Critiques Cinéma

THANKSGIVING :LA SEMAINE DE L’HORREUR (Critique)

SYNOPSIS : Un an après qu’un Black Friday a viré au chaos, un mystérieux tueur s’inspire de la fête traditionnelle de Thanksgiving et terrorise la ville de Plymouth (Massachussetts), berceau de la célèbre fête. Alors que les habitants sont éliminés les uns après les autres, ces meurtres qui semblaient aléatoires, révèlent un plan plus vaste et sinistre. Les habitants découvriront-ils le tueur et survivront-ils à la fête… ou deviendront-ils les invités de son dîner de Thanksgiving complètement tordu ? 

Lorsqu’en 2007 Quentin Tarantino et Robert Rodriguez réalisent ensemble le dyptique Grindhouse rendant hommage aux films d’exploitation, les deux metteurs en scène font appel à des collègues amateurs du genre pour signer des fausses bandes-annonces qui seront intercalées entre les diffusions successives de Boulevard de la Mort et de Planète Terreur. On aura pu y découvrir les prémices parodiques du Don’t d’Edgar Wright, du Werewolf Women of the SS de Rob Zombie, du Machete de Rodriguez ou encore du Hobo with a Shotgun de Jason Eisener. Ces deux derniers ont d’ailleurs réussi à conquérir le cœur du public, jusqu’à la consécration par le passage au long-métrage, et c’est également le sort réservé au faux Thanksgiving fabriqué par Eli Roth au sein de cette belle étendue d’hémoglobine pas très subtile. Sorte de rip-off absurde du Halloween de John Carpenter,Michael Myers serait habillé en Père Fondateur et assassinerait la mascotte Dinde de la parade de Thanksgiving avec des armes blanches inspirées de la fête américaine, le projet Thanksgiving se dote désormais de sa propre extension en long-métrage, pour une blague qui n’en est plus vraiment une.


Le film suit une ribambelle de personnages au sein de la ville de Plymouth en Pennsylvanie (là où Thanksgiving est né). Une nuit, Jessica et son petit copain Bobby quittent le dîner familial pour aller au cinéma avec leurs amis. En route, le groupe décide de s’arrêter dans un magasin pour faire des achats, alors qu’une foule s’amasse devant les portes en attendant avec impatience le démarrage imminent du Black Friday. La situation tourne très vite au drame, un bain de sang venant ternir l’image de la ville et durablement impacter les vies de Jessica, de Bobby, du shérif de la ville Eric Newlon et de tous leurs proches. Un an après le drame, un mystérieux tueur habillé d’un masque de John Carver (l’un des Pères Fondateurs) s’en prend aux survivants du sanglant Black Friday de Plymouth, et envoie la ville dans ses retranchements alors que Jessica et ses amis reçoivent d’étranges messages de leur tueur masqué…


Dans ce qui ressemble à une tentative de récupérer les codes et les gimmicks du slasher movie pour construire son récit de boogeyman anonyme assassinant victime après victime ses cibles avec autant d’armes blanches différentes que possible, Eli Roth mène avec son impressionnant Thanksgiving une vraie plongée en arrière, se saisissant de l’héritage de l’âge d’or des slashers pour cristalliser toutes ses qualités horrifiques et ses meilleurs trouvailles narratives. Par ce dîner savoureusement absurde que nous offre Roth, copieusement gore et brillamment exécuté, parvenant à ne sentir ni le réchauffé ni l’opportunisme, Thanksgiving se dote de l’étoffe des classiques du genre, autant par sa mise en scène inspirée et l’inventivité jouissive des mises à mort de ses quotas d’hémoglobine. De ce faux trailer graineux et un brin moqueur, s’amusant avec ses clichés dépassés et son utilisation racoleuse de la violence et de la nudité gratuite, Eli Roth en sort une véritable réussite de style, un pur divertissement horrifique qui assume entièrement son grain de folie et ses excès démesurément trashs dans un récit vengeur et implacable obligatoirement conclu par un twist qui fait correctement le job malgré son aspect un brin prévisible.


Thanksgiving marque aussi par le talent de Roth pour la direction de son ensemble de comédiens et de comédiennes, tous au diapason dans un jeu diablement gore au sens de l’humour omniprésent et à l’énergie contagieuse. On y retrouve notamment Nell Verlaque en « final girl-like », Patrick Dempsey en shérif (qui ne manquera pas de nous rappeler sa performance dans le troisième Scream), Jalen Thomas Brooks et Milo Manheim en rivaux amoureux, ainsi qu’Addison Rae, Jenna Warren, Gabriel Davenport et Tomaso Sanelli venant compléter le groupe d’amis autour de son héroïne centrale. Par l’équilibre de son récit, signé par Jeff Rendell, Eli Roth signe une réussite étonnante et génialement tordue, porté par la bande-originale de Brandon Roberts, reprenant à sa sauce les clichés du genre pour leur octroyer un cynisme et une énergie toujours plus réjouissante. Le jeu de massacre qui s’ensuit convoque les œuvres de Carpenter, de Craven et des autres maîtres de l’âge d’or du slasher movie, pour laisser l’absurdité de son concept et la violence démesurée de son tueur achever de convaincre son public avide de grand spectacle sanguinolent.

Titre original: THANKSGIVING

Réalisé par: Eli Roth

Casting: Patrick Dempsey, Addison Rae, Milo Manheim …

Genre: Epouvante-Horreur

Sortie le: 29 novembre 2023

Distribué par : Sony Pictures Releasing Films

EXCELLENT

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