Critiques

THE BUCCANEERS (Critique Saison 1) Une peinture romantique agréablement prenante …

SYNOPSIS : Londres, dans les années 1870. Un groupe de jeunes femmes décide de trouver des maris. 

Le succès récent de la Chronique des Bridgerton sur Netflix, prenant un créneau populaire laissé inoccupé pendant des années, aura ravivé l’’amour des foules pour les romances dépoussiérées en faisant briller une palette nouvelle de beaux comédiens en costumes et de jolies comédiennes encorsetées. C’est désormais AppleTV+ qui s’attaque au genre en adaptant la nouvelle inachevée d’Edith Wharton, The Buccaneers, qui avait déjà fait l’objet d’une transposition à l’écran en 1995 avec notamment Carla Gugino au casting. Conçue par la scénariste et actrice Katherine Jakeways, cette nouvelle réinvention des Boucanières replace les clashs sociétaux entre l’Angleterre traditionnelle et l’émergence de la spontanéité américaine, en racontant les histoires de cœur et de famille d’une bande de jeunes femmes dans la fleur de l’âge à la fin du 19e siècle. Chaperonnées par des entremetteuses dans l’objectif de les marier avec des riches héritiers anglais, les américaines Nan et Jinny St. George, Conchita Closson et Lizzy et Mabel Elmsworth enchaînent les soirées mondaines organisées par leurs parents, avant de traverser l’Atlantique lorsque Conchita épouse Lord Richard Marable et qu’elle le suit à Londres. Mal accueillies par la famille Marable à cause de leur spontanéité, leur joie de vivre et leurs rires qui heurtent la bienséance prêchée par les conventions traditionalistes de l’Angleterre, les 5 amies doivent alors jongler avec les responsabilités de leurs noms, le mépris de classe, les secrets de famille, les concessions déchirantes et les mariages qui s’enclenchent à la chaîne…


Pour réinventer les Boucanières dans un nouveau contexte social plus ouvert aux discussions sur l’émancipation féminine, Katherine Jakeways propose de s’affranchir de la contrainte des anachronismes, dégainant une playlist musicale pop moderne, alignant Taylor Swift, Bikini Kill, Maggie Rogers et une flopée d’autres, laissant les voix féminines de notre époque accompagner les péripéties de ces héroïnes. Ainsi, si la précision de la reconstitution historique n’est visiblement pas la priorité, The Buccaneers se la joue roman à l’eau de rose, contant les cavalcades amoureuses, amicales, sociétales et intimistes de ces jeunes américaines qui détonnent dans ces soirées mondaines extrêmement guindées. Nan, Conchita, Jinny, Lizzy et Mabel heurtent les conventions anglaises par leur franc-parler, leurs attitudes encore enfantines, leur joie de vivre et la sincérité de leurs voix. Face à la bourgeoisie anglaise, renfermée sur elle-même qui voit la modernité new-yorkaise comme un sommet de vulgarité, les jeunes femmes se retrouvent sur un terrain narrativement très fertile, les poussant à être les sujets principaux d’une série d’histoires en tout genre, mettant au centre du tableau la place et le devoir des femmes.


Chacune des héroïnes rentre alors dans une des facettes du sujet, permettant au-delà d’étudier les relations qui lient les jeunes femmes entre elles et de soulever des questions d’actualité. The Buccaneers évoque à travers ses protagonistes la masculinité toxique et les agressions, l’homosexualité, le besoin d’émancipation, la recherche de la liberté et du bonheur, et la quête désespérée de l’amour. Mais avant d’être un manuel philosophique, la série de Jakeways est surtout excuse à ressortir du placard les jolis costumes et les robes colorées, pour livrer son lot de déclarations enflammées, de doutes amoureux existentiels, de triangles relationnels, de trahisons familiales et de malheureux héritiers richissimes qui se sentent bien seuls dans leurs immenses châteaux. The Buccaneers ne réinvente pas la recette, et manque probablement d’un souffle certain au milieu de ses montagnes de guimauves, mais flirte délicatement avec le plaisir un brin coupable, dans un jeu du chat et de la souris auquel on se prend volontiers sur la longueur.


Grâce aux présences solaires de ses héroïnes Kristine Frøseth (La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert), Alisha Boe (13 Reasons Why), Aubri Ibrag (Dive Club), Imogen Waterhouse (The Outpost) et Josie Totah (Sauvés par le Gong version 2020), The Buccaneers s’avère être, malgré ses airs formellement un peu datés, une peinture romantique agréablement prenante, pour peu qu’on se laisse aller avec elle à ses aventures sentimentales, à son appétit de dramas et à son point de vue féminin qui ne lésine pas sur son parfum à l’eau de rose et sur son exubérance un peu naïve. Ces nouvelles Boucanières ne changeront certainement pas le monde, mais honnêtement, leur candeur fait du bien malgré tout.

Crédits : AppleTV +

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