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PAMELA ROSE, LA SÉRIE (Critique) Une mise à jour souvent jouissive …


SYNOPSIS : Pour échapper à une sanction de la commission de discipline du FBI, les agents Richard Bullit et Douglas Riper retournent sur le terrain. Ils doivent arrêter un mystérieux tueur en série qui s’attaque à des youtubeurs stars d’internet. Une enquête d’autant plus compliquée que les deux agents cachent la bavure qu’ils ont commise en provoquant, malgré eux, la mort accidentelle de leur premier suspect. Ce qui ne manque pas d’éveiller les soupçons de Jessica Carson, leur jeune rivale au FBI…

La saga Pamela Rose, créée par Kad Merad et Olivier Baroux, purs produits de l’humour potache à l’époque où Canal+ se permettait tout, est originellement une série de sketchs diffusée sur Comédie à la fin des années 1990. Le ressort comique est évidemment le sens du burlesque et de l’absurde qui demeure la marque de fabrique du duo. Un art qu’ils maîtrisent tellement mieux que Jean-Michel à peu près !! C’est en 2003, qu’avec Eric Lartigau, ils vont réaliser le premier opus Mais qui a tué Pamela Rose ? S’inspirant juste pour le titre, de la légendaire série Twin Peaks (1991 puis 2017). Il s’agissait de savoir qui avait tué Laura Palmer. Avec Pamela Rose, c’est un vague anagramme… L’univers décalé de ces enquêteurs en carton suscitant l’adhésion de nombreux aficionados du permanent décalage, c’est en 2012, que se tournera la suite, Mais qui a re-tué Pamela Rose ? suivie elle-même d’un film audio en 2020, Bullit & Riper.

« Washington, capitale du monde libre… et des Nuggets « . Bullit, qui débarque en Renault Fuego en assénant ses inoubliables « Quewaaaaaa ? « . Aucune confusion possible, l’univers Pamela Rose est de retour !! D’autant que les vannes s’enchaînent dans un rythme métronomique, à grand renfort d’absurdies ou de volontaires beauferies. Alors, fatalement, certaines d’entre elles sont un peu prévisibles, d’autres d’une lourdeur abyssale, mais la plupart tellement hilarantes dans leurs décalages constants, qu’il faudrait être profondément dépressif pour ne pas, ne serait-ce qu’esquisser un sourire, voir de se fendre ouvertement et grassement la poire !! C’est de toute façon le risque évident d’une telle entreprise, ne pas nous faire marrer, tant on connaît déjà les ressorts comiques qui ont contribué au légitime succès de Kad et Olivier. On pensera immanquablement dans ce registre au manque de renouvellement dans l’originalité dont a abusé Florence Foresti dans sa série Désordres (2022). Ici, pas de ratage, juste de l’inégalité dans ce foisonnement permanent de délires au moins toutes les 30 secondes sur un format de 9 épisodes de 30 minutes chacun.

Demeurent des répliques qui pourraient devenir culte. Dialogue lunaire sans mauvais jeu de mots entre Bullit et une ex qui ne l’a jamais oublié :
 » Je ne sais pas si tu te souviens, la dernière fois tu m’avais posé un lapin. J’étais si triste… Alors si tu m’avais annulée ce soir, j’aurais été… double péné !!! « 
Avec Bullit (Kad), qui en face ne capte clairement pas le « double sens » de l’allusion, pour achever notre rire même pas coupable mais bêtement assumé !! L’ensemble de la scène n’est pas aussi iconique que le whisky avant le doigt de La Cité de la peur (1994), mais quand même on se marre devant cette grosse régalade. Hormis ces quelques moments de bravoure, ce qui finalement fonctionne le mieux, c’est toujours le non verbal, les mines décontenancées, excessivement sceptiques et consternées de celles et ceux qui font face à Bullit et Riper à l’écoute de leur constante ringardise. Les réactions à l’humour pas drôle ne sont pas une technique nouvelle, mais à l’écran comme dans la vie de tous les jours, ce sont des moments toujours assez jubilatoires. Pour venir jouer avec Bullit et Riper, un casting évidemment dense avec lequel on a parfois l’impression que ce sont les petits nouveaux qui sont le plus engagés et tirent ainsi le mieux leur épingle du jeu. On a en effet par moment l’étonnante impression d’un Kad Merad sur courant alternatif. Il s’appuie sur ses fondamentaux qui sont de toute façon tellement puissants. A l’image du rythme de la série et de la désespérance qu’induit son personnage, il oscille entre des moments d’enthousiasme tellement réjouissants et fulgurants et presque une lassitude dont on ne sait plus si elle appartient à l’acteur ou à son personnage. Il ne peut pas être en permanence le génie Philippe Rickwaert !! Olivier Baroux est un peu dans la même tonalité, avec tout de même de la profondeur en plus qui nous fait adhérer encore plus aux outrances de Riper.

Dans le rôle de l’emblématique Lieutenant Donuts, Lionel Abelanski, qui n’a jamais besoin de forcer son talent pour qu’on l’adore !! Mélanie Doutey qui joue Rita, la (peut-être !!) future épouse de Bullit, tient son rang sans fioritures. C’est en effet beaucoup Ophélia Kolb, qui entre charme et désopilance, Stephan Wojtowicz dans ses menaces flippantes et tordantes qui nous font franchement marrer !! Avec une mention spéciale pour Shirine Boutella dans le rôle de Jessica Carson, déjà récemment bien remarquée dans Lupin (2023), qui à chaque apparition déplie une partition très plaisante entre la constance de son désappointement et les légères névroses d’un personnage qu’elle exacerbe avec talent en parfaites dingueries. Au final, Pamela Rose, la série fonctionne plutôt pas mal, trouvant le bon rythme et la dose d’énergie nécessaire, sans évidemment réinventer l’originalité de l’entreprise initiale, mais en surfant habilement sur une mise à jour souvent jouissive de l’état d’esprit qui a rendu les filmes initiaux iconiques pour toute une génération. En gros, sans prétention supplémentaire, on se marre et c’est déjà beaucoup !!

Crédits : Canal Plus

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