté haut la main. Les visages sont effrayants, la peur et l’horreur sont partout. C’est un véritable collectif et à ce jeu, il est difficile d’extraire des prestations plus particulières. C’est aussi toute la virtuosité du Cercle des neiges, pas de héros, car selon les véritables survivants, les héros sont ceux qui sont morts là-bas. Performances impressionnantes donc de réalisme et d’authenticité de Rafael Federman, Felipe Gonzales Otano, Simon Hempe, Esteban Bigliardi, Jeronimo Bosia, Enzo Vogrincic Roldan, Matis Recalt, Augustin Pardella et de l’ensemble du casting !! Au final, Le cercle des neiges, c’est au-delà du film à grand spectacle. C’est un film à grand spectacle qui s’assume, mais avec une véritable proposition artistique dans le souci de vérité qui est le sien. Cette honnêteté transpire à l’écran et en fait une expérience assez unique et difficilement oubliable. C’est une promesse d’émotions très fortes !!

Titre original: LA SOCIEDAD DE LA NIEVE
Réalisé par: Juan Antonio Bayona
Casting: Enzo Vogrincic Roldán, Agustín Pardella, Matías Recalt …
Genre: Thriller, Drame
Sortie le: 04 Janvier 2024
Distribué par : Netflix France
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































