![]()

SYNOPSIS : Nemo, cambrioleur chevronné, se retrouve piégé dans un luxueux appartement new-yorkais. Essentiellement décoré d’œuvres d’art, il va devoir faire preuve de créativité et de ténacité pour survivre et tenter de s’échapper…
Il a suffi d’une affiche et d’un pitch pour que Inside se retrouve parmi les projets les plus intrigants de l’année. Premier long-métrage du réalisateur grec Vasilis Katsoupis, mené de A à Z par un Willem Dafoe à la merci d’un huis clos de luxe, A l’Intérieur saisit son curieux high concept pour embarquer son spectateur dans une aventure sans destination particulièrement étrange. Le film raconte le récit d’un cambrioleur expérimenté dans le vol d’œuvres d’art, reclus dans le penthouse d’un collectionneur après que les systèmes de sécurité du lieu ne l’aient enfermé dans l’appartement. Les problématiques se succèdent, alors que ce « héros » cherche inlassablement une porte de sortie… Aux vues du titre original du projet et de la direction de son pitch, on serait tenté de faire un parallèle avec le dernier Special de Bo Burnham pour Netflix, lequel avait signé en 2021 son propre Inside en plein confinement pour pallier à l’enfermement, la solitude et toute une ribambelle de remises en question sociétales, artistiques et psychologiques. Dans l’idée, A l’Intérieur tend à explorer en circuit fermé les mêmes idées, mais la différence entre les deux projets se tient probablement entre les mains de Willem Dafoe. Il est le corps, le cerveau, les bras et le guide du film de Katsoupis, un wannabe-survival hors des clous et un brin allumé, au rythme désarticulé et hautement lancinant, habitant un huis clos cruellement froid, épuré à l’extrême par une décoration minimaliste grisonnante et un assemblage de gadgets high techs qui donnent au protagoniste à la fois du fil à retordre et un soutien essentiel.

Au cours de son incarcération luxueuse, il est contraint aux changements brutaux de température à cause de l’automatisation de son thermostat, occasionnant une bataille contre les éléments à l’intérieur même d’un immeuble new-yorkais. C’est dans ces idées de mise en scène que Katsoupis parvient à capter l’attention, en renvoyant son cambrioleur à l’état sauvage dans un décor qui n’évoque absolument pas l’aspect primitif renvoyé par les obligations de son protagoniste. Enfermé dans un amas de technologies en tout genre, de frigo musical et de portes dérobées, Willem Dafoe se fait Bear Grylls improvisé, redoublant d’ingéniosité pour subvenir à ses besoins, limiter ses inconforts, et survivre tout simplement. Ces idées scéniques, construisant progressivement une échappatoire par le chaos d’une colonne de meubles anarchique, permettent au film de réfléchir sur la place de l’art dans ce désordre. Son protagoniste, poète à ses heures perdues, trace par son passage dans cet appartement luxueux une intense remise en perspective des notions créatives en temps de crise, lorsque l’Homme est ramené à ses essentiels. Ces brefs encarts de poésie découpent les contre-rythmes du récit, et servent alors à raccrocher ce qui reste de notre héros à l’humanité, à l’éloigner de la folie, à le sortir de sa routine survivaliste.

Cette exploration le guide ponctuellement vers deux figures abstraites, très proches mais pourtant si lointaines, à savoir le propriétaire du penthouse (interprété par Gene Bervoets) et la jeune agente d’entretien de l’immeuble qu’il aperçoit par les caméras de surveillance (Eliza Stuyck).

Mis en boîte par Steve Annis, sur un scénario signé Ben Hopkins, A l’Intérieur garde derrière ses airs rebutants qui empile les idées étranges et les ruptures de rythme une réflexion étrangement intrigante et un degré introspectif singulier, où Vasilis Katsoupis s’aventure hors des clous en s’enfermant à l’épure pour un tour d’horizon simpliste, poétique et éprouvant. Bref, une exposition éphémère, à la fois stimulante et dérangeante, qui offre un plaisir étrangement artistique, sa principale œuvre d’art prenant la forme d’un geste désespéré et chaotique vers la sortie.

Titre Original: INSIDE
Réalisé par: Vasilis Katsoupis
Casting: Willem Dafoe, Gene Bervoets, Eliza Stuyck …
Genre: Drame, Thriller
Sortie le: 1er novembre 2023
Distribué par: L’Atelier Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































