NAUSICAÄ DE LA VALLÉE DU VENT (Critique)

Par Pierre Chamb le octobre 30, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les « sept jours de feu », une poignée d’humains a réussi à survivre dans une vallée protégée par le vent. Ce peuple agricole est pourtant menacé par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l’ampleur, forêt où seuls survivent des insectes géants et mutants. Ces quelques survivants voient un jour leur roi bien-aimé assassiné et leur princesse Nausicaä faite prisonnière. Or cette dernière, sensible à la nature et à l’écosystème, est seule capable de communiquer avec les mutants…

Nausicaä de la Vallée du Vent est considéré par beaucoup comme le premier film d’Hayao Miyazaki réalisé avant la création du studio Ghibli, mais il s’agit en réalité de son deuxième, le premier étant Le Château de Cagliostro, réalisé en 1979 et basé sur la série manga Lupin III (Monkey Punch). Pour son deuxième film le réalisateur japonais décide d’adapter son manga éponyme, ce qui le placera dans une situation inconfortable puisqu’à cette époque il n’avait achevé que 16 des 59 chapitres et à la sortie du film au Japon en 1984, seulement deux des sept tomes du manga étaient achevés. Pour rester en cohérence avec la durée du film, Miyazaki n’a pu adapter qu’une infime partie de l’histoire, le tout en prenant soin de ne pas interférer avec l’œuvre originale mais en y restant le plus fidèle possible. C’est donc en revisitant l’histoire existante que le film nous conte le récit de la Terre mille ans dans le futur dans un climat post-apocalypse. La terre est polluée au-delà de sa capacité à guérir de manière naturelle, ce qui a donné naissance à une jungle toxique envahie par des plantes vénéneuses, habitée par des insectes géants dominant la terre et menaçant la survie de l’humanité. Alors que les terres deviennent de plus en plus rares, les communautés humaines restantes sont soit en train de mourir, soit en guerre les unes contre les autres et l’avenir de l’humanité est menacé. Au milieu de tout cela, Nausicaä, princesse mystérieuse d’une petite tribu isolée navigue sur son propre chemin, elle veut percer les mystères cette nature sauvage tout en cherchant un moyen de permettre aux insectes et aux humains de coexister.

De tous les films de Miyazaki, Nausicaä est (avec Princesse Mononoké) le film qui possède les décors les plus sombres et surtout la violence la plus affirmée. Malgré un climat dangereux et austère, Miyazaki arrive à nous offrir quelque chose de fascinant et beau, l’histoire est traversée de rayons de lumière comme les véritables prouesses techniques et visuelles apparaissent avec la découverte de la jungle exotique qui nous offrent un monde de flore et de faune, regorgeant de magnifique couleurs. Les créatures du film sont définies comme ’’reflétant la colère de la terre’’, apportant une réponse pleine de brutalité et de violence pour faire face aux quelques humains téméraires qui leur veulent du mal. Le réalisateur n’oublie pas les enjeux politiques autour des grandes nations de la Vallée, obnubilés par leurs convictions et leurs haines mutuelles, ils menacent de détruire la petite patrie de Nausicaä.

Et c’est notamment au travers de cela que Nausicaä devient véritablement le film par excellence pour Hayao Miyazaki, pas forcément son meilleur mais le plus complet d’un point de vue des caractéristiques qui son chères à son cœur. Le personnage de Nausicaä incarne également son idéal pacifiste, possédant une grande bravoure et de la compassion, elle qui nous montre son aversion catégorique à l’idée de tuer ou de blesser qui que ce soit. Sa force réside dans sa volonté de risquer sa vie pour sauver les habitants et même les insectes, avec lesquels elle entretient un lien mystérieux. Elle laisse derrière elle l’idée selon laquelle le monde peut vivre sans nous, alors que nous avons besoin de ce monde pour survivre. Elle est tout l’opposé de la princesse de Tolmekia, un personnage égocentrique qui aggrave la dévastation et veut causer davantage de destruction, le tout en prônant un discours pour garantir la liberté de tous.

Comme souvent au travers des thèmes comprenant l’environnement et le pacifisme, Miyazaki insiste sur le fait qu’une lueur d’espoir peut toujours être trouvée. La brillante partition musicale de Joe Hisaishi vient s’ajouter à cet espoir et s’inscrit parfaitement dans les tons naturels de la Vallée du Vent. Nausicaä de la Vallée du Vent a jeté les bases de ce qui fera la force et la longévité des carrières de Miyazaki et d’Isao Takahata, c’est d’ailleurs le succès de ce film qui permettra la création du studio Ghibli.