Critiques Cinéma

L’EXORCISTE (Critique)

SYNOPSIS : L’actrice Chris McNeil est inquiète au sujet de sa fillette Regan : après que l’on ait entendu des bruits curieux venant de sa chambre, la petite a changé, proférant de constantes insanités. Une force paranormale l’habite, qui coûte la vie au metteur en scène de Chris. Désespérée, cette dernière fait appel à deux exorcistes.

« Ta mère suce des bites en enfer  » !!! Violence tragicomique d’une phrase culte d’un film dantesque qui a révolutionné son époque. Le livre éponyme dont il est extrait de William Peter Blatty se sera vendu rien qu’à 13 millions d’exemplaires. Blatty qui en sera le scénariste a proposé Friedkin à la réalisation là où notamment Stanley Kubrick aura par exemple refusé. Friedkin avait en quelque sorte créée le polar urbain en sortant de French Connection (1972) et ses 5 oscars. Avec plus de 110 millions d’entrées dans le monde, là aussi il va réinventer le genre horreur. L’Exorciste va s’imposer comme une véritable révolution. Un film sulfureux qui a 50 ans en 2023 et sorti un 24 décembre !! On peut mettre en doute son appartenance à l’esprit de Noël qui prévaut lors des sorties en salle à cette période… Il existe également toute une mythologie autour du tournage du film. Rien moins que neuf personnes vont décéder, directement ou pas, sur ce tournage qui aura duré un an. Un film maudit, ce qui ne surprend pas Friedkin qui trouvera tout ça même assez logique vu de quoi son film traite… Lui-même nous a tout récemment quitté.

Le combat est homérique, à l’image de cette inoubliable et glaçante lutte finale. Une baston théologique, physique, psychologique, LA baston ultime du bien contre le mal. L’amour de Dieu et des autres contre le malin qui hurle des modèles du genre : « Sale fils de pute, prends-moi « . Tous nos mécanismes de défense sont alors en éveil : On a peur beaucoup, on se marre un peu, on est scotchés tout le temps, c’est une immense scène de cinéma. Ici la religion est la solution. Paradoxe des temps. Tout n’est que question de ce que l’homme fait de la matière, et pas de la matière elle-même. Pour déployer cette universalité dans cette guerre, le matériel filmique sera autant millimétré qu’à l’épure. On flirte parfois avec le documentaire notamment dans le grain de l’image qui nous donne ce vertigineux horrifique sentiment d’authenticité qui justement nous fera frissonner de la tête au pied. Peu de sang, un peu de vomi bien verdâtre fluo par contre, et quasi pas de recours au « jump scare » toujours un peu trop facile. A l’inverse, c’est même quelques petites longueurs superflues entre les scènes de possession qui vont parfois faire un peu trop retomber le rythme.

Ce qui va nous faire réagir corporellement se joue dans la violence de scènes qui vont devenir cultes dans le panthéon de l’anthologie du septième art avec entre autres la vue de Regan, sa tête qui tourne à 180 degrés, ses propos orduriers et sexualisés et ses lévitations avec ou sans son lit. Une mise en scène léchée mais minimaliste qui va révolutionner le genre. C’est aussi le son dans son intensité, son inventivité et ses effets prenants qui jouent malicieusement sur notre psyché. Rien d’étonnant alors que L’Exorciste emporte la statuette du meilleur son aux oscars de 1974. Et puis c’est évidemment cette musique de Mike Oldfield, tiré de son album Tubullar Bells, qui va s’ancrer sur un mode terrifiant dans nos esprits mélomanes et cinéphiles. Tout sera envisagé pour tenter de sauver la pureté de l’innocence ici incarnée par Regan face au démon qui s’est emparé de l’enveloppe de la petite fille. Damian Karras, homme d’église devenu psychiatre et non l’inverse, semble doublement armé pour la libérer du mal en pratiquant sur elle un exorcisme, dont rien que l’évocation attise les fantasmes les plus insensés. Il existe parfois comme une gêne morale dans L’Exorciste, savamment entretenue par son réalisateur qui joue sur les contrastes clair/obscur aussi bien dans l’image que la narration, avec les insanités que déploient sans filtre la petite Regan.

Au registre du casting, évidemment Linda Blair, choisie parmi 600 autres camarades pour incarner Regan. Au-delà du film qui évidemment va lancer sa carrière, elle demeurera pour l’éternité cette petite fille possédée, qui est rentrée pour toujours dans nos têtes. Les exorciseurs Max Von Sydow dans le rôle du père Merrin et Jason Miller dans celui du père Karras seront eux aussi impossibles à évacuer de nos esprits dans l’expression de leurs spiritualités pour chasser le malin. Leurs incarnations respectives contribuent à l’angoissant sentiment de véracité qui émerge de l’œuvre. L’Exorciste, c’est à la fois une leçon d’horreur et de cinéma comme le qualifieront beaucoup de critiques à l’époque. C’est en tout cas la promesse toujours garantie et renouvelée d’un frisson éternel, car le malin, les démons qui s’insèrent en nous, Pazuzu et ses potes ne sont jamais très loin, dans l’air, le vent, et toujours un peu en nous même !!!


Titre original: THE EXORCIST

Réalisé par:  William Friedkin

Casting: Linda Blair, Ellen Burstyn, Max von Sydow …

Genre: Epouvante-horreur

Sortie le: 11 septembre 1974

Distribué par : Warner Bros. France

EXCELLENT

 

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