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SYNOPSIS : John Kramer, le tueur au puzzle, est de retour dans le volet le plus perturbant de la franchise SAW. Les événements se situent entre SAW I et II, on y retrouve un John, malade et désespéré, qui se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d’un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres.
Au rayon des bad guys de films d’horreur, John « Jigsaw » Kramer est peut-être l’un des plus increvables de la liste, à en faire presque pâlir le masque de Michael Myers. Car si le tueur en série psychopathe (aka le coach en développement personnel le plus sadique du cinéma US) est décédé depuis la fin de son troisième volet sorti en 2006, le visage et la voix en acier trempé de Tobin Bell sont toujours et immanquablement au centre de la saga, si bien que lorsque Chris Rock décida de s’en éloigner pour signer son héritage Spirale en 2021, le mécanisme n’a pas su tenir le choc, tournant à vide dans un volet particulièrement pauvre en substance. Retour aux essentiels pour ce Saw chapitre 10, signant à nouveau Kevin Greutert à la mise en scène (réalisateur des épisodes 6 et 7, assurément pas les meilleurs mais passons), et mettant en vedette son tueur en série phare pour raconter l’histoire de Kramer entre le premier et le deuxième volet. Saw X retrouve John, alors qu’il subit les coups de sa tumeur au cerveau. Arpentant les couloirs des hôpitaux à la recherche d’une porte de sortie, il prend connaissance d’une intervention miracle, opération illégale mais prodigieusement efficace, montée par la Docteur Cecilia Pederson. Se dirigeant au Mexique dans un ultime espoir d’échapper à la mort, Kramer se rend finalement compte qu’il est tombé dans une escroquerie qui le laissera en désir de vengeance…

Car ce nouvel épisode, revenant aux bases de la saga qui retrouve au passage la flamboyance de son gore capillotracté et de ses pièges monstrueusement sanguinolents, se pose comme un nouveau départ à la franchise, repositionnant son Jigsaw en protagoniste absolu par une narration très maligne qui joue à rentrer dans sa tête. En humanisant son tueur en série pour en faire la victime puis le héros d’un revenge movie bien articulé, la saga Saw vient chercher à renouveler l’approche de son concept, remettant en contexte à la fois la nature tortueuse des pièges de John Kramer et le positionnement de ses personnages. Car ce 10ème épisode est aussi l’occasion de retrouver Shawnee Smith en Amanda, l’assistante allumée de Jigsaw, sorte de figure protectrice et successeur à la Harley Quinn, qui fournit en soutien à un Tobin Bell toujours aussi charismatique un duo habile et particulièrement fonctionnel dans le déroulement de cet opus.

Saw X se démarque alors par son démarrage, le scénariste Josh Stolberg préférant – à l’exception de la scène de « l’aspirateur oculaire » qui ouvre quasiment le film et qui lui donne également son affiche – poser ses personnages et son atmosphère sans précipiter la violence. Grâce à une narration plutôt maligne qui prend le temps d’introduire son désir de vengeance plutôt que de s’adonner à du torture porn bas de gamme et peu réfléchi, ce volet propose à la saga de se glisser dans le point de vue de John Kramer, idée inédite dans la franchise, pour mieux dégainer ses décors poisseux, ses scies en tout genre et ses dilemmes moraux dans sa seconde moitié. Les amateurs de la saga trouveront leur compte dans les idées diaboliques des pièges de cet opus, qui renoue avec le sadisme absolu et le body horror sans limite de ses précédents épisodes, là où les deux derniers en date (Jigsaw et Spirale) avaient décidé de mettre le pied sur la pédale de frein. Ici, aucune partie du corps n’est épargnée, servant la vengeance de John Kramer sur tous les membres de cette fausse organisation qui profite des âmes en détresse pour leur soutirer de l’argent contre un espoir fabriqué de toute pièce. Les actions de John Kramer – même si évidemment plus que moralement discutables – sont alors directement justifiées dans la narration du personnage par l’aspect personnel du conflit, là où les précédents volets avaient parfois tendance à montrer Jigsaw s’en prendre à des gens qui, sincèrement, ne méritaient pas de se faire remonter les bretelles (ou sectionner les membres).

Fort d’une série d’idées narratives plutôt intéressantes qui redonnent un coup de boost à la saga (on pense notamment à ce piège final, celui de la balance, qui retourne les camps en brisant au passage un interdit de film d’horreur que Saw n’avait jamais osé aborder), ce nouvel opus de Saw tisse une nouvelle page de sa franchise en la raccrochant à ses ambitions mythologiques mesurées. John Kramer, ici humanisé au maximum dans ses conflits internes même si toujours aussi sadique, sert les fondations d’une exploration horriblement graphique mais intelligemment tournée autour de son concept de base et de son « anti-héros » psychopathe et sa mission messianique auto-confiée visant à faire sortir ses victimes avec une leçon de vie essentielle. Greutert signe ici le meilleur film de la saga depuis sa trilogie originale, toujours aussi machiavélique dans la bouillie corporelle qu’il sert sans retenue aux estomacs bien accrochés, servant une renaissance à Jigsaw, qui semble bien être de retour pour venir rejouer de mauvais tours à l’avenir – c’est en tout cas ce que laisse penser la petite scène post-générique, prévisible pour les fans de la saga mais s’avançant à nouveau vers le futur d’une franchise bien décidée à ne jamais faire mourir son immortel John Kramer.

Titre Original: SAW X
Réalisé par: Kevin Greutert
Casting: Tobin Bell, Joshua Okamoto, Michael Beach …
Genre: Epouvante-horreur
Sortie le: 25 octobre 2023
Distribué par: Metropolitan FilmExport
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































