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SYNOPSIS : En l’an 2200, Aline Ruby, détective privée obstinée, et Carlos Rivera son partenaire androïde sont embauchés par un riche homme d’affaires afin de capturer sur Terre une célèbre hackeuse. De retour sur Mars, une nouvelle affaire va les conduire à s’aventurer dans les entrailles de Noctis, la capitale martienne, à la recherche de Jun Chow, une étudiante en cybernétique disparue. Noctis est leur ville, une utopie libertarienne rendue possible par les progrès en robotique, emblème d’un futur tourné vers les étoiles. Au fil de leur enquête, ils seront confrontés aux plus sombres secrets de leur cité ; ses institutions corrompues, ses trafics, ses fermes cérébrales, et les magouilles des toutes puissantes corporations. Mais des tueurs cyber augmentés ont eux aussi pris pour cible Jun Chow. Aline et Carlos se lancent dans une course désespérée pour sauver cette jeune femme qui, sans le savoir, détient un secret capable de menacer l’équilibre précaire sur lequel repose leur civilisation.
« On ne faisait pas tellement ce genre de films chez nous (en France). Le film est né de cette frustration, de ce manque y compris en tant que spectateur ». C’est ainsi que Jérémie Périn présente son film Mars Express, qui se dit imbibé de toutes les références passées de voyages dans l’espace. Mais au-delà de ce voyage, et d’un polar sur Mars en mode science-fiction, c’est une approche cyberpunk que nous propose ici le cinéaste. Les premières minutes de Mars Express sont celles d’un doux lyrisme et d’une immédiate assez folle inventivité, qui ne se démentira pas sur les 1H25 de film. La bande son est totalement envoutante et c’est tout l’atmosphère générale de Mars Express qui va s’avérer captivante, hypnotique. On peut se laisser surprendre par cet esprit de création permanent dans de nombreux plans, et ça forcément, on aime. C’est une animation précise, épurée et au coup de crayon délicat, sans épate mais avec un sens du détail particulièrement réaliste qui accroche l’œil avec bonheur.

Mars Express est d’abord un animé SF, mais avec évidemment un message à peine voilé sur le besoin d’altérité dans ce lien entre les robots et les humains, qui donnent finalement l’impression de n’être qu’un prétexte pour une visée en réalité bien plus universelle. Si l’aspiration n’est pas nouvelle dans le cinéma, son déploiement est ici sacrément original et vaut plus que le détour, tant la dystopie et l’utopie de l’univers de Mars Express sont comme une chaude torpeur lancinante et chaleureuse. On est bien quand on est à l’intérieur de Mars Express. Le film vient en contraste de la violence ordinaire de l’homme qui ici a donc dû migrer sur Mars. L’esthétisme poétique du départ de la Terre pour Mars qui sert de générique de début est une vraie petite littérature qui ne manque pas de charme. C’est une évasion colorée profondément réflexive. On ne s’ennuie jamais entre Aline l’humaine, qui se remet à picoler et dont en ellipses on devine les souffrances passées et Carlos l’androïde qui est un robot dit « sauvegardé », ancien humain transformé au lourd passé qu’il a oublié dans sa mutation, et qu’il doit pourtant pleinement assumer. Tous les deux, pleinement complémentaires sont drôlement névrosés avec leurs luttes internes qui viennent convoquer notre singulière empathie.
Quelques morceaux de bravoure qui passent par-là, échange lunaire, ou plutôt martien :
« Je te présente Carlos, c’est lui qui t’a tué la dernière fois ».
« Ah, salut !! « .
Ou encore Carlos l’androïde qui qui nous met au sol avec sa vanne éclatée : « Ça fait 5 ans que je porte le même slip !! «

Dans Mars Express, les humains peuvent être autant déshumanisés qu’un robot peut aussi pleurer… Sortir d’une assignation, d’une prédestination, car ce qui semble finalement primer demeurera toujours l’émotion de la rencontre et de l’altérité. A propos des robots, on entendra « C’était eux ou nous ». Une phrase qui résonne étonnement. Et si Mars Express venait nous dire que c’était eux ET nous… Le casting vocal est également très impressionnant dans cette forme de volupté qui se dégage de l’ensemble de l’œuvre. Léa Drucker, qui selon ses propres termes, s’est lancée dans l’inconnue avec cette animation, est une Aline toute en douceur et détermination, qui nous laisse juste deviner la complexité de son personnage sans jamais en faire trop. Une grande justesse. Daniel Njo Lobé, bien plus rompu à l’exercice de l’incarnation vocale, est ici un « androïde né » dans l’oralité qu’il prête à Carlos. Leur complémentarité fait plaisir à entendre !!

Marie Bouvet donne du relief au personnage de Roberta Williams. Et c’est toujours un vrai plaisir de voir et donc ici d’entendre Sébastien Chassagne dans le rôle de Simon, le flic novice et vaguement amoureux. Il est parfait dans l’humilité et l’hésitation, un registre que l’acteur maîtrise pleinement. Et évidemment la voix de Matthieu Amalric, tout en ambiguïté entre jouisseur et manipulateur, mais comme l’acteur sait tout faire, là aussi, c’est de toute façon une réussite. Au final, Mars Express se manifeste par son caractère envoutant alors que son propos est parfois violent. On se laisse bercer, tant la mise en scène est stylisée et semble se dérouler comme naturellement. Une vraie belle expérience de cinéma avec qui plus est un message classique, mais déplié dans une forte originalité. Son meilleur écrin demeure clairement la salle, pour le graver à tous les coups en vous.

Titre original: MARS EXPRESS
Réalisé par: Jérémie Périn
Casting: Léa Drucker, Mathieu Amalric, Daniel Njo Lobé …
Genre: Animation, Science Fiction, Action
Sortie le: 22 novembre 2023
Distribué par : Gebeka Films
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020









































































































































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