LE CHÂTEAU DANS LE CIEL (Critique)

Par Pierre Chamb le octobre 31, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Qui est vraiment Sheeta, la petite fille porteuse d’une pierre en pendentif aux pouvoirs magiques qui suscite bien des convoitises ? Retenue prisonnière à bord d’un dirigeable, l’enfant affronte une bande de pirates de l’air menée par la très pittoresque Dora, puis une armée de militaires à la solde de Muska, un gentleman machiavélique trop poli pour être honnête. Sauvée par le jeune Pazu, Sheeta se réfugie dans un village de mineurs. Là, elle tentera avec le garçon de percer le secret de ses origines pour prouver que l’histoire de Laputa, l’île merveilleuse flottant dans les airs, n’est pas une légende…

Le studio d’animation japonais Ghibli a été fondé en 1985 par les réalisateurs Isao Takahata et Hayao Miyazaki et c’est ce dernier qui a l’honneur de sortir en 1986 le premier film officiel du studio : Le château dans le ciel. Celui-ci est basé sur une œuvre fictive imaginée par Miyazaki lorsqu’il était encore à l’école primaire, il s’agit par ailleurs de la première œuvre originale du réalisateur, Nausicaä de la Vallée du Vent étant adapté de la première partie du manga éponyme. Le Château dans le ciel possède une intrigue beaucoup moins dense que Nausicaä et fait également partie des films les plus ’’simples’’ de son réalisateur, mais cela n’enlève rien à son caractère passionnant. Le film s’ouvre dans le ciel avec Sheeta, une mystérieuse jeune fille enlevée par des agents du gouvernement et attaquée par des pirates à bord d’un dirigeable. Essayant de leur échapper elle finit par tomber et sera ralentie par son pendentif magique. On découvre alors un plan réalisé avec brio nous montrant sa chute au travers des nuages dans le ciel. Elle atterrit dans une ville minière où elle est récupérée par Pazu un jeune garçon de son âge qui travaille comme apprenti machiniste. Peu de temps après son réveil, Pazu et Sheeta découvrent que les pirates de l’air l’ont suivie afin de s’emparer de son collier. Ils vont alors se lancer dans une aventure à la recherche de Laputa une île flottante légendaire dans le ciel. Le nom de cette île fait référence au royaume de Laputa, situé sur une île volante qui apparaît dans Les Voyages de Gulliver (Jonathan Swift en 1726), malgré cela le film reste une œuvre originale et n’emprunte que le concept de l’île volante stationnaire.

Ce monde volant représente l’utopie parfaite pour Miyazaki, c’est un portrait déformé de la révolution industrielle, une véritable source de pouvoir et de richesse permettant de livrer un conte d’aventure classique (le bon contre le mauvais). Cela permet de reprendre des thèmes chers au studio et nous offre un film très émouvant qui reflète l’image parfaite du désir d’aventure de l’enfant, mais aussi la manière dont la technologie peut coexister avec la nature. Le film possède une animation incroyablement belle, sa construction du monde est merveilleusement bien effectuée, ajoutant encore plus d’émerveillement dans les moindres détails, cela permet à l’imagination de Miyazaki de briller en profondeur et d’offrir une expérience des plus immersives.

Comme tout au long de sa carrière le réalisateur décrit un archétype de personnage possédant de fortes personnalités, c’est le cas de Sheeta, une jeune fille volontaire et Pazu un garçon intrépide qui n’a pas peur de partir à l’aventure. On regrette tout de même que les personnages manquent de développement, car mis à part Pazu et un petit peu Sheeta, nous ne savons rien de leur passé, quels évènements les ont poussés à être là, ce qui est encore plus flagrant avec les personnages secondaires. Il manque une véritable histoire de fond, mais malgré cela les personnages sont attachants, même Dola, la pirate de l’espace qui ressemble à la méchante sorcière et dirige une bande de fils pas très intelligents mais avec un grand cœur. C’est au final une mère complice et attentionnée.

Il faut souligner la perfection de la construction qui nous émerveille par ses prouesses techniques, comme lorsque que l’on découvre Laputa, un endroit désert mais magnifique, avec des robots métalliques géants, des jardins intérieurs luxuriants et un labyrinthe souterrain construit avec de mystérieux cubes noirs. Outre l’ile on découvre un monde fantastique avec une ville minière sombre du début du siècle et des vélos spatiaux futuristes, le tout dessiné dans une gamme éblouissante de couleurs précieuses et subtiles. Malgré une histoire d’aventure et d’amitié assez simpliste mais véritablement agréable, Miyazaki arrive à rendre le tout incroyablement stimulant et profond. Il signe ici une aventure enchanteresse qui fut un véritable tremplin pour le Studio Ghibli.